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Si l'Internationale situationniste a pu dire, un peu présomptueusement, qu'elle était « la théorie de son temps », en résonance avec le Mai-68 en France, l'opéraïsme comme théorie de l'autonomie ouvrière s'est révélé être la théorie de son temps en Italie. À travers le mai rampant, il a imprégné de larges secteurs de la jeunesse étudiante et ouvrière et parmi cette dernière, tout particulièrement celle de l'immigration interne en provenance du Mezzogiorno. En cela, il a constitué le dernier maillon théorique de la chaîne historique des luttes de classes. Il a maintenu le lien, non sans contradiction, entre d'une part, l'affirmation d'un pouvoir ouvrier pendant l'automne chaud de 1969, et d'autre part son possible dépassement vers une révolution à titre humain avec le vaste mouvement de refus du travail des années 1970 (absentéisme, sabotage, grèves antihiérarchiques pour un salaire indépendant de la productivité) qui culminera dans le mouvement de 1977 et sa rupture définitive avec les syndicats et le PCI. C'est cette démarche théorique et ses pratiques que nous appréhendons ici à partir de notre propre saisie transalpine.
Pour sa part, Oreste Scalzone, alors directeur du journal homonyme du groupe Potere operaio, intervient dans des « Notes en marge », non pour faire revivre un opéraïsme fantasmé ou au contraire englobé dans l'album de famille d'un mouvement communiste en général, mais pour mettre en avant, par-delà ses éléments de continuité et de discontinuité, en quoi il s'est avéré être un mouvement hérétique.
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