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Si la toxicomanie constitue aujourd'hui un fléau social dont se préoccupent à juste titre les milieux médicaux et les pouvoirs publics, le recours aux drogues a été, depuis le début du XIX? siècle, un phénomène culturel qui a exercé une influence considérable sur l'imaginaire des artistes et de leur public. Il était nécessaire de montrer, textes à l'appui, que ce n'est pas le «toxique» qui a été longtemps l'élément déterminant, mais la recherche d'un changement d'état qui a revêtu, selon la drogue et selon les consommateurs, des formes différentes : rompre avec les entraves du temps et de l'espace, élargir l'expérience humaine au-delà des limites de la pensée rationnelle, retrouver une unité perdue, accéder à une jouissance ignorée, etc. Bien que la portée du phénomène, telle qu'on essaie ici de la définir, dépasse de loin les limites de la littérature, ce sont les écrivains qui permettent le mieux de le saisir à vif. Pour ne citer que les principaux : Théophile Gautier, Baudelaire, Rimbaud, Jarry, Cocteau, Joë Bousquet, Walter Benjamin, Artaud, Jünger, sans oublier Thomas De Quincey et Henri Michaux, par lesquels s'ouvre et se clôt cette étude. Celle-ci se termine par une réflexion sur ce qu'il en est de l'usage de la drogue aujourd'hui : «prothèse» suppléant au vide de l'existence plus qu'ouverture sur l'inconnu. Il semble bien que la drogue, banalisée et médicalisée, ne soit plus propre à engendrer des poètes, des créateurs.
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