"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Comme les écrivains, les philosophes ont beaucoup écrit pendant la guerre de 14. Ils n'ont pas seulement écrit, ils ont agi, acceptant des missions (Bergson, Scheler), s'engageant contre la politique de leur gouvernement (Russel), ou préparant la révolution (Lénine). Certains qui n'y étaient pas tenu ont voulu combattre et se taire en même temps (Alain). D'autres se sont crus obligés de combattre par la plume et la propagande. L'action des philosophes, à son tour, s'est enregistrée dans des documents, des archives, des discours publics. Elle a produit un effet de sens sur l'orientation et le devenir de leur oeuvre, ne serait-ce qu'en l'interrompant pour quelques-uns. Il fallait prendre la mesure de cet ensemble d'idées, de pratiques, et de textes, dont la confrontation concerne aussi bien la philosophie de l'histoire que la mission du philosophe, et met en cause le lien de l'Europe et de la philosophie. La question ultime qui se noue à partir de la discussion méthodologique est celle du nom de « philosophe » et de sa problématique réduction à celui d'« intellectuel ».
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