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« I have a dream ». La phrase, devenue culte, vient couronner une quasi-décennie de lutte, parfois sanglante, pour les droits civiques des Noirs aux États-Unis. Le combat du pasteur Martin Luther King pour l'égalité commence au sud des États-Unis, en Alabama, où la ségrégation sévit depuis 1865. En prônant le boycott des bus après l'affaire Rosa Parks, emprisonnée en 1955 pour avoir refusé de céder sa place à un homme blanc, le jeune pasteur lance un mouvement qui gagne tout le pays. Malgré la répression policière ou les représailles des militants racistes, la protestation, non-violente, prend de l'ampleur. Enfin, en août 1963, la grande marche de Washington est organisée, avec l'aval d'un Kennedy très inquiet des éventuels débordements. 100 000 personnes étaient attendues, elles seront finalement 250 000 à défiler dans le calme, sous la surveillance d'un impressionnant service d'ordre. C'est devant une foule immense et recueillie que Luther King monte à la tribune, à l'issue de la marche. Devant la statue du mémo-rial Lincoln, abolisseur de l'esclavage, il improvise en partie le discours qui fera le tour du monde, scandant les revendications des Afro-Américains de son « J'ai fait un rêve ». Un passage absent du discours écrit à la hâte la veille de la manifestation. L'Amérique blanche découvre en direct ce vibrant plaidoyer pour l'égalité. Des revendications auxquelles elle n'avait souvent prêté qu'une oreille distraite. L'Europe suit également ce moment de très près, grâce à une couverture médiatique exceptionnelle. La présence de stars, comme Bob Dylan, Joan Baez ou Burt Lancaster, participe à rendre l'événement très télégénique. Assez habilement, l'administration Kennedy tente d'utiliser le rassemblement à son profit, soulignant la liberté d'expression dont bénéficient les manifestants. Un pied de nez au bloc communiste, mais aussi une main tendue vers les pays d'Afrique fraîchement décolonisés, susceptibles d'être séduits par l'égalitarisme communiste plus que par une Amérique encore largement ségrégationniste. Le texte proclamant l'égalité des droits entre Blancs et Noirs sera signé un an plus tard, le 2 juillet 1964, par le successeur de Kennedy, Lyndon Johnson.
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