"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Il y avait là de petites villes avec leurs églises, quelques commerces, des champs, et au loin, la centrale. C'était un coin paisible entouré de montagnes et de forêts. Jusqu'à l'accident. Il a fallu évacuer, condamner la zone, fuir les radiations. Certains ont choisi de rester malgré tout. Trop de souvenirs les attachaient à ces lieux, ils n'auraient pas vraiment trouvé leur place ailleurs. Marc, Alessandro, Lorna, Sarah et Fred sont de ceux-là. Leur amitié leur permet de tenir bon, de se faire les témoins inutiles de ce désert humain à l'herbe grasse et à la terre empoisonnée. Rien ne devait les faire fléchir, les séparer. Il suffit pourtant d'une étincelle pour que renaisse la soif d'un avenir différent : un enfant bientôt sera parmi eux.
Laurent Petitmangin, toujours aussi bouleversant d'humanité, nous raconte les souvenirs indélébiles, les instincts irrépressibles et la vie qui toujours impose sa loi au coeur de ces terres rendues au règne animal.
Cela fait un moment que j’ai terminé ce livre, mais je n’avais pas pris le temps de vous en parler. J’avais besoin certainement de poser mes mots.
Laurent Petitmangin imagine une intrigue aux ramifications multiples, avec à la fois un récit introspectif, mais aussi un monde post catastrophe nucléaire, un genre d’anticipation mais bien ancré dans la réalité.
Sous couvert d’évoquer une catastrophe, l’auteur aborde des thématiques très actuelles notamment sur l’utilisation du nucléaire mais aussi sur l’être humain. Là où d’autres auteurs explorent la part sombre qui ressurgit en l’être humain, lui imagine une continuité de la vie avec les travers bien actuels dans un monde en perdition.
Un monde enclavé, dans ce petit village, où une poignée d’irréductibles bien trop attachés à leurs souvenirs, restent. Car partir c’est perdre une partie de soi, c’est oublier, c’est tourner la page. Le plus dur n’étant pas de partir, mais bien d’oublier tout un pan qui les aura soudés et parfois construits. Alors, ils restent, s’habituent, s’aiment et continuent à s’aimer, malgré la douleur…
Une résilience à toute épreuve, un avenir incertain, mais vivant au sein de la nature qui reprend ses droits. Ailleurs, la vie a continué, mais chez eux la vie est comme un rêve, elle oscille entre désirs et désillusion, fortement ancrée dans cette terre, rendue infertile, empoisonnée par la grâce de l’Homme.
Ils ont oublié la vie, mais la vie se charge de se rappeler à eux, se charge de leur dire que la vie est ailleurs. Pourtant les choix ne sont pas simples…
Rien dans Les terres animales ne permet de situer la temporalité ou le lieu, ce qui permet à chaque lecteur de s’approprier pleinement le récit et de la transposer à son quotidien et même si l’idée d’une catastrophe nucléaire peut sembler convenue, et peut-être moins nous faire peur, car usée jusqu’à la corde, ici l’auteur s’attarde sur l’humain beaucoup plus que la catastrophe en elle-même.
Et c’est ce qui rend le récit lumineux, malgré cette noirceur sourde. Les personnages sont bien ancrés dans la réalité avec une psychologie propre, ordinaire et ça fait froid dans le dos. L’entraide est le cœur de la réussite et c’est, en substance le message que l’auteur nous laisse, tout en usant d’une plume poétique matinée d’émotion et d’une beauté saisissante à l’image de cette nature qui reprend ses droits.
Ne vous attendez pas à un rythme de folie, ni à un page turner. Non pas que ce ne soit pas un bon livre, bien au contraire ! C’est un livre qui prend son temps, pour laisser le temps au lecteur de s’imprégner, mais dont chaque ligne lue, chaque page tournée, amène à la seule solution possible. Rester c’est se résigner à mourir à petit feu, mais partir c’est s’ouvrir à la vie et perdre une partie de soi….
https://julitlesmots.com/2024/05/23/les-terres-animales-de-laurent-petitmangin/
Laurent Petitmangin revient avec cette fiction dystopique dans un univers post-apocalypse. Un roman à deux voix avec celle de Fred et Sarah qui permet l'exploration des différents raisonnements. Les personnages sont attachants.
Un récit mettant en avant les relations de couple, l'amour, la survie, les liens humains, de la poésie et l'espoir.
Une plume efficace, douce, une vision de l'homme, la nature et de la résilience. Des questionnements, des certitudes et des hésitations. Une ode à poursuivre la vie.
"Notre amour n'a plus rien des premières années. Toute sa surface est lessivée, salement lessivée. Et rien dans les jours qui s'abattent ne ramène la moindre légèreté qui pourrait faire notre bonheur. On s'aime encore, d'un amour assommé. Vitrifié. Deux grands brûlés. Qui partagent la même chambre."
"La maison est bouclée. Allessandro et Lorna ont fait pour nous tout ce que les autres avaient fait ,ils l'ont fermée proprement ,comme si on allait y revenir un jour. Comme une simple demeure de vacances, qu'on cadenasse au dernier jour de l'été. Les deux partiront demain, ou un peu plus tard. Les Ouzbeks ne partiront pas, pas tout de suite en tout cas .Ils veilleront encore sur ces terres animales "
Il est des Terres que l’on ne parvient pas à quitter. Parfois parce que nous y avons nos racines et qu’elles sont notre berceau. Parfois aussi parce qu’elles sont imprégnées d’un bonheur qu’elles ont nourri et ont vu grandir. Mais lorsqu’elles renferment en leur sein des êtres qui nous sont chers, alors elles nous enchaînent à elles pour toujours, bien au-delà du raisonnable, jusqu’à la folie même.
Car pour s’attacher à ces Terres interdites qui ont été détruites par l’explosion de la centrale de Tchernobyl, il faut avoir une raison bien plus forte que tout entendement.
Ils sont cinq à vivre dans la Zone, deux couples et un homme, une petite communauté qui résiste à l’évacuation depuis 2 ans et se débrouille avec ce que contiennent les maisons abandonnées par leurs habitants.
Mais il y a aussi en terre, le corps de la petit Vic, l’enfant d’un des deux couples, disparue avant la catastrophe, qui rend la perspective d’un départ impossible.
On se rend vite compte que malgré tout l’amour que ces cinq-là se portent, la pression des autorités et la difficulté du quotidien rendent la situation bien précaire, d’autant plus que s’annonce la naissance d’un nouvel enfant.
J’ai trouvé le sujet passionnant et l’ambiance que crée Laurent Petitmangin est saisissante. Car l’effondrement est inévitable à partir du moment où il devient impossible de justifier une prise de risques mûrement choisie, face à la fragilité d’un enfant.
Ce roman avait tout pour m’embarquer dans un tourbillon d’émotions et, en rupture avec la normalité, les réflexions de chacun sur ce qui est essentiel dans la vie m’ont souvent interpellée.
Pourtant il m’a manqué des éléments parfois, pour faire le lien entre les faits ou expliquer le passé de ces gens, pour mieux comprendre leur marginalité, mieux m’identifier à eux.
C’est rare que je trouve un roman trop court mais c’est le cas ici et je reste un peu sur ma faim en me disant que, dans cette plongée en terre hostile, le rivage n’aurait pas dû arriver si tôt. Dommage, j’étais partie pour nager un peu plus longtemps dans cette mer de verdure.
Fort remarqué il y a trois ans avec « Ce qu’il faut de nuit » (multi-récompensé et bientôt adapté au cinéma), Laurent Petitmangin revient avec son troisième roman - « Les Terres animales » - sur le terrain post-apocalyptique. Sans jamais verser dans la dystopie ou le survivalisme, l’auteur s’attarde plutôt sur les rapports humains, à travers une histoire d’amitié en zone irradiée. Comment se protéger, comment vivre et aimer, comment faire solidarité en pareilles circonstances ?
Quand « l’accident » est survenu, la plupart sont partis, sauf Alessandro, Marc, Lorna, Sarah et Fred. Pourtant, ils vivent désormais dans une « zone qui avait vécu dix Fukushima ». Pourquoi rester ? Les souvenirs qui rapprochent, la peur de ne pas trouver sa place ailleurs, et un amour enfoui au creux de cette terre auquel il est impensable de renoncer.
La vie communautaire a pris l’ascendant sur le couple. Ils sont cinq à refuser de quitter « Les terres animales », cinq dont les cœurs palpitent sous les combinaisons qu’ils revêtent pour sortir. Au-dessus de leurs têtes, les hélicoptères de surveillance tournent sans arrêt. Toute la zone, qui est pourtant immense, est électrifiée, gardée et surveillée. Des hélicoptères et des drones volent sans arrêt au-dessus d’eux pour suivre l’étendue des dégâts.
Cloisonnement, confinement, combinaison, autarcie sont leur lot quotidien. Être toujours sur ses gardes pour ne pas s’exposer aux radiations, rester ensemble et soudé face à l'adversité, cela demande une rigueur et une force mentale à toute épreuve. Dans ce quotidien bien huilé, un événement inattendu et providentiel va survenir, ce qui va modifier en profondeur les rapports entre les membres de cette petite communauté.
Sur cette terre noire et funeste, irradiée, des choses incroyables peuvent encore se produire…
Même si on pouvait légitimement être surpris de voir Laurent Petitmangin s’attaquer à univers post-apocalyptique, le lecteur est vite rassuré de retrouver dès les premières pages, cette plume si marquante qui avait tant plu dans « Ce qu’il faut de nuit ».
À aucun moment, l’auteur ne s’aventure dans le champ du survivalisme ou de la dystopie, préférant s’attarder sur les rapports humains, sur les comportments de ”résistants", celles et ceux qui restent qui restent sur leurs terres, quitte à devoir retrouver l'instinct animal.
Avec cette économie des mots qui caractérise le style Petitmangin, l’auteur campe une atmosphère très particulière, propice à la contemplation et à l'introspection, mais qui recèle néanmoins une certaine tension, croissante tout au long du récit.
La psychologie des personnages est soignée, portée notamment par une narration à la première personne, alternant les points de vue entre Fred et Sarah. Cela offre des pistes de réflexion interessantes (rester ou partir ?) mais qui n’empêchent pas l’intrigue de s’essouffler en deuxième partie de roman. Le regain d’intérêt qui aurait dû se manifester au moment de bascule est gâché par une quatrième de couverture trop bavarde.
Une lecture intéressante mais qui n’aura pas su renouveler le coup de cœur de son précédent livre « Ce qu'il faut de nuit ».
Un huis clos habilement construit qui fait la part belle aux thèmes de prédilection de l’auteur : l'amour, l'amitié, la paternité, la fidélité aux liens qui nous unissent, leur fragilité aussi. Le tout dans une nature qui parait plus belle que jamais alors qu'elle n'aura jamais été aussi nocive. Une réflexion forte et troublante… un peu effrayante aussi, mais qui manque d’un élan narratif pour relancer l’intérêt de lecture décroissant au fil des pages.
Crépusculaire, dans une orée profondément humaine, « Les Terres animales » est une dystopie qui pourrait advenir un jour certain, au plus près de nous.
Judicieux et pétri de sentiments, ce récit est une mise en abîme finement sociologique et psychologique.
Un drame nucléaire, d’une ampleur catastrophique qui dépasse Fukushima, foudroie une région, voire plus.
Laurent Petitmangin zoome sur un village. La zone est sanctifiée. Les radiations prégnantes, irréversibles et sournoises, sont les vestiges d’une destruction lente, aveugle et noire.
On imagine le basculement vers le chaos, le glacé d’une terre devenue stérile.
Un lieu fantomatique où, pourtant un groupe d’amis vont rester. Se confronter aux épreuves et inventer un modèle de société dont on pressent la vulnérabilité.
La résistance face aux diktats d’un monde qu’ils réfutent. Faire comme si. Ne pas rejoindre la rive du monde d’avant. Continuer à avancer dans une autarcie où la frontière mentale est la parabole du nihilisme. Ils sont condamnés et le savent.
Mais le vivre-ensemble n’est pas empoisonné. Alessandro, Lorna, Marc, Sarah et Fred ; complices et soudés, dans cette épiphanie imaginaire, celle de marcher à l’aveugle, vont œuvrer pour un nouvel habitus.
Le récit est un hymne à la nature, aux palpitations d’une terre pourtant ravagée. Au silence qui sanglote et qui quête un appel d’air pur. Les attitudes des uns et des autres, les efforts et les soumissions aux compteurs Geiger. Cette nouvelle géographie qui blesse les sentiments et les opportunités, les espoirs et le futur pris en tenaille.
On aime voir Alessandro, le charpentier, compagnon des résiliences, sur les toits, afin de réparer cette métaphore entre le temps présent devenu et l’ancien monde.
Pourtant, il suffirait d’un signe de main pour quitter le village et rejoindre la noria du recommencement dans le miroir faussé d’avant. Le gué où s’agite un nouveau point de départ. Le choix est toujours possible. Mais ce livre est d’une haute capacité. La conscience d’une utopie dessinée à la plume. Dans le village où ces jeunes êtres sont en proie aux désirs, aux fiançailles des sensualités, aux drames et souffrances, Laurent Petitmangin enchante ce qui ne peut être radié. On ressent un viatique. Un regard tourné vers la lumière intérieure. L’écriture est la Canopée.
« Il était là, j’étais là aussi, et dans ce village assez étanche au reste du monde, cela suffisait. »
Que dire de l’autre village où vivent les plus vieux, le vieux docteur dont on aime la théologale approche du soin. Les Ouzbeks qui tirent sur les drones comme sur des lapins. Le refus de la surveillance et de l’autorité. Ils veulent l’espace libre. Se penser comme des seigneurs dans un village en dérive. C’est une poésie de détresse sourde. Le pouvoir des Terres animales. Le regain dans une autre palette de couleurs.
« Les Terres animales » est profondément humaniste. Les radiations comme des taches noires sur les espérances. L’animalité qui cherche son souffle. Bien au-delà, le rythme hypnotique d’un récit plausible.
Dans la lignée « Des enfants de Noé » de Jean Joubert, « Malevil » de Robert Merle, (mon livre de chevet), « Les Terres animales » est lucide et fondamental. Finement philosophique, il y a des envolées de tendresse, des corps lianes qui s’éprouvent et s’approuvent. Un bébé à venir qui va tout bouleverser. Un arbre généalogique édénique.
L’éthique de la survivance. Que va t-il se passer au plus profond des terres animales qui vont subrepticement prendre conscience du temps présent ?
Ce livre sonne le glas de nos arrogances. Il est une ode, un livre de salut. Superbement filmique, au ralenti, il semble un modèle de résilience. C’est un rai de lumière en plein hiver. Écologique, au plus près « je hurle pour les autres . » Publié par les majeures Éditions La Manufacture de livres.
Suite à une explosion nucléaire, toute une zone est radioactive.
Dans un village, cinq amis refusent de quitter les lieux et vivent, avec quelques groupes épars, dans des conditions de protection extérieure maximales.
Tout se passe bien jusqu'au jour où la naissance d'une enfant change la donne et sème la discorde.
Voilà un auteur qui ne publie pas chaque année, comme certains (ce qui me laisse toujours dubitative), mais qui offre des romans du qualité.
C'est le troisième.
Chaque fois un sujet bien différent.
Mais toujours une grande maîtrise.
L'histoire coule d'elle-même et le livre se lit d'une traite.
Une grande sensibilité, un style efficace et souvent poétique, des personnages attachants.
Une intrigue intéressante.
Tous les ingrédients d'un bon roman, et celui-ci en est un.
Les terres animales - Laurent Petitmangin
Trois hommes et deux femmes ont souhaité continuer à vivre dans un lieu décrit comme paisible entouré de montages et de forêts ; lieu que tous ont déserté à la suite d’un accident et de radioactivité. La vie s’est organisée. De la débrouillardise, des réquisitions sauvages, et du troc…
C’est un roman qui met en relief l’autonomie d’un petit groupe de personnage en huis clos dont on a du mal à percevoir l’environnement, à connaître et ressentir véritablement les pensées, le pourquoi du comment. Laurent Petitmangin a souhaité mettre en exergue une humanité en dehors de ce que l’on connaît aujourd’hui.
La deuxième partie est plus tangible puisqu’un nouvel évènement arrive et est à prendre en considération. L’affectif est plus prenant, le ressenti plus palpable.
Si le premier roman avec ses 25 prix a été effectivement un succès ; son deuxième roman tout aussi magnifique, sont troisième est malheureusement moins à la hauteur, mais l’écriture est toujours très belle surtout quand il côtoie le drame.
J’attends avec impatience le quatrième !
Et voici le petit dernier de Laurent Petit Mangin, tant attendu (Ce qu’il faut de nuit, Ainsi Berlin).
Des petites villes, des commerces, des églises, des gens et une centrale. L’accident. L’évacuation. La zone condamnée par les radiations. Et ceux qui décident de rester, ancrés dans leur terre contaminée. Les amis, les amants, et un jour, un enfant.
Laurent Petitmangin nous écrit sa vision de l’Humanité, une histoire pleine de tensions, et de fraternité, de solidarité.
Une fiction si proche de la réalité ; un roman qui aurait pu être de la science fiction, mais qu’on sait tellement possible.
J’ai aimé ce décor si bien décrit, cette ambiance si pesante, l’ombre des autres, ceux qui sont partis en zone libre, qui ont tout laissé derrière eux, fermé leur maison et tourné le dos à toute leur vie par opposition à ce petit groupe qui est resté.
J’ai aimé l’alternance du texte tantôt écrit par Fred, tantôt par Sarah, leur vision de leur monde clos, chacun la leur.
Laurent Petitmangin frappe très fort avec ce troisième roman, hors norme et très animal.
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