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Pourquoi se pencher encore sur la figure de l'orateur ? Parce que l'orateur tel qu'il existe pour Cicéron, Quintilien et Saint Augustin, n'est rien moins que l'homme complet, le citoyen idéal. A travers les textes latins ici retraduits, on part d'une personne réelle pour aller vers un idéal humain. La rhétorique latine soutient qu'en apprenant à parler, on apprend tout. Pourquoi ces trois auteurs ? Parce qu'ils sont les passerelles entre les Grecs et nous, et qu'on les a injustement oubliés au détriment d'Aristote et Platon, alors que pendant des siècles ils ont formé la parole publique. Tous trois ont en commun de refuser une formation qui ne serait que purement technicienne, elle doit au contraire se fonder sur une culture très profonde. Tous s'opposent aux officines de communication, qui prétendent vendre clé en main des compétences qui ne peuvent être acquises que par une longue pratique des textes, celle qui fonde le socle du savoir sur lequel l'orateur se construit, la véritable culture. Pour les Romains se pose une question complexe : comment concevoir et recevoir « l'héritage » grec sans servilité ? Comment se déprendre d'une civilisation qui exerce une véritable fascination et tend à imposer son modèle ? Pour le saisir, il fallait retraduire ces textes fondateurs et décaper une vision poussiéreuse de la rhétorique, nettoyer les concepts, envisager toute l'étendue du sujet, qui concerne autant les l'univers des lettres (anciennes et modernes), de l'histoire, du droit, de l'histoire de l'art que de la communication. La rhétorique est un art tardif, le dernier venu qui condense tous les autres, la fine fleur d'une civilisation. Cicéron et Quintilien sont des exemples lumineux des rapports entre nature et artifice, rapports paradoxaux qui rappellent ceux entre nature et culture remarquablement explorés par Philippe Descola. L'art oratoire est un art difficile, qui est ici décomposé dans ses moindres parties, jusques et y compris la question du corps incarné de l'orateur, dont les gestes et vêtements sont étudiés jusqu'au bout des ongles. Les questions que pose Cicéron font écho à celles que nous nous posons : à quelles conditions la parole publique est-elle crédible ? Quelle doit être la place des experts dans les décisions que prennent ceux qui nous gouvernent ? In fine, qui a la capacité de parler à tous ?
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