Déprimé par une récente rupture sentimentale, et miné par une vie professionnelle sans succès, Hugo accepte un job d’été dans une station de sports d’hivers très enclavée des Alpes. Tout là haut, dans cet immense domaine, il sera un peu l’homme à tout faire d’une petite équipe de travailleurs...
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Déprimé par une récente rupture sentimentale, et miné par une vie professionnelle sans succès, Hugo accepte un job d’été dans une station de sports d’hivers très enclavée des Alpes. Tout là haut, dans cet immense domaine, il sera un peu l’homme à tout faire d’une petite équipe de travailleurs saisonniers embauchés pour maintenir la station en état avant le redémarrage de la saison. Tout se passe bien sauf qu’Hugo sent bien que des choses anormales se produisent autour de lui : il a des hallucinations, des peurs irraisonnées et des cauchemars récurrents, et puis il y a ces décorations étranges dans la forêt, et ce grand manoir au loin, où vit reclus le propriétaire de la station, un ancien magicien à la retraite. C’est lorsque Alice, une saisonnière comme lui, disparait, qu’Hugo décide de ne plus subir mais d’agir. Il y a quelque chose à découvrir ici, et même si ça le terrifie, il doit savoir ce qu’est devenu Alice. En grattant la surface des choses, il sait qu’il se met en danger, mais il n’imagine pas à quel point…
Le tout dernier roman de Maxime Chattam nous embarque dans une « charmante » station de sports d’hivers (merci à lui d’avoir posé en préambule un dessin du domaine, ce qui permet de très bien visualiser chaque décor, sans ce dessin ça aurait été un peu difficile de se repérer) mise en jachère l’été et où semble se dérouler des choses bien peu catholiques. Le personnage principal et narrateur, Hugo, est très vite assez sympathique même si on n’arrive pas bien à le cerner d’emblée : il a des peurs irraisonnées et des visions qui peuvent laisser penser qu’il souffre de dépression, ou même d’une sorte de psychose. Du coup, ses raisonnements sont, du moins au début, assez sujet à caution, même pour le lecteur. L’intrigue est bien menée, les chapitres sont courts et se terminent souvent, comme tout bon page-turner, par un petit cliffhanger qui tient en haleine. Chattam, qui depuis bien des années peuple les cauchemars de ses nombreux lecteurs, connait la recette. Et même si nous aussi, on la connait, on marche quand même dans la combine. Avec Chattam, parfois ça marche moyennement (cf. « le Sang des Temps » ou « Le Coma des Mortels »), soit ça marche du feu de Dieu (cf. « Que ta volonté soit faites » ou sa « Trilogie du mal »). Ici, il est d’abord question de magie et de prestidigitation. Le propriétaire de la station est un magicien à la retraite, mais un magicien hors norme, une sorte de génie qui, après une carrière ponctuée de coups d’éclats, a disparu du jour au lendemain pour construire cette station : dans quel but ? C’est bien là la première interrogation d’Hugo, et nous avec lui. Il y a assez peu de surnaturel dans ce roman, là-dessus les apparences sont trompeuses (voir le formidable dernier chapitre), mais surtout le dénouement vous cueille comme une petite fleur naïve ! Bon, moi j’avoue que je me suis laissée surprendre, même si à bien y réfléchir j’aurais pu avoir la puce à l’oreille, rétrospectivement, si j’avais été un peu plus attentive. J’aime bien quand les thrillers se révèlent, au final, différent, de ce qu’ils m’ont laissé croire pendant la lecture. Bien entendu, Ce grand final peut sonner un peu « gros » et surtout terriblement sombre à certains lecteurs, mais si on est un tout petit peu indulgent on se laisse embarquer. Le style est agréable et efficace, un soupçon d’humour aurait peut-être pu adoucir un peu ce huis-clos montagnard par moment fort angoissant. Et puis, peut-être certains personnages auraient pu être mieux écrits, moins survolés. Sans être un chef d’œuvre inoubliable (il ne faut pas exagérer quand même !), « L’Illusion », ce roman bien nommé, fait le job et donne une nouvelle fois la preuve de la redoutable efficacité de Chattam à raconter des histoires qui fiche les chocottes !