"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Plus qu'un roman, ceci est un journal tenu par un artiste peintre casanier tiré de son cocon pour retrouver, il l'a promis, traces de son frère Théo disparu dans une coulée de lave à l'autre bout du Monde, vingt ans auparavant.
Ce journal, entièrement dédié à une petite fille vivant dans ce hameau d'âmes perdues sous la tutelle d'un volcan, est le récit d'un être qui se découvre un amour fou pour l'innocence et la beauté, l'universel de tout instant vécu loin de la glu des peurs, du bruit et de la convoitise.
Je découvre les livres et l’écriture d’Alain Cadéo avec ce roman des éditions La Trace. Il fait suite à un autre roman, « Mayacumbra » paru en 2020. Il est précisé que les deux romans peuvent se lire indépendamment.
Augustin part sur les traces de son frère, Théo, disparu dans une coulée de lave il y a bien longtemps, à Mayacumbra, en Amérique centrale. Il y découvre une sorte de communauté, isolée, où vit la famille de Théo, sa fille et surtout sa petite-fille Lina. C’est à elle qu’Augustin adresse ses mots dans ce livre. Dans son journal, il raconte le bonheur simple de l’amour d’une famille. Il est le grand-oncle de Lina mais elle le considère comme son grand-père. Il reste vivre à Mayacumbra et six ans plus tard, lorsqu’elle part étudier au collège, en ville, et part pour des semaines, il ressent le besoin de consigner ses souvenirs et ses émotions.
Il est question de la nature, du volcan, de peinture et beaucoup d’amour filial.
L’écriture est belle, poétique et généreuse. Derrière les mots, on ressent une plume profondément humaniste, beaucoup de bienveillance.
J’aurais préféré commencer par « Mayacumbra », pour avoir tous les éléments sur cette communauté. Il faut dire que les personnages et acolytes d’Augustin sont nombreux et uniques. Chacun ayant une histoire à raconter, un physique et un caractère bien particuliers. Je me suis parfois un peu perdue en cours de lecture et j’ai peiné à avancer. Il ne me reste plus qu’à lire le précédent roman pour raccrocher les wagons et en savoir plus sur Théo !
Quel plaisir de retrouver la plume poétique d’Alain Cadeo pour la suite de Mayacumbra … qu’il est doux se laisser glisser sur le fil des mots sans oublier une profonde humanité qui affleure alors que monde en est de plus en plus dépourvu et pour cela se réfugier au bout du monde sur les flancs d’un volcan, voilà ce que nous propose l’auteur . Un bien beau voyage … prendre le temps dans cette lecture d’apprécier les mots , les visages et les âmes … et savoir finalement que tant qu’il y aura de l’amour nous serons vivants.
Il y a trois ans paraissait le magnifique roman d’Alain Cadéo, "Mayacumbra". Il racontait l’histoire de Théo venu d’on ne sait où. Il s’était arrêté là, dans ce village perdu et avait trouvé l’amour à l’ombre de la Corne de Dieu, un volcan tutélaire. "L’homme qui veille dans la pierre" du même auteur, continue l’histoire…vingt ans après…
Théo n’est plus, à jamais figé dans la roche d’un volcan depuis un jour de colère. Et, c’est au tour d’Augustin de découvrir ce village et ses habitants aussi étonnants que les noms dont ils sont affublés. Augustin, artiste peintre, est le frère de Théo, aussi casanier que ce dernier était un aventurier. Il serait bien resté, lui, dans son antre, mais voilà, il a promis. Il a promis de partir à la recherche de ce frère disparu, d’essayer de comprendre cet homme dont il disait : " …[qu’il l’admirait], et à la fois [lui en voulait], le salaud, de [l’avoir laissé se dépatouiller] seul, dans un marécage de tristesse ponctué par d’indestructibles habitudes rythmant le quotidien, le lot de ceux qui restent." Il rencontre aussi une femme et sa fille et comprend sur le champ que Maria et Lina – c’est leur nom – sont la fille et la petite-fille de Théo, autrement dit sa nièce et sa petite-nièce. "Love at first sight"…aussitôt naît un amour inconditionnel entre la petite Lina et ce grand-oncle qu’elle appelle instantanément grand-père.
L’histoire est belle, émouvante, touchante, et sublime est l’écriture de l’auteur. C’est à Lina, partie à la ville, qu’Augustin s’adresse dans une sorte de journal parce que, écrit-il, "… depuis que tu es absente, là-bas, dans ton beau collège blanc, je ne peux m’empêcher de tricoter des mots, pour ne pas rompre le fil de nos voix aimant tellement se faire des confidences." Alain Cadéo est un orfèvre, un dentellier des mots. Il cisèle ses phrases comme le joaillier travaille l’or pour sertir le diamant dans ses griffes. C’est la raison pour laquelle je n’en dirai pas davantage. Il serait présomptueux de ma part de poser des mots dénués d’intérêt sur ceux, d’une beauté rare, de l’auteur. Je préfère vous laisser découvrir cette merveille, vous laisser bercer par son rythme poétique. Et, même si l’auteur sème suffisamment des petits cailloux pour en comprendre le point de départ sans avoir lu la première partie, je ne saurais trop vous recommander de découvrir d’abord "Mayacumbra".
"L’homme qui veille dans la pierre", un ouvrage d’un éclat indicible sur la transmission et l’amour intergénérationnels.
https://memo-emoi.fr
20 ans après !
Les lecteurs de Mayacumbra, en refermant le livre, avaient bien pensé qu’un prolongement de Théo s’imposerait.
Le jeune homme bondissant, malgré le danger dont il n’ignorait rien, allait vers son destin, à la recherche d’une trace laissée par son amoureuse Lita dans sa cabane de rondins à flanc de volcan. Figé à jamais dans la pierre, il veille sur ce monde cosmopolite qu’il avait choisi.
« De se perdre en plein ciel. Moi j’y crois à l’espace, je peux bien en parler, j’y suis, je m’y agrippe. »
Théo, boule de nerfs, a toujours eu besoin d’aller voir ailleurs, laissant derrière lui famille et amis. Il était ainsi, son frère Augustin était son parfait contraire, « plan-plan », tout en rondeur, homme de cocon voire de coton, tant l’ailleurs lui était une notion étrangère. Pour lui le bonheur était sur place.
Peintre il réussit à vivre sans quitter le cocon familial. Mais ses parents ne se sont pas remis de la disparition de leur ainé. Avant de mourir, la mère fait promettre à Augustin de retrouver la trace de Théo.
Alors, ce casanier, 20 ans après, se met en route. Lui, le cadet, l’homme en jachère va succomber aux charmes de cet endroit improbable et il sera envouté par un petit bout de femme de 5 ans, sa petite-nièce, qui choisira le titre de grand-père, car elle a déjà beaucoup de tontons.
Les lecteurs vont vivre et vibrer aux rythmes des métamorphoses qui vont secouer Augustin.
Maria, la maman de Lina, trime dur pour assurer un avenir meilleur à sa fille. Elle décide de l’envoyer en pension. Augustin en conçoit toute la nécessité mais le manque de la petite va être cruel.
Il va y pallier en peignant sur les murs de la grange qui lui sert de demeure, lui le peintre figuratif, qui a du succès en France, va instinctivement avoir recours à l’art primitif.
Ce n’est pas un hasard, il devient un passeur, cette expression artistique épouse parfaitement l’offrande qu’il fait à la mémoire de son frère, à la perpétuation de cette vie qu’il avait choisie, à l’autre bout du monde.
Plus encore, il deviendra le chroniqueur de la vie à Mayacumbra. Peu importe l’âge de la fillette, il fait confiance à l’intelligence de celle-ci dans le présent comme dans le futur.
L’urgence de dire…
Les liens transgénérationnels qui tissent leur toile et l’étendent au-delà.
Augustin nous dit quelque chose d’essentiel et d’intemporel :
« Il serait si facile de se contenter d’une vision sommaire, si facile de les rayer d’un trait en prétextant qu’ils n’ont rien dans le crâne, de les expédier en quelques mots dans un placard d’opérette. Non, on ne peut pas s’en tirer avec de sales jugements hâtifs. Nous sommes si peu nombreux ici, que chacun d’entre nous est rare. »
Alain Cadéo, une fois de plus, nous emporte, nous envoûte, d’une écriture brûlante comme la lave mais qui ne nous détruit pas. Au contraire, sa poésie, ses métaphores ne sont qu’empreintes indélébiles, qui s’inscrivent en nous comme autant de strates nous transformant en hommes qui veillent dans la pierre pour une littérature revêtant ses lettres de noblesse.
La richesse d’une conscience, d’un engagement au plus près de l’humain.
La démonstration que la littérature est plus et mieux qu’une distraction.
L’éthique et l’esthétique sont les deux poumons de l’écriture de l’auteur.
Ses textes ont une force qui ne laisse jamais indifférent.
Une écriture de conviction n’empêche nullement le plaisir de lire, elle fait aller plus loin, plus haut.
Merci pour ce privilège d’une lecture en avant-première.
©Chantal Lafon
https://jai2motsavousdire.wordpress.com/2022/07/04/lhomme-qui-veille-dans-la-pierre/
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