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L'indépendance ou la mort

Couverture du livre « L'indépendance ou la mort » de Pierre Schneider aux éditions La Draiglaán Éditions
  • Nombre de pages : (-)
  • Collection : (-)
  • Genre : (-)
  • Thème : Non attribué
  • Prix littéraire(s) : (-)
Résumé:

POÈTE EN CAVALE Le train roule à folle vitesse dans la nuit sombre de cet été 1963. Nuit noire et moite exhalant les forts effluves des périodes de canicule. J'ai dix-huit ans depuis peu, des cheveux teints couleur carotte défraîchie, parsemés de mèches incongrues. La teinture a été faite en... Voir plus

POÈTE EN CAVALE Le train roule à folle vitesse dans la nuit sombre de cet été 1963. Nuit noire et moite exhalant les forts effluves des périodes de canicule. J'ai dix-huit ans depuis peu, des cheveux teints couleur carotte défraîchie, parsemés de mèches incongrues. La teinture a été faite en quatrième vitesse par mon amie Dodo, qui ignore tout des techniques de la coloration, dans un appartement de la rue Peel, au centre-ville. Car je quitte en catastrophe le lieu de ma naissance et le grand amour chimérique de mon adolescence. Assis dans ce train de nuit, entre Mario Bachand et Roger Tétrault , j'arrive par moments à m'évader en rêvant de la douce France que nous espérons bien atteindre après une escale aux îles Saint-Pierre-et-Miquelon. Je n'ai pas de passeport et n'ai rien apporté d'autre dans mon petit sac de voyage que trois recueils de poèmes, mes visas pour la liberté : Nerval, le fou sublime en qui je me retrouve et dont je me crois parfois la réincarnation; Baudelaire, amant et poète maudit par excellence, dont la lascive Jeanne me fait rêver; et Rimbaud, l'unique petit poucet en compagnie duquel je m'amuse à réinventer l'alphabet dans un grisant vertige de couleurs. Je suis affublé d'un déguisement loufoque et je n'ai aucune autre arme dans mon havresac que mon très grand idéalisme. Nerveux et fébriles, nous discourons longuement, ébauchant mille et un projets tout aussi fantaisistes les uns que les autres. Je suis mort de peur, mais aveuglé par mon masque de bravade, je l'ignore encore.

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