Nostalgique, nomade ou plutôt romantique ? Trouvez le livre de la rentrée qui vous correspond !
Sur une île au large de l'Australie dont le destin, entre crise écologique et crise migratoire, semble anticiper en accéléré celui de la planète toute entière, un garçon se trouve aux prises avec les émois et les découvertes de l'adolescence, cette période où là aussi tout s'accélère. Faut-il se protéger au risque de la solitude, ou faut-il s'exposer au risque de la catastrophe ? Telle est la question que pose L'île de Jacob.
Christmas Island, territoire australien, au large de Java.
Isolé depuis des centaines de millénaires, ce petit bout de jungle semble depuis peu subir en accéléré le destin de la planète toute entière, entre errances migratoires et crise écologique. Et c'est là qu'un garçon se trouve aux prises avec les vertiges et les éblouissements de l'adolescence, cette période où là aussi tout s'accélère.
Que pèsent alors les angoisses collectives lorsqu'on explore l'amour, le désir, l'amitié, et que l'on rencontre l'homme solaire et blessé qui fera basculer votre vie ?
Dans la chaleur tropicale suffocante, le jeune homme est initié à la puissance des sentiments.
Mais depuis John Donne on sait que nul homme n'est une île.
Si Christmas Island elle-même s'est fait rattraper par l'inexorable marche du monde, comment lui pourrait-il y échapper ?
Le récit s’ouvre sur le narrateur qui va retrouver par hasard une amie d’école, Vicky. Avec elle, il va se souvenir de l’année scolaire passée à Christmas Island, lorsqu’il avait décidé de suivre son père dans le cadre de son travail. C’est là qu’il fera la rencontre de Jacob, un jeune homme un peu plus âgé que lui et avec lequel il entretiendra des liens étroits d’amitié.
C’est un roman d’atmosphère qu’a voulu créer Dorothée, et en ce sens, je peux affirmer qu’elle a réussi son pari aisément. Malgré tout, l’ambiance ne me suffit pas toujours pour me convaincre et j’avoue que l’histoire en elle-même a beaucoup peiné à démarrer.
Pourtant, je dois dire en avoir appris énormément sur cette petite île où l’auteure plante son décor. J’ignorais tout de la faune qui habite Christmas Island. Le père du narrateur est avant tout convoqué pour tenter de trouver une solution aux fourmis qui déciment les populations de crabes, lors de leur migration. J’ignorais totalement cela, et c’est donc une véritable immersion que propose Dorothée.
Quant au fond de l’histoire, le lecteur suivra surtout le narrateur, dont on ne connaîtra pas le nom. Pendant toute son année scolaire, j’ai pu observer son évolution. Au fil de ses rencontres et de ses expériences, notamment amoureuses, le jeune homme va se forger un caractère, jusqu’au moment où il fera la rencontre de Jacob.
Le rythme est lent et je ne peux pas dire que ce soit forcément pour l’intrigue que je vous conseille ce roman. Ce serait davantage pour une atmosphère, presque en huis-clos, et qui est très bien rendue.
La plume de l’auteure est très particulière. Je ne suis pas sûre d’avoir été en mesure d’en apprécier pleinement sa qualité indéniable. Certes, c’est remarquablement écrit mais je me suis parfois perdue dans la longueur du phrasé et j’y ai trouvé beaucoup de digressions, en plein milieu de certains paragraphes.
Un roman d’atmosphère, pour lequel l’intrigue passe presque en second plan. La plume est de qualité, même si parfois j’ai eu du mal à totalement m’adapter au style de l’auteure. Une lecture intéressante.
Le narrateur a seize ans lorsqu’il s’installe sur l’île de Christmas Island, « dix degrés, vingt-neuf minutes, vingt-quatre secondes, sous l’équateur. ». Son père, docteur en biologie et spécialiste du comportement et de l’écologie des fourmis, y a été appelé pour définir une stratégie contre une invasion de fourmis jaunes qui déciment les crabes rouges, emblèmes des lieux. La mère a renoncé à suivre ce mari qui l’écrase et a préféré retrouver sa liberté.
Sur place, le jeune garçon cherche sa place jusqu’à sa rencontre avec Jacob Cazaly, moniteur de plongée pour lequel le narrateur éprouve aussitôt une véritable admiration et qu’il se met à fréquenter avec assiduité. Jusqu’à ce que tout change.
Le récit nous plonge dans l’intimité d’un adolescent en pleine quête de soi, de repères et de modèles. Ses amitiés avec Jacob et Vicky, elle aussi adolescente, mettent en exergue la grande solitude dans laquelle se trouve le jeune garçon qui n’arrive pas à installer une communication avec son père qui sombre peu à peu dans l’alcool.
C’est aussi l’âge des toutes premières fois et celui où tout prend une importance capitale : l’amour, l’amitié, les moments de honte, les instants de partage.
À côté de ce récit qui retrace une étape charnière dans la vie d’un jeune garçon qui devient adulte, Dorothée Janin met aussi le doigt sur des sujets de société à travers la description de cette île qui se délite lentement, son écosystème irrémédiablement abîmé par l’homme. En toile de fond, le camp de détention où des migrants sont enfermés et dont les habitants aimeraient pouvoir ignorer l’existence. Les tourments du narrateur semblent alors rentrer en résonnance avec les crises mondiales.
Dorothée Janin crée une atmosphère oppressante et chaotique mais aussi terriblement captivante. Ce roman dégage une réelle puissance d’évocation et nous embarque totalement sur cette île étrange.
Laisser passer quelques semaines entre la lecture d'un roman et la rédaction d'une chronique comporte de sacrés risques (surtout chez moi car s'ajoutent à cela l'âge et la mémoire qui flanche...) Mais c'est aussi un très bon test pour savoir si ledit roman résiste au temps...
Ainsi, j'ai lu L'île de Jacob de Dorothée Janin, titre qui a reçu le prix Maison Rouge 2020 (distinction littéraire made in Pays Basque). C'est vraiment un roman tout en atmosphère et dont l'écriture précise, détaillée (je n'aime pas le mot « ciselé ») avait retenu mon attention. L'action a lieu sur une île qui existe vraiment : Christmas Island, territoire australien, au large de Java (un micro-point sur une carte!). Le lieu est réputé pour ses innombrables crabes rouges qui envahissent littéralement l'île (y compris les habitations – beurk!) au moment de la mousson, métaphore du cancer qui ronge notre société confrontée à une crise écologique sans précédent.
Adolescent, le narrateur a vécu sur cette île avec son père, un scientifique appelé sur place pour tenter de décimer une invasion de fourmis voraces qui s'attaquent aux fameux crabes (tout ça, à cause du réchauffement climatique, évidemment!). Faut les laisser faire, me direz-vous… Eh bien non, parce que les crabes rouges attirent les touristes qui veulent les photographier, voilà pour l'argument économique… auquel on préférera peut-être l'argument écologique: n'oublions pas que cette île a vécu des centaines de millénaires coupée du reste du monde et que, sans intervention humaine, les crabes continueraient à se faire rougir au soleil et que sans exploitation de mines de phosphate la biodiversité se porterait comme un charme.
Par ailleurs, se trouve aussi sur l'île un centre de détention qui recueille les demandeurs d'asile, centre dont personne n'aime parler, comme si l'on y avait recours à certaines pratiques peu avouables.
Bref, pendant que l'entomologiste s'occupe des petites bestioles (tout en étant bien persuadé de son inefficacité) (il dit d'ailleurs à son fils « - Je suis venu assister au désastre. Ce n'est pas tous les jours que l'on voit la destruction d'un écosystème. Tu es un privilégié, tu vas voir l'extinction d'un monde. Des millions d'années d'autarcie, et tout ça qui se désagrège en quelques années. Juste parce que l'homme y a foutu les pieds. »), bref, pendant que le père assiste impuissant à la fin d'un monde, le fils (le narrateur) fait des rencontres : des filles (sales bêtes que les hormones, tiens!) et un homme très beau, très mystérieux et profondément dépressif (le Jacob du titre) qui va initier le narrateur à la plongée. Les relations entre les deux personnages resteront assez troubles, mélange de fascination, de jalousie et d'amour aussi peut-être…
Je me rends compte que résumer un tel texte n'a absolument aucun sens (mais je ne supprime pas… je ne me suis pas cassé la tête pour rien, hein !) parce qu'au fond, tout tient par l'écriture : en effet, l'autrice a su créer une atmosphère de fin du monde, étrange, envoûtante, réellement étouffante, comme si la mort rôdait constamment… Franchement, c'est réussi !
Oui, incontestablement, l'écriture de ce texte est intéressante (c'est juste essentiel, me direz-vous et vous aurez raison!). En revanche, ce qui m'a gênée, c'est, dans le fond, l'abondance des sujets abordés (même si l'on voit bien ce qui les fédère) : le travail du père (que l'on abandonne vite d'ailleurs et c'est bien dommage je trouve… j'aurais aimé le suivre un peu dans ses recherches, ses soirées de picole… oui, j'avoue (ah, ah!) le père m'intéresse plus que le fils… ), les rencontres du fils, son éveil des sens etc etc (ses copines et notamment ce Jacob qui arrive selon moi un peu tard dans le livre) et bien sûr, les grandes questions qui sous-tendent le texte à savoir : écologie et crises migratoires. Bref, je trouve que tout ça, finalement, ça fait, peut-être un peu beaucoup…
Mais bon, pourquoi pas dans le fond...
Allez, j'ai aimé ce texte et je suis d'accord avec les membres du prix Maison rouge : ce roman mérite d'être distingué ! ( d'ailleurs, s'ils veulent m'inviter à Biarritz l'an prochain, qu'ils n'hésitent pas - d'autant que (bon d'accord, ça n'a rien à voir avec la littérature mais…) le gâteau basque et moi, pour le coup, c'est une VRAIE histoire d'amour...
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