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Alors que nombre de pays africains fêtent les cinquante ans de leur Indépendance, Edem Kodjo, ancien premier ministre du Togo et surtout ancien secrétaire général de l'Organisation de l'Union Africaine (OUA), lance un cri d'alarme et d'amour à l'Afrique.
De ce continent qu'il appelle sa « mère », son « amour », il aimerait voir ses enfants se lever, se mobiliser enfin et prendre leur destin en main. Edem Kodjo fustige la paresse, l'indolence, la « masse » inerte de ce continent pourtant assis sur des richesses exceptionnelles, humaines comme matérielles. A l'heure de la fête, pas de quoi se réjouir. Des années après l'Indépendance, un vent de liberté démocratique a soufflé, dans les années 1990.
Lors du congrès de Lagos, les Africains ont voulu faire le pari de la démocratie. Mais les despotes se sont contentés de ne lâcher qu'un peu de lest. Et le mythe technocratique des « états émergents » est né, qui a relancé les pays occidentaux dans l'exploitation des richesses du sous-sol africain. Malgré les conférences d'Alger et de Lomé en 1999, les coups d'Etat ont repris. Car le peuple ne pouvait croire longtemps à la parodie démocratique.
Ce qui manque cruellement au continent, selon Edem Kodjo, c'est le sentiment de justice. L'Afrique doit se reprendre en main, s'appuyer sur ses richesses pour se hisser sur le devant de la scène, comme l'a fait la Chine en quelques années. Edem Kodjo enrage de recevoir encore les leçons de l'homme blanc et voudraient que les Africains administrent enfin la preuve qu'ils sont bons à quelque chose. L'Afrique doit se comporter en adulte : « L'heure de nous-mêmes a sonné », disait Aimé Césaire.
Edem Kodjo doute que les Africains aient réellement pris conscience de l'Indépendance qu'ils célèbrent. Ils doivent cesser de singer l'Europe et adapter l'idée de démocratie à leur propre culture. Cette courte lettre ouverte, écrite par une personnalité qui compte en Afrique, ne manque pas de force et de poids. Elle fera sans doute grincer certaines dents, mais, venant d'un homme qui aime sincèrement son continent et a une vision de rassemblement, fera avant tout l'effet d'un appel.
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