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Trois hommes, une femme : Kahnnak, Maria Llurbai, Albert Mulder et Vassliss Rânia. Quatre âmes en perdition - l'assassin, la femme adultère, le voyeur, le viandard - que nous rencontrons ici à un moment clé de leur existence : lorsque la violence prend le pas sur la raison, lorsque les pulsions l'emportent sur la morale. Leurs trajectoires semblent scellées par la peur, la solitude, la primauté de la force, les obsessions mortifères. Dans cette cité désolée qui n'aura pas tenu ses promesses, le corps est avant tout un instrument, un matériau dont il faut faire bon usage pour assurer sa survie. Et le désir, assouvi dans tout son déchaînement, pourra lui aussi provoquer le pire. Dès lors, que reste-t-il de la beauté, de l'humanité ? Avec son style coupant comme un tranchoir, son ironie noire, son anti-lyrisme sec et sa philosophie brutale, Gonçalo M. Tavares poursuit l'exploration des contrées sombres de son Royaume et enfonce le clou : qu'on soit proie ou prédateur, «être vivant, c'est ne pas connaître la solution».
Livre de la rentrée 2024 qui surprend d’emblée par une narration tout à fait singulière dans ce récit intemporel évoluant sur une ligne de crête entre ironie, pensée surréaliste et flash d’idées percutantes. Découverte d’un grand nom de la littérature, cela saute aux yeux dès le premier livre lu !
Quatre personnages apparaissent, aux noms ne les attachant à aucun pays, appartenant au monde entier. Le premier est Kahnnak. On entre directement dans le vécu d’un assassin, comme une thérapie pour tenter de comprendre ce qui échappe. Écriture à l’os, pour reprendre le titre accrocheur. D’emblée l’écrivain dit la solitude, la propension au mal par désir de tout posséder.
Trois hommes, une femme : Kahnnak, Maria Llurbai, Albert Mulder et Vassiliss Rânia. Quatre âmes en perdition – l’assassin, la femme adultère, le voyeur, le viandard – quand la violence prend le pas sur la raison, quand les lois de la cité n’ont pas tenu leurs promesses… Quand, au final, les hommes baissent les yeux devant le chant consolateur et devant la femme n’ayant nulle part où aller...
On picore des fulgurances, tout peut être dit de cette façon, puisqu’on est dans la dissection des actes, entre confusion de pensée des personnages et étude précise des faits. Des formules fortes, définitives, alors qu’un chapitre commence par « Il n’y a pas de formule... », un autre par « Observons... » comme le ferait un scientifique étudiant le corps humain (ou un psychanalyste), ce qu’entreprend Gonçalo M. Tavares, mais bien au-delà des muscles et des os… Le style est celui de l’observation avec citation des paroles des personnages. L’observateur n’est pas un juge omniscient, il mentionne régulièrement la fragilité de l’édifice qu’il construit à travers ses observations : corps stupide, vent stupide, rire incontrôlable, connaissances en zigzag, raisonnement faible, conclusion quelconque, conclusion stupide...
Est-il pessimiste celui qui tente de se plonger dans l’âme grise de ceux qui sont dénués d’empathie au monde ? Peut-être pas totalement car les lois de la cité n’ont pas toutes cédé, et si l’accumulation positive n’est pas la règle, l’auteur mentionne qu’elle survient parfois, se transmettant au siècle suivant.
Chamboule tout des mots, des salves d’images et d’aphorismes donnent de nouvelles possibilités de compréhension… La citation d’Elias Canetti révèle le modèle d’écriture de l’auteur : « Un orage qui dure une semaine entière. L’obscurité partout. Ne lire qu’à la lueur des éclairs. Se souvenir des choses lues pendant les éclairs et les réunir. » Et de fait ce récit est comme une apparition lumineuse dans la nuit, de mots jamais réunis auparavant !
Remarquons une certaine parenté d’écriture avec Pascal Quignard qui a écrit une série singulière de 12 tomes nommée Dernier royaume. Gonçalo M. Tavares a entrepris depuis de longues années un cycle nommé... Royaume, dont L’os du milieu fait partie. Même volonté de plonger dans les profondeurs de l’âme humaine, même singularité. L’auteur portugais reste malgré tout plus accessible, avec un style combinant le roman, la poésie, le théâtre. Et une question ? Comment peut-on écrire si bien ? La traduction ne semblant pas perdre une miette du texte original...
Ce livre est à mettre dans ma boîte à outils pour le diagnostic et réparation si possible, plus sûrement d’atténuation, des « pannes de l’âme ». Outil robuste qui peut servir de multiples fois, textes courts mais tellement denses, proche du poème en prose ou du chant antique, recueil de quatre nouvelles avec des personnages jouant un rôle transversal dans chacune d’entre elles, ce que j’aime beaucoup. Il va trouver sa place dans les étagères consacrées à un thème qui m’obsède, la violence trop liée à l’homme. Et vous, avez-vous des titres intéressants consacrés à ce sujet ?
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Dernière réaction par Jean-Thomas ARA il y a 9 heures
Dernière réaction par Yannis Fardeau il y a 3 jours
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