"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Goliarda Sapienza face aux démons de son passé : cette Lettre ouverte est le premier livre de Goliarda Sapienza, celui où elle règle les comptes de son histoire familiale et devient écrivain. Publié en 1967, Lettre ouverte paraît l'année même où commence l'écriture de L'Art de la joie.
Acculée par ses contradictions, ses traumatismes et ses peurs, Goliarda Sapienza a décidé de faire face et de se confronter aux chaos de son passé.
C'est cela que nous propose avant tout
Lettre ouverte, la conscience d'un conflit intérieur majeur et la volonté de le surmonter. Peu importe si cette aventure oblige Sapienza à couper les ponts avec le monde culturo-bourgeois qui était le sien jusqu'alors, si elle la laisse cloîtrée chez elle, l'écrivaine ira jusqu'au bout :
" Je me trouve maintenant avec les tiroirs ouverts débordant de lettres, de photographies. Des rubans, des chemisiers, des livres en tas en plein milieu de la pièce, par terre ; la porte crucifiée par l'échelle que le concierge m'a prêtée. Je ne pourrai plus sortir. Je resterai ensevelie entre le divan et la porte. "
Lettre ouverte a d'abord été publié en 2008 par les éditions Viviane Hamy, au sein d'un recueil intitulé
Le Fil d'une vie. Pour cette nouvelle édition, la traductrice a entièrement révisé sa première traduction, forte de sa connaissance des oeuvres découvertes par la suite et des singularités - si grandes - de la langue de Goliarda Sapienza.
"Lettre ouverte" est une adresse de Goliarda SAPIENZA aux lecteurs qu'elle interpelle, à qui elle parle dans cette oeuvre qui est une auto-fiction thérapeutique. Elle signe "Rome, 1965" qui semble s'inscrire dans l'idée psychanalytique (psychanalyse qu'elle a fait un peu avant).
L'éditeur met en avant une autobiographie mais jamais rien n'est linéaire avec cette écrivaine : "je ne voudrais pas jeter le discrédit sur les morts et sur les vivants que j'ai rencontrés mais vu que m'ont été dits, comme à tout le monde du reste, plus de mensonges que de vérités, comment pourrais-je maintenant, moi, espérer vous parler en imaginant arriver à une ordre-vérité ? Eh non : je crois vraiment que cet effort que j'entreprends, pour ne pas mourir étouffer dans le désespoir, sera une belle enfilade de mensonges" (p. 15).
Ecrit par phases, sûrement sur plusieurs mois, elle jette sur le papier des morceaux de son enfance, de son statut de privilégiée face à ses copines des bassi c'est-à-dire des masures pauvres du bas de la cour, de sa mère si froide qui va finir folle avec ce cri comme leitmotiv "ne la viole pas!", de ses relations avec frères et soeurs, de son père qui aimait un peu trop sa fratrie (inceste), de cette ville de Sicile : Catane, de sa recherche dès l'enfance d'être aimée, elle qui est laissée au vagabondage dès qu'elle n'amuse plus la galerie.
C'est décousu bien qu'on sente que le style est là. Ayant lu le lumineux "Moi, Jean Gabin" qui est exactement sur le même thème, Lettre ouverte donne une impression de fragilité, d'inachevé.
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