"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Au XXVe siècle, l'humanité s'éteint doucement, abreuvée de tranquilisants prescrits en masse par les robots qu'elle a elle-même programmés à cette fin. Le monde repose désormais sur les épaules de Robert Spofforth, l'androïde le plus perfectionné jamais conçu, qui possède des facultés inouïes... sauf, à son grand regret, celle de se suicider. Mais l'humanité moribonde se fend d'un dernier sursaut. Paul Bentley, petit fonctionnaire sans importance, découvre dans les vestiges d'une bibliothèque l'émerveillement de la lecture, depuis longtemps bannie, dont il partagera les joies avec Mary Lou, la jolie rebelle qui refuse ce monde mécanisé.
Un robot capable de souffrir, un couple qui redécouvre l'amour à travers les mots, est-ce là que réside l'ultime espoir de l'homme ?
Paru en 1980, « L’oiseau d’Amérique », avec pour titre original « L’oiseau moqueur », est un roman d’anticipation dystopique, d’une vision pour le moins sombre sur notre avenir, tel que d’autres titres comme notamment : 1984, Le meilleur des mondes, Nous autres...
Et comme pour tous ces romans, une mainmise d’un État unique qui exerce un contrôle absolu sur toutes les activités humaines, avec comme leitmotiv commun, le bonheur de la société par l’annihilation de l’individu en tant que tel, au profit d’un collectif sociétal. Bref, comme tout état totalitaire, et le biais d’un ukase, s’octroie le droit de sacrifier les libertés individuelles pour autoriser – soi-disant – l’accès au bonheur collectif.
XXVe siècle, l’humanité ne réalise plus rien, car les robots remplacent les humains dans tous les compartiments de la vie : en matière de gouvernement, d’éducation, de médecine, de législation, de fabrication, etc... Livré à la solitude, sans activité spécifique, ne reste donc que l’oisiveté. Avec l’aide de pilules, destiné à endormir les cerveaux et à endiguer les naissances ; avec pour conséquence d’en faire des robots humains, perdus sans raison de vivre...
Face à ces robots, trois personnages face à leur destin. Le professeur Paul Bentley, qui décide par hasard et opportunité d’apprendre à lire grâce à la découverte de livres (jusqu’à lors totalement inexistant) ; Puis Mary Lou Borne une jeune femme rebelle et enfin, un robot Classe 9, Robert Spofforth, le plus récent, doté d’une formidable intelligence qui accepte difficilement de ne pas avoir toutes les possibilités d’un humain et envisage de ce fait de se suicider, mais cette faculté ne lui est pas permise !
On retrouve toujours la hantise pour le Pouvoir du livre, support de sentiments et d’idées des autres qui ne peut être que nuisible pour la classe dirigeante. Par conséquent, suppression du livre, et ainsi de la propagation d’idées nouvelles susceptibles d’embrouiller l’esprit du vulgum pecus ! Un avenir quasi inexistant...Comme le dit si bien T.S. Eliot :
« Ma vie est légère qu’attend le vent de la mort
Comme un plume sur le dos de ma main. »
Le livre de « Walter Tevis » donne à penser que l’avenir de l’espèce humaine ne comporte qu’une seule issue : l’autodestruction ! Car peut-on obliger à rendre heureux, et l’apprécier pleinement sans les vicissitudes de la vie ? Si dans l’acmé de la science-fiction (les années 80) les robots, semblaient prêter à sourire, les évolutions actuelles comportent certainement de lourdes conséquences dont nous ne mesurons pas encore les répercussions sur nos vies, car l’I.A. avance subrepticement et sans déontologie adéquate, la science future ne sera plus une fiction !
Un livre magnifique que je viens de lire pour la deuxième fois. Une humanité droguée et amorphe, un robot voulant se suicider et des personnages découvrant la force de la lecture pour apprendre à vivre et à penser. Je le conseille fortement, c'est beau, c'est fort, cela donne à réfléchir.
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