"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Lila arrive en France à 14 ans pour servir de bonne à tout faire. Elle est corvéable à merci, ni payée ni scolarisée. Quatre ans plus tard, cette jeune fille joyeuse et douce est renvoyée in extremis à Madagascar, son pays natal, pour y mourir quelques jours après. Sa famille constate son extrême maigreur et de nombreuses traces de coups sur son corps.
Cette mort suspecte provoque l'ouverture d'une enquête en France et, en 2005, ses «employeurs» sont mis en examen pour, notamment, «viol et non-assistance à personne en danger».
Depuis, la justice s'est enlisée dans ses lourdeurs et ses lenteurs et a finalement décidé de classer l'affaire. Pis : elle a refusé d'entendre les témoignages essentiels recueillis par les auteurs de ce livre, à Tananarive et dans la banlieue parisienne.
Ce récit s'attache à faire revivre la petite bonne malgache, sa jeunesse, ses rêves, son long calvaire et sa mort tragique.
Le destin de Lila illustre le drame de l'esclavage moderne en France et l'indifférence devant des victimes trop souvent ignorées de tous.
Un témoignage poignant de vérité.
Dominique Torrès est grand reporter à France Télévisions et réalisatrice de documentaires. Elle a créé en 1994 le Comité contre l'esclavage moderne et a consacré quatre films à ce sujet.
Jean-Marie Pontaut est rédacteur en chef à L'Express, spécialiste de l'investigation policière et judicaire. Il est l'auteur d'une vingtaine d'ouvrages.
La petite Lila, 14 ans, est heureuse de quitter son île de Madagascar pour la France. Elle a la chance, grâce à une riche voisine, de partir pour la France servir de bonne dans une famille malgache. Elle va fuir la pauvreté et pourra aider sa famille en envoyant de l’argent. On lui a même promis qu’elle pourrait aller à l’école et reprendre sa scolarité interrompue. Hélas ! La réalité est tout autre et, si loin de sa famille. Lila ne sait comment se défendre des mauvais traitements qu’on lui inflige. Enfermée, maltraitée, violée, battue, elle vit un calvaire pendant quatre ans. Sa famille, qui reçoit lettres et nouvelles truquées, ne s’inquiète de rien. Rares seront les personnes compatissantes car, dans la communauté malgache, il est normal de faire venir des petites bonnes du pays qu’on exploite. Les employeurs, inquiets de l’état de dénutrition et de délabrement de la jeune fille, préfèrent s’en débarrasser en la mettant dans l’avion pour le retour au pays. Là, ce sont les parents des employeurs qui gardent Lila alitée sans en informer les parents. Ceux-ci, alertés, viendront la voir. Elle mourra quelques jours après sans avoir reçu le moindre traitement médical ni avoir été examinée par un médecin.
La famille, très pauvre, n’ose pas, ne sait pas, se lancer dans une procédure juridique. Il faut attendre des années, pendant lesquelles nait le CCEM comité contre l’esclavage moderne, pour qu’un chauffeur de taxi, ami des employeurs de Lila, ose témoigner contre eux.
Malgré des années de procédure, des enquêtes auprès de dizaine de témoins, les employeurs de la jeune fille sont toujours en liberté.
A travers ce récit dramatique, les auteurs abordent d’autres cas d’esclavage moderne, tous résolus. Celui de Lila est poignant car la jeune fille est décédée et que la justice, saisie trois ans après les faits, s’embourbe dans les retards et les erreurs.
Au-delà du drame, raconté avec pudeur et compassion, le lecteur découvre le travail du CCEM et les arcanes, ô combien complexes, de la justice.
Réaliste et poignant, ce document se lit d’une traite et ne laisse pas le lecteur insensible. Un livre salutaire qui, je l’espère, contribuera à sensibiliser les lecteurs sur les conditions inhumaines de ces esclaves modernes.
Accablant, révoltant, émouvant, percutant, attachant, les adjectifs sont nombreux pour qualifier ce magnifique document.
Des émotions contradictoires nous traversent tout au long de la lecture qui se révèle rapidement passionnante.
Faire la lumière sur cette affaire est un acte citoyen, nécessaire surtout, pour que nous comprenions ce qui se passe dans notre propre pays, celui des « Droits de l’Homme »….
Les constats sur les rouages de la machine judiciaire française sont effrayants, affligeants et un sentiment de honte nous monte à la gorge…
Ces écrits, au plus proches de l’actualité, sont indispensables pour toujours avoir à l’esprit que notre démocratie abrite des affaires indignes de notre Histoire, de notre passé et crée des individus aussi monstrueux et dénués d’humanité.
C’est magnifique et horrible à la fois, à l’image de notre société, finalement…
Poignant
Ce document est dérangeant, bouleversant et instructif. Avant ce livre, j’avais effectivement entendu parler de certaines histoires d’esclavage moderne médiatisées…mais je pensais, comme beaucoup, que c’était très marginal, rare, cantonné aux milieux diplomatiques… Ce document nous prouve que tout ceci n’est qu’idées reçues.
Ce texte aborde deux problématiques liées : l’esclavage moderne de très jeunes filles étrangères, vulnérables, fragiles et naïves d’une part et les lenteurs administratives de la lourde machine judiciaire. A la lecture de ce livre, on se demande si la France est encore vraiment le « pays des droits de l’homme » qu’elle prétend être et qui ne se prive pas de donner des leçons aux autres états alors que des histoires aussi révoltantes que celle de Lila ont lieu sur son territoire sans que grand monde ne s’en émeuve !
Les faits, l’enquête policière et l’enquête journalistique parallèle sont clairement présentés. Même si le parti pris des journalistes est évident, on ne peut pas le leur reprocher… tant leur récit apporte d’éléments montrant comment Lila et sa famille ont été victimes, manipulées, déshumanisées, asservies par des personnes malsaines, menteuses, inhumaines…J’ai été particulièrement frappée par la résignation de la famille…étant certainement elle-même trop occupée à survivre !
Ce récit pose aussi beaucoup de questions car l’enquête montre beaucoup de zones d’ombres : pourquoi Lila n’a-t-elle pas cherché d’aide ? (auprès de son amie Niry, du personnel de l’école où elle accompagne les enfants…) Comment un médecin, conscient que le jeune fille est très atteinte peut-il la laisser sans s’assurer qu’elle va être soignée ? Pourquoi n’y-a-t-il eu aucune enquête sérieuse juste après sa mort à Tana, alors que les traces de coups sont évidentes ? La justice française passera-t-elle enfin sérieusement sur cette affaire ?
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