Il n'est pas trop tard pour les découvrir... ou les offrir !
«Jacques :
- Quand je vois ce gros canard idiot en couverture, ça me rappelle tous ceux que j'ai abandonnés dans la mare de l'Elysée... C'est Mitterrand qui me les avait confiés ! C'était pas rien comme charge ! "Faudra bien s'en occuper" qu'il m'avait dit... J'ai bien répété ce conseil le 16 mai, là, quand j'ai filé les codes nucléaires, mais je sais pas, ça m'inquiète...
Bernadette :
- Ne dites pas de bêtises, mon ami. Nicolas ne les oubliera pas.
- Même pendant les vacances oe
- Il ne prendra pas de vacances. Les autres oui, mais pas lui. -Quels autres oe
- Ceux qui voulaient votre place, mon ami. Souvenez-vous.
- Ça me dit rien... Ah ! Si, si, okay ! dit Jacques en éclatant de rire. Les autres, oui, c'est vrai !»
Stars politiques en délire, paparazzis en folie, touristes hollandais en vadrouille... De Saint-Tropez au Japon : le grand-guignolesque succède à l'épique dans un roman au rythme d'enfer, au découpage cinématographique, au comique incessant mais pas innocent. Juillettistes, aoûtiens ou France au travail : les candidats vous ont promis la lune ? En attendant, voici du soleil !
Jean-Pierre Mocky, réalisateur bien connu, signe ici une comédie critique sur nos accros au pouvoir. Il invite les (électeurs à se remettre de l'overdose de la campagne en usant des remèdes les plus éprouvés de Rabelais, de Tati et des Marx Brothers.
Paris-Plage affiche une affluence record.
Le mètre carré de sable bien propre et bien jaune est aussi recherché qu'un mètre carré libre à Belleville par un cadre bavard en baskets rouges. Les serviettes de bain à touche-touche composent le plus beau patchwork, à rendre jaloux le peintre Robert Delaunay (et même la peintresse Sonia Delaunay, histoire de parité), à se croire au bord de la mer Noire de monde.
Allongé sur le sable, près du pont Notre-Dame, sous la voie Pompidou, Jean Dulac, journaliste chevronné au Petit Matin, s'est assoupi tandis qu'il observait une famille de touristes baragouinant une langue étrangère. Il a dédaigné la plage en caillebotis du Pont-Neuf et la plage en herbe du pont au Change, car à l'endroit de la berge où il s'est abandonné à l'envers, le sable doré est plus caressant qu'en amont. Les palmiers trop nains pour donner de l'ombre jouent néanmoins le rôle exotique pour lequel ils ont été mis en pot, et sous le brumisateur, au bord de la Seine, si on ferme les yeux, ça peut le faire : illusion de voyage et de volupté, et ça... c'est pas du luxe.
Jean se réveille brusquement et fusille du regard le gamin dont le ballon au sourire de Némo-le-petit-poisson-clown vient de lui frapper le dos en traître, il se redresse et se savonne la tête. Son regard s'arrête avec intérêt sur la partie inférieure de la fille de ses voisins qui lui tourne le dos et, par conséquent, lui montre comment on dissimule de nos jours les séparations naturelles par un string orange. Pas plus politique qu'un string. Jolie avec ses nattes blondes, elle domine ses parents affalés sur le dos. La main gauche en visière, la Gretchen scrute l'horizon des quais de la Seine. Le père lit un quotidien de la presse étrangère. Jean déchiffre le titre : Rotterdam Dagblad. Un journal néerlandais. «Ah, se dit-il, en se sentant moins idiot, des Hollandais.»
Soudain, la fille crie quelque chose à sa mère : «Pieter... Pieter...» La famille plie bagage en quatrième vitesse.
Jean reste perplexe : la traduction de «Pieter» c'est «Aux abris» oe
Les voilà qui courent, du coup, ils en oublient leur sac de plage. Jean se précipite et le leur tend. Une bonne entrée en matière, mais une mauvaise idée, le choix du slip kangourou ce matin (soit-disant must-have de l'été pour le magazine Elle) :
- Que se passe-t-il ? leur demande-t-il en anglais.
- Pieter, notre fils, a disparu, dit la mère. «Aux abris» a disparu.
Le père bouscule sa fille.
- Dépêche-toi, Renate, il est peut-être en haut, à faire les caisses.
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