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Allemagne, mars 1945. Nina Reuber s'évade d'un centre de formation de la future élite du national-socialisme, déguisée en garçon.
Réquisitionnée comme traducteur par une division de l'infanterie américaine, elle part pour Berlin. C'est là, sur les ruines du Troisième Reich et à l'aube du procès de Nuremberg, que Nina deviendra une adulte.
Ce superbe album de la collection "Signé" des éditions du Lombard nous plonge sans ménagement en pleine Allemagne nazie, à Ordensburg Vogelsang, où a été construit, en 1936, un centre de formation de la future élite nationale-socialiste, « les Junkers ». Depuis 1943, y sont accueillies les adolescentes des villes d’Aix (Aachen), Düren et Köln (Cologne).
Nina Reuben est l’une d’entre elles. La Madelringfürher lui apprend que ses grands-parents sont morts sous les bombes, lors d’un raid aérien sur Köln. Alors qu’elle pleure, celle qui vient de lui annoncer la nouvelle croit bon d’ajouter :
« Cessez de pleurer ! Après tout, vos grands-parents représentaient l’ancienne Allemagne, celle qui avait accepté le diktat de Versailles. Nous sommes votre famille… Celle qui doit compter… »
Après s’être confiée à son amie Lisel, Nina décide de prendre l’allure d’un garçon pour partir rejoindre sa tante Heike, à Berlin. Le 4 février 1945, l’Ordensburg Vogelsang est pris par l’armée US qui enrôle Nina comme traducteur et nous suivons l’avancée américaine en terre allemande avec les crimes commis par certains comme ce viol dans une ferme. Nina sympathise avec un soldat allemand prisonnier, Wim, qui lui demande de porter un message à sa mère.
Dans Berlin dévastée et partagée en zones américaine, britannique, soviétique et française, la vie reprend peu à peu ses droits mais le marché noir se développe, les amours aussi et Nina découvre toutes les vicissitudes humaines, perdant rapidement son innocence. Le procès de Nuremberg (20 novembre 1945 – 1er octobre 1946) révèle à Nina toute l’horreur des crimes commis par les Nazis : « Oh, Bénédicte, qu’avons-nous fait ? »
Puis c’est le blocus de Berlin, les anciens nazis sont blanchis par la commission américaine de dénazification et le réalisme prime, ce que Nina ne peut accepter. Alors, elle voyage, va en Israël, en Égypte et à Megève avant de retrouver Berlin où le blocus est levé le 12 mai 1949.
La chronologie historique rythmant le récit, les auteurs listent, en fin d’ouvrage, quelques dates importantes des années 1945 et 1946. "L’Innocente", une BD au dessin beau et élégant tout en restant très réaliste permet de revisiter cette période décisive pour la seconde partie du XXe siècle qui va suivre.
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