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Le livre le plus insolent sur la Seconde Guerre mondiale. Muguet et vingt autres personnages traversent l'Europe, leurs seules conquêtes sont les femmes. C'est l'esprit de légèreté et la légèreté d'esprit, la naïveté de Candide et la liberté de Don Quichotte qui se laisse conduire où le veut sa monture.
Muguet, héros picaresque, revient de la guerre comme d'une escapade.
L'Europe buissonnière est le premier roman d'Antoine Blondin, publié aux éditions Jean Froissart en 1949 et ayant reçu le prix des Deux Magots l'année suivante. Il a été réédité aux Éditions La Table Ronde en 1953 et publié en Folio mais fait aujourd'hui son entrée en Petite Vermillon.
Sorte d’ado un brin attardé, Muguet fut élevé et déniaisé par une jeune athlète polonaise qui lui servit de nourrice dans ses jeunes années. Un soir de beuverie, son ami Benjamin l’entraine dans un bordel, rue Chauchat, qui tient « du sous-marin, de la fumerie d’opium et du musée Gévin ». Il y rencontre une prostituée dont le visage ne lui est pas inconnu. Il s’agit de Maria Broudic, une des nounous qui l’a connu tout bébé. Cela calme immédiatement ses ardeurs… En pleine débâcle, le commandant Baptiston, dépouillé de ses bottes et de son uniforme par un rôdeur, se retrouve contraint de s’accoutrer avec les vêtements pris sur le cadavre d’une vieille femme. Ceux-ci lui semblent étonnamment lourds. En effet, ils cachent tout un trésor cousu dans les poches, les plis et les ourlets. Ce qui va permettre à Baptiston d’acheter la voiture du ministre de la météo et de filer jusqu’à Dax avec l'armée allemande sur les talons…
« L’Europe buissonnière » est un roman picaresque traitant d’une période douloureuse de notre Histoire, la seconde guerre mondiale, la débâcle, le STO et la vie dans les camps en Autriche. Le roman repose sur les aventures désopilantes de trois personnages, Muguet (sans doute un avatar de l’auteur qui se retrouva lui-même assujetti au Service du Travail Obligatoire), Baptiston et Superniel. Au hasard des chapitres, ils se croisent, se perdent de vue, se retrouvent dans des lieux improbables, au fil d’une intrigue pas très construite, mais plutôt faite d’impressions fugaces. Tout l’intérêt de ce livre, en plus du fait que c’est un document historique de première main, repose sur le style inimitable de Blondin. C’est léger, pétillant, humoristique, à la limite du déjanté, de la parodie avec pas mal d’ironie gentille. « L’esprit » français, dans toute sa singularité, dans toute sa finesse et son intelligence, n’avait rien à voir avec le « non-sense » britannique, ni avec l’humour absurde juif ou lourdingue américain. Il était unique, il était différent ; il a malheureusement disparu. Dans ce récit qui part un peu dans tous les sens, l’auteur a accumulé pour notre plus grand plaisir les situations rocambolesques et paradoxales tout en nous gratifiant de traits d’humour, de fulgurances ou de jeux de mots amusants (« Le baron Aycard de Langage » par exemple). L’ouvrage, paru en 1949 n’a pas pris une ride. C’est un véritable régal. Il faut lire ou relire Blondin !
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