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Christian Giudicelli achève par ce volume sa trilogie personnelle, débutée avec Les Passants (2007) et La Planète Nemausa (2016). Ici, les passants sont devenus plus fantomatiques, ils s'estompent dans le souvenir de l'auteur, d'où la nécessité de les retenir par les mots et de les transformer par le biais de la littérature en « spectres joyeux » : un pompier sauveteur anonyme, le plus laid des critiques littéraires de la capitale, une condisciple de la Sorbonne éprise de notre auteur, un guadeloupéen superstitieux, un organiste d'église, le fantasque fils adoptif de Julien Green, un moine dominicain sosie de l'acteur Alec Guiness...
Rencontres d'un jour ou d'une nuit, d'une vie quand il s'agit du compagnon d'exception Claude Verdier, les observations qu'en donne Christian Giudicelli sont toujours justes et pénétrantes, l'approche est tendre, l'intention amusée, le fond grave. En littérature, sa préférence va aux écrivains ignorés des manuels. En musique, l'exercice d'admiration est réservé à Ravel, Stravinski, Messiaen. Dans la cinémathèque intime, on retient les noms de Murnau, Eisenstein, Keaton, Fellini, Pasolini.
Ces portraits nourris de fines notations et d'anecdotes colorées ne sont pas exempts de nostalgie et l'auteur de citer Oscar Wilde : « ce qu'il y a de terrible dans le fait de vieillir, ce n'est pas d'être vieux, c'est de rester jeune ».
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