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13 novembre 2015, Sinjar, Irak, le général Kovli remporte une bataille décisive contre Daech, aux côtés de Bakhtiyar, célèbre fixer kurde irakien, et Alex, journaliste français en reportage. Mais la victoire est amère. Le groupe d'amis apprend le soir-même que plusieurs attentats ont été commis à Paris.
Entre Mossoul et Raqqa, Alex croisera la route de Mike, un Américain ambigu et insaisissable, volontaire pour combattre avec les Kurdes... Qui est-il ? Pourquoi les services secrets occidentaux se mettent-ils soudainement à la recherche de Bakhtiyar ?
Confrontés à ce nouvel ennemi intime, le djihadisme new age occidentalisé, les protagonistes luttent pour rester en vie. Réussiront-ils à échapper au souffle brûlant de la haine ?
Une plongée dans l'histoire tourmentée de l'Irak et de la Syrie, entre 2014 et 2017. Un récit profondément humain, qui fait la part belle à l'amitié et s'interroge sur l'absurdité de la guerre.
J'ai pu découvrir ce roman poignant grâce à la dernière Masse Critique de Babelio. J'ai été attiré d'abord par le titre puis par la quatrième de couverture qui annonçait une plongée dans l'histoire contemporaine tourmentée de l'Irak et la Syrie. Je remarquai que l'auteur est un grand reporter ayant couvert plusieurs conflits et révolutions au Moyen-Orient, j'ai donc foncé sur ce choix évident pour moi qui me suis toujours intéressée à la géopolitique et aux conflits de notre temps. Benoît Christal est en effet journaliste pour LCI et TF1, spécialiste de cette région agitée par les guerres. Cela se ressent indéniablement à la lecture du roman : le lecteur s'y croirait tant le récit paraît crédible et documenté au travers de diverses notes de bas de pages ainsi que de descriptions minutieuses qui nous plongent directement dans le bain.
Le roman s'ouvre sur la bataille de Sinjar, dernière ville d'Irak avant la Syrie, mené par le Général kurde Kovli sur les combattants de Daech. le jour de cette offensive est le 13 novembre 2015 et, en parallèle de la prise de Sinjar, l'auteur raconte l'histoire de Nadia présente au Bataclan se soir-là et rescapée de l'attentat. Pendant ce temps, d'autres Français de trouvent en Irak, des journalistes qui apprennent la nouvelle alors qu'ils couvrent la guerre contre Daech aux côtés de leur fixer, Bakhtiyar, le meilleur du Nord de l'Irak. Comme le lecteur l'apprendra à la fin, leur fidèle guide a réellement existé ce qui renforce son attachement au personnage. En effet, le récit n'est pas du tout un récit froid de journaliste détaillant la situation sur place mais c'est un vrai roman poignant de bout en bout. le lecteur passera du rire aux larmes. C'est émouvant car c'est aussi bien écrit si bien qu'on s'attache facilement à la plupart des personnages et que se mêlent angoisse et soulagement quant à l'issue de leurs aventures.
La force de ce roman est sans conteste la vraie connaissance du terrain par l'auteur. On l'identifie parfaitement au journaliste du roman. Il sait de quoi il parle, il raconte les événements tels qu'ils les a vécus tout en en faisant un vrai roman bien écrit, rythmé et qu'on lit avec plaisir jusqu'à la dernière page. Un premier roman très réussi à découvrir d'urgence si vous aimez les récits de guerre.
L'homme qui riait sous les bombes de Benoît Christal
Pourquoi avoir choisi ce livre : l'homme qui rait sous les bombes de Benoît Christal me direz-vous ? Pour plusieurs raisons : je venais de finir le livre L'insolente de Kaboul de Chékéba Hachemi , et j'étais très attiré par ce premier roman du grand reporter Benoît Christal qui a couvert comme il est dit en page quatre de couverture : « les révolutions arabes, la guerre contre Daech en Irak, en Syrie, et suivi les minorités chrétiennes et yézidies à Erbil, Dohuk, Qaraqosh. » Puis l'envie de me plonger dans l'histoire tourmentée de l'Irak à la Syrie entre 2014 et 2017, dans ce roman haletant au cœur de l'enfer ! Benoît Christal ouvre son livre sur une chronologie de mars 2011, l'arrestation et la torture d'une quinzaine d'adolescent, ayant écrit sur les murs de la ville de Deraa des slogans hostiles à Bachard el-Assad. La création de l' Armée Syrienne Libre par les déserteurs de l'armée syrienne ; en janvier 2012 la création en Syrie du Front Al-Nosra par l'organisation terroriste Al-Qaïda. Suivront des rappels pour les années 2013 à 2019 avec l'offensive des forces Kurdes au Nord de la Syrie et la mort du calife de Daech lors d'une opération militaire américaine à Baricha. Un bilan ; celui de la guerre civile syrienne qui a fait 380 000 morts et déplacer 2,5 millions de Syriens vers l'étranger et 6 millions à l'intérieur du pays ; deux cartes géographiques ; celle des forces en présence en Syrie et la représentation des zones revendiquées par le gouvernement kurde.
Ce roman, l'homme qui riait sous les bombes commence le 13 novembre 2015 à 17 heures à Sinjar, en Irak. « Le général Wahid Kovli scrute chaque détail de la petite mosquée accrochée aux contreforts du mont Sinjar, dernière position de Daech . Ses hommes pilonnent la position depuis une demi-heure et se lancent à l'assaut. L'ordre Zéro Hour vient d'être transmis. » Immédiatement nous sommes au cœur de l'action « on n'avance pas assez vite ! Combien d'hommes sont mobilisés ? 7000 ? 7500 ? Où sont les frappes aériennes promises ? Ecoutez-moi bien les gars ! Crie le général. Ce combat, les terroristes ne peuvent le remporter. Ici Kovlil ! Cette frappe aérienne, c'est pour aujourd'hui ou pour demain ? Vous dormez dans votre bureau ou quoi ? » Sans frappe aérienne, les hommes du général Kovli se lancent à l'attaque de la mosquée. La victoire est totale. Dans un véhicule s'approche des lignes en provenance de Dohuk nous prenons connaissance avec un journaliste Kurde, traducteur et fixeur Bakhtyar Haddad , accompagné d' Alex journaliste Français et son cameramen Morgan. Un fixeur c'est quoi ? C'est celui qui traduit, conduit, guide, renseigne et permet à un journaliste étranger au pays de se déplacer dans une zone en sécurité. Terme à relativiser lorsque l'on se trouve dans une zone de guerre. Cette victoire stratégique que le général Kovli veut fêter avec ces Français et son ami Bakhtyar la menace, Bakhtyar la légende, ne sera jamais célébrée comme il se doit. « Nous sommes le 13 novembre 2015, un groupe de Rock entame sa chanson le baiser du diable. Deux hommes sans cagoules devancées par des éclairs intenses et des flashes lumineux surgissent des deux côtés du bar du Bataclan.Les premiers corps tombent. »
Le décor est maintenant planté. Nous allons suivre pas à pas les différentes destinées de différents personnages décrits avec soin dans leur situation et dans des dialogues qui sonnent justes. C'est là que l'on reconnaît l'écriture d'un grand reporter, celle d'une écriture efficace ! Au fur et à mesure des 41 chapitres de ce livre, l'on est captivé par ces récits, ces tranches de vies.
On lit également, en quatrième page de couverture , « un récit profondément humain, qui fait la part belle à l'amitié » . Oui, c'est surtout cela que vous aurez en mémoire lorsque vous refermerez ce livre . L'amitié, celle de l'auteur pour Bakhtyar Haddad, mais aussi, celle d'Alex avec Nadia rescapée du Bataclan , amie du frère d'Alex, et pour laquelle il devra mentir. Des rencontres : celle avec le Général Wahid Kovli qui malgré son courage et la force de ces convictions
clés du succès de la guerre contre Daech sur le terrain, n'a vu sa réputation traverser les frontières, qu' aujourd'hui avec ce livre. Avec Mike un journaliste ou un membre des services secrets Américains, je vous laisse le découvrir.
Un livre qui nous interroge aussi sur l'absurdité de la guerre et son cortège post-traumatique ou Benoît Christal y décrit avec beaucoup de soin, les peines, les douleurs, les souffrances vécues, physiques, émotionnelles, psychiques.
L'homme qui riait sous les bombes vous le retrouverez en photographie à la page 396 . C'est Bakhtyar Hadad. C'est le véritable héros de ce livre, dit Benoît Christal, « mon ami, mon compagnon d'aventures durant plusieurs années. Attachant, drôle, intuitif, un peu dingue, toujours généreux, il faisait dit-il profession d'expliquer au public français l'histoire tourmentée de son pays . Il était au premier rang de la guerre contre Daech non seulement idéologiquement comme journaliste mais les armes à la main pour défendre les siens. Le public n'a connu son nom que le jour de sa mort le 19 juin 2017, fauché par une mine aux côtés des journalistes Véronique Robert et Stéphan Villeneuve à Mossoul. »
« Bakhtyar était bien l'homme qui riait sous les bombes , qui défiait la mort par amour de la vie »
comme le dit un autre journaliste Thierry Oberlé. « Ce roman a été écrit pour rendre hommage à son esprit de résistance et ne jamais oublier ceux qui sont tombés et qui furent nos amis » conclu Benoît Christal. Clôturant la lecture de ce livre et de ces dernières lignes, il m'est revenu en mémoire l'acte du souvenir : « Ils ne vieilliront pas comme nous qui leur avons survécu; Ils ne connaîtront jamais l’outrage ni le poids des années. Quand viendra l’heure du crépuscule et celle de l’aurore, Nous nous souviendrons d’eux ! » Vous n'oublierez pas l'homme qui riait sous les bombes ! Bien à vous.
Benoît Christal est grand reporter au Moyen-Orient. L’homme qui riait sous les bombes raconte une période réelle des combattants Kurdes contre Daech et l’Etat islamique sans aborder le conflit avec la Turquie. Dans le personnage d’Alex, le journaliste français qui raconte, nous pouvons reconnaître ou imaginer qu’il s’agit de l’auteur.
En début de livre une chronologie allant de 2011 à 2019 rappelle les événements dans cette région. Ceci est bien utile pour la lecture, sachant que les zones étaient fluctuantes selon les nécessités politiques de grandes nations ou de nations voisines.
Le roman débute en Irak le 13 novembre 2015 avec l’attaque d’une mosquée par les combattants du général kurde Wahid Kovli où se terrent les derniers combattants de Daech sur le territoire irakien. Cette victoire stratégique n’aura pas la gloire qu’elle aurait mérité, plusieurs attentats terroristes sont déclenchés dans Paris, au Bataclan et au Stade de France entre autres ! Le général est rejoint par Alex et son caméraman, conduits par Bakhtiyar Haddad, kurde lui aussi, journaliste, traducteur et fixeur* pour les journalistes étrangers. Ils apprennent à ce moment-là les dramatiques événements de Paris
Bakhtiyar est un homme chaleureux, engageant, souriant, plein d’allant et de bonne humeur, apprécié de tous ou presque, amoureux de la langue française, gourmand de nouveaux mots qu’il répète à l’envi ! Il sait être guerrier aussi et ne se déplace jamais sans une arme.
Benoît Christal raconte les jeunes français enrôlés dans le jihad, les musulmans confrontés au terrorisme en France, le lent cheminement des victimes des attentats et les blessures psychologiques refoulées par les reporters, même s’il parle plus précisément de celles d’Alex, la situation n’est pas différente pour les autres.
Beaucoup d’humanité et d’amitié dans ce livre, beaucoup de peine et de douleurs aussi écrites de manières à toucher, à se sentir immerger mais sans bien évidemment jamais arriver à imaginer le dixième de ce qu’ils ont vécu !
Difficile de dire “coup de cœur" pour un roman qui parle de mort mais je trouve qu’il mérite largement ses 5 étoiles ; l’auteur ayant su se faire conteur des souffrances !
#Lhommequiriaitsouslesbombes #NetGalleyFrance #rentreelitteraire2021
* https://rsf.org/fr/actualites/les-fixeurs-les-invisibles-du-reportage
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