L'essai de José Ortega y Gasset, publié il y a exactement un siècle, a marqué la pensée espagnole en abordant ce qu'on peut appeler « le problème de l'Espagne ». Ce texte est pleinement entré à la fois dans la culture politique et dans la culture scientifique et historiographique espagnole.
La manière qu'a le philosophe de proposer une lecture historique des difficultés politiques du présent du début des années 1920 (et la dictature de Primo de Rivera n'a pas commencé) le conduit à discerner dans la conjoncture un mal plus profond, enraciné dans une « malformation congénitale » du pays. Quand on connaît la suite de l'histoire - la dictature de Primo, la République, la dictature franquiste, puis la transition démocratique et son pacte de décentralisation - on ne peut que constater combien les intuitions d'Ortega ont imprégné, par adhésion ou par rejet, les conceptions de l'Espagne mises en oeuvre par l'État.
On est donc en présence d'un texte essentiel à la compréhension de l'Espagne contemporaine, d'un jalon clef dans le questionnement sur « l'identité » espagnole.
L'intérêt de sa lecture, aujourd'hui en France, débordera le seul domaine hispanique. Fernand Braudel avait été frappé, jeune lecteur, par cet essai.
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