Cher Pourrat, Votre livre est venu me trouver avant hier dans ce petit puys de montagnes suisses où je suis.
Je l'ai dévoré, comme un ogre. Quel plaisir de trouver à la fin le récit de la journée de Manosque ! et, quel dommage que vous soyez d'ordinaire si loin à Ambert, et moi si loin à Manosque et qu'on ne puisse pas aller, vous et moi, tranquillement dans les chemins à cueillir des fruits ensemble. L'autre jour je suis allé voir Ramuz. Voilà qu'on est tous dispersés sur la terre. La terre est très belle mais comme on la trouve vilaine quand elle nous sépare des amis.
Je suis venu ici chercher de la paix, du dépaysement, un peu de lourdeur. Avec tous ces gens légers, là-bas, on finit par ne plus oser poser ses pieds par terre de peur d'être ridicule. je travaille un peu et je me promène. Comme je vous verrais avec plaisir ! J'aime énormément votre livre. Un beau livre, presque un navire, un voilier, pour le pays, vous savez... Ma fidèle amitié
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