La Revue de Presse littéraire de juin
La Revue de Presse littéraire de juin
Sorte d’ado un brin attardé, Muguet fut élevé et déniaisé par une jeune athlète polonaise qui lui servit de nourrice dans ses jeunes années. Un soir de beuverie, son ami Benjamin l’entraine dans un bordel, rue Chauchat, qui tient « du sous-marin, de la fumerie d’opium et du musée Gévin ». Il y rencontre une prostituée dont le visage ne lui est pas inconnu. Il s’agit de Maria Broudic, une des nounous qui l’a connu tout bébé. Cela calme immédiatement ses ardeurs… En pleine débâcle, le commandant Baptiston, dépouillé de ses bottes et de son uniforme par un rôdeur, se retrouve contraint de s’accoutrer avec les vêtements pris sur le cadavre d’une vieille femme. Ceux-ci lui semblent étonnamment lourds. En effet, ils cachent tout un trésor cousu dans les poches, les plis et les ourlets. Ce qui va permettre à Baptiston d’acheter la voiture du ministre de la météo et de filer jusqu’à Dax avec l'armée allemande sur les talons…
« L’Europe buissonnière » est un roman picaresque traitant d’une période douloureuse de notre Histoire, la seconde guerre mondiale, la débâcle, le STO et la vie dans les camps en Autriche. Le roman repose sur les aventures désopilantes de trois personnages, Muguet (sans doute un avatar de l’auteur qui se retrouva lui-même assujetti au Service du Travail Obligatoire), Baptiston et Superniel. Au hasard des chapitres, ils se croisent, se perdent de vue, se retrouvent dans des lieux improbables, au fil d’une intrigue pas très construite, mais plutôt faite d’impressions fugaces. Tout l’intérêt de ce livre, en plus du fait que c’est un document historique de première main, repose sur le style inimitable de Blondin. C’est léger, pétillant, humoristique, à la limite du déjanté, de la parodie avec pas mal d’ironie gentille. « L’esprit » français, dans toute sa singularité, dans toute sa finesse et son intelligence, n’avait rien à voir avec le « non-sense » britannique, ni avec l’humour absurde juif ou lourdingue américain. Il était unique, il était différent ; il a malheureusement disparu. Dans ce récit qui part un peu dans tous les sens, l’auteur a accumulé pour notre plus grand plaisir les situations rocambolesques et paradoxales tout en nous gratifiant de traits d’humour, de fulgurances ou de jeux de mots amusants (« Le baron Aycard de Langage » par exemple). L’ouvrage, paru en 1949 n’a pas pris une ride. C’est un véritable régal. Il faut lire ou relire Blondin !
En 1959, Blondin recevait le prix Interallié pour son roman « Un singe en hiver ». Trois ans plus tard Henri Verneuil l’adaptait au cinéma. 60 ans ont passé, le film est devenu un classique avec les mythiques dialogues de Audiard mais le livre lui n’est plus trop lu même si Blondin reste auréolé de sa légende tapageuse.
Et quel dommage de ne pas lire ce roman!
L’histoire ne vous surprendra pas, Verneuil l’a respecté à la lettre. Ce qui risque de vous étonner, c’est l’écriture de Blondin, marquée d’un classicisme exemplaire, un brin surannée même. Un texte que l’on peut qualifier d’exigeant.
Derrière cette plume rigoureuse, il y a un cœur sensible qui déroule un récit pudique et complexe sur une amitié masculine, sur deux solitudes qui se reconnaissent, s’apprivoisent et se sauvent.
C’est subtil, mélancolique et très touchant
Avoir entre les mains la superbe édition illustrée avec des images du film éponyme d'Henri Verneuil (1962) était assurément un plus. Je recommande l'édition collector paru aux éditions La Table Ronde, à l'occasion du centenaire de la naissance d'Antoine Blondin (1922-1991), elle est superbe.
Une dizaine d'année après la seconde guerre mondiale, dans le petit village de Tigreville en Normandie, Albert Quentin tient avec sa femme Suzanne un petit hôtel propret, il est encore très marqué par ses années comme fusilier marin en Extrême Orient. Quentin a renoncé à la boisson le jour du débarquement où sa femme et lui on eut la vit sauve malgré les bombes. Ils voient arriver un beau jour Gabriel Fouquet qui prend pension dans le but inavoué de renouer avec sa fille Marie. Rapidement il reconnaît chez Fouquet le démon de l'alcool que lui même tente toujours d'éloigner à coups de bonbons.
Un récit touchant car l'on s'attache aux personnages, à leur histoire, aux états d'âmes qui sont en fait le miroir de tout à chacun. Deux générations s'entrechoquent entre la flamboyance de Quentin, râleur et provocateur et celle de Fouquet qui apparaît comme désenchanté et malheureux. Puis à l'occasion d'une cuite mémorable, le récit s'enhardit avec l'ivresse des deux hommes pour les faire voyager l'un en Chine l'autre en Espagne.
Un livre qui nous parle d'une autre époque, qui forcément date un peu mais en ce qui me concerne , cela lui donne tout son charme. Une plume qui révèle les blessures des uns et des autres avec une sensibilité et une clairvoyance douloureuse. En fait je n'ai pas retrouver la même ambiance dans le livre que celle du film qui est plus festive avec son feu d'artifice final. Pour autant je suis ravie d'avoir pu découvrir cet auteur qui sait être drôle autant que profond. Bonne lecture.
http://latelierdelitote.canalblog.com/archives/2022/07/09/39505315.html
« O Henry c’est La Fontaine égaré dans un western ou chatouillant du pied la fourmilière new-yorkaise. Ses contes sont des fables. Antoine Blondin. »
« Il faut lire les auteurs au présent. Le monde de O. Henry n’est pas celui des boulevards toujours recommencés. C’est un bloc où les institutions, les rites, l’emportent sur les individus. On peut l’observer, l’éprouver. La fantaisie de O. Henry ne laisse jamais d’être réaliste. Elle est exemplaire en ce qu’elle transforme que ce qu’elle connaît. »
Ainsi s’exprime Antoine Blondin en interlude de ces huit fables. Kaléidoscope de scène de vie, l’as de cœur des chutes imprévisibles.
On aime le ton, la malice, les sous-entendus, les habitus décriés. Les décors qui tombent entre l’humour et la surprise. La théâtralisation des incidences sur les faits et gestes. Les conséquences des destinées refusant immanquablement tout corpus de choix.
Ces fragments acidulés au charme fou sont des mises en abîme, des sursauts. Une ascension fabuleuse dans l’empreinte d’un auteur surdoué dont le nom figure dans les manuels scolaires. Méconnu en France, ces fragments sont une chance éditoriale hors norme. Elles pétillent, surprenantes et osées, séquences déployées, d’aucuns trouveront la leur. Culte, ces fables sont une corbeille de fonds. Un livre qui trace l’esprit des bibliothèques de références où les histoires sont résurgences et rassurantes. « Les hypothèses de l’échec » sont le piédestal du renom. Rare.
Traduit de l’anglais (États-Unis) et présenté par Michèle Valencia. Précédé de O. Henry, nous voilà ! D’Antoine Blondin. Les illustrations intuitives de Stéphane Trapier. Publié par les majeures éditions de L’Arbre Vengeur.
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