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«Ce livre est inspiré par la mort de ma mère, qui croyait à la joie de vivre. J'y dépeins aussi les transformations d'un village de montagne, quelques vieilles dames extraordinaires et les péripéties d'une journaliste dans la société contemporaine. Beaucoup de femmes dans ces histoires ; beaucoup de questions sur la naissance et sur le déclin.
La disparition de nos proches souligne cette double réalité de l'âge adulte : tandis que nous courons à l'abîme, le monde où nous avons grandi s'efface lui aussi. Ces réflexions traversent un roman très libre, tour à tour comique et mélancolique. L'autobiographie s'y conjugue à l'essai et à la fiction pour cerner notre destin - et les joies qui éclairent cette fatalité.» Benoït Duteurtre.
Roman qui n'en est pas un dans la forme. Pas un essai non plus. Plutôt une autobiographie libre et très sélective. De beaux moments de sincérité, d'humour et d'émotion. Duteurtre nous rappelle que la bascule des 50 ans nous ramène au passé et à ce qui ne sera plus. Avec intelligence et sensibilité.
Benoit Duteurtre dont j’avais bien aimé le dernier livre assez fantaisiste « L’ordinateur du paradis » nous livre ici un texte beaucoup plus intime. Il ne faut pas se fier à son titre qui pourrait évoquer un livre un peu coquin...
En deuil de sa mère, il égrène ses souvenirs d’enfance dans ce livre qui tient à la fois de l’autobiographie quand il évoque sa mère, petite fille du président Coty, femme à l'optimisme forcené, son meilleur ami et beaucoup de ses chers disparus mais qui contient aussi de belles réflexions sur la vieillesse, la déchéance, l’amitié, la mort, l’évolution du monde rural… Autobiographie et réflexions auxquelles sont mêlées des fictions sous la forme de nouvelles qui reprennent souvent les thèmes abordés sous l’angle de la réflexion. Une construction intéressante et originale.
Pour moi, les plus beaux passages concernent son village d’enfance dans les Vosges, il nous livre des chapitres empreints de nostalgie où il évoque l’évolution du monde, le déclin voire l’extinction du monde rural. Il fustige les pouvoirs publics qui se désintéressent de l’agriculture et les hygiénistes avec leurs normes.
Il interroge la normalisation, l’hygiènisme obsessionnel qui conduit à considérer tout produit naturel comme potentiellement dangereux, les normes européennes, le fameux principe de précaution...
Le ton est tour à tour tendre, par exemple quand il parle des personnes vieillissantes, nostalgique et même parfois assez sombre au sujet de la disparition du monde rural et de la normalisation de notre société. Mais il peut aussi être drôle comme lorsqu’il raconte la découverte d’une tribu primitive. Il inscrit joliment la nostalgie dans la liste de ses plaisirs en la qualifiant de « fruit délicieux ».
Selon lui, ce roman est un livre pour adultes car l’adulte est à un âge où il commence à s’intéresser autant à ce qui est derrière lui qu’à ce qui est devant. Jolie définition... "Quand nous arrivons à la moitié de notre existence, le balancier s’inverse et la vie antérieure prend plus d’intérêt que le monde à venir."
J’ai trouvé Benoit Duteurtre habile dans ses va et vient entre monde de consommation moderne à la communication tout azimut et monde plus authentique et j'ai passé un agréable moment de lecture avec ce roman qui aborde beaucoup de thèmes essentiels.
http://leslivresdejoelle.blogspot.fr/2016/08/livre-pour-adultes-de-benoit-duteurtre.html
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