"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
L'indifférence est-elle devenue une vertu ?
Le plus souvent associé à une certaine forme d'individualisme, voire d'inhumanité, l'indifférence est très souvent considérée comme un défaut majeur. Condamnée par nos sociétés - qui ont pourtant accepté l'égoïsme, l'avidité ou encore la colère - l'indifférence est pourtant aussi la condition indispensable pour ne pas se laisser submerger par l'émotion ou la passion et, ainsi, rester maître de soi. Elle est bien souvent un gage du respect d'autrui et de sa liberté, le contre-poison à la curiosité malsaine et à toutes les formes d'hostilités qui se camouflent derrière l'intérêt que nous prétendons porter aux autres.
L'indifférence comme gage de sagesse.
L'indifférence ainsi assumée permet de se protéger, de se mettre en retrait et de laisser l'initiative au hasard, aux autres, aux sollicitations du monde. Jean-François Bossy en est convaincu, l'indifférence est un facteur de paix possible avec soi-même et avec les autres, le gage de notre bienveillance, dans beaucoup de situations.
Ce livre m'a attirée, d'abord par son sujet "L'indifférence" qui est souvent synonyme, dans l'inconscient collectif, d'égoïsme, de repli sur soi alors que je la considère, à titre personnel, plutôt comme la liberté laissée aux autres, l'absence de jugement moralisateur, bref comme une qualité.
La couverture avec les trois singes bien connus, "je ne vois rien, je ne dis rien, je n'entends rien" m'a ensuite interpellée car elle ne reflète pas ce que j'associe à l'indifférence. L'indifférence ne peut se définir que par rapport à ce que l'on voit et l'on entend; c'est aussi parler, mais dans le respect de la liberté de chacun.
Je souhaitais donc connaître l'approche philosophique de ce thème et la béotienne que je suis en la matière attendait un ouvrage de vulgarisation. J'ai donc été déçue même si j'ai beaucoup appris car cet essai se réfère à Descartes, Nietzsche et Camus entre autres dont l'auteur use et abuse d'extraits de leurs œuvres en rapport plus ou moins étroit avec l'indifférence et en fait une explication de textes érudite. Parfois, les citations apparaissent à deux reprises. Je regrette également les nombreuses digressions qui nous éloignent sensiblement du thème (par exemple, un long développement sur le langage du mal dans le Talmud).
J'ai cependant beaucoup apprécié l'analyse de l'évolution du concept d'indifférence dans l'histoire, d'une évaluation négative (insensibilité face aux malheurs de l'Autre, désintérêt pour le collectif...) vers une philosophie de respect de la liberté d'autrui.
Ma note : 2,5/5
Il n'y a pas encore de discussion sur ce livre
Soyez le premier à en lancer une !
"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
L'auteur se glisse en reporter discret au sein de sa propre famille pour en dresser un portrait d'une humanité forte et fragile
Au Rwanda, l'itinéraire d'une femme entre rêve d'idéal et souvenirs destructeurs
Participez et tentez votre chance pour gagner des livres !