Inspirée d’une histoire vraie, cette BD apporte des conseils et des solutions pour sortir de l'isolement
« Ce matin, je sors, plutôt pressé, et j'ai pas fait trente mètres, que paf... une rouge avec sa marmaille me rentre dedans au coin de la rue. Elle se casse la figure et me gueule dessus. Elle me dit que je l'ai fait exprès, que c'est une agression. En temps normal, on se serait excusés, j'aurais fait mon sourire de faux cul et tout serait rentré dans l'ordre. Mais non, je trouve rien de mieux que de lui cracher : "fais pas chier sale rougeaude" et manque de pot, une passante qui arrive derrière moi a tout entendu. C'était puni par la loi du genre super sévère depuis les événements, à égalité avec viol de gamin ou presque. On était à trente mètres de chez moi, ils m'ont facilement retrouvé. Et là mes amis, mes problèmes ont commencé, et des vrais comme on n'en fait plus. » Amédée Gourd est raciste. Il pense comme il parle. Mal.
La société entreprend de le rééduquer.
Grinçant par son sujet, ce roman tendre et loufoque met en scène un antihéros comme on en voit si peu dans les livres, et si souvent dans la vie.
Une histoire d'amours ratées mais de haine réussie.
Une fable humaine, trop humaine.
Amédée Gourd est raciste et le revendique. Cet anti héros se livre ici dans un roman dérangeant mais percutant. L’oralisation et la brutalité des propos sont parfois heurtant mais on lit ce roman avec intérêt.
Cet homme est un monsieur tout le monde comme on en trouve plein dans notre société qui ne se pose pas forcément de questions qui est raciste presque par habitude sans réel argument. La différence le dérange. Il a été éduqué par sa mémé, intolérante certainement par habitude et misère sociale comme intellectuelle, elle aussi, mais il n’a qu’elle alors il ne se pose pas de question. Autant il aime ce qui lui est proche autant il rejette ce qu’il ne comprend pas.
Anti héros du quotidien, peu souvent représenté dans la littérature, ce roman ne se veut pas moralisateur. Il se pose la, comme constat, à chacun d’y voir et d’y trouver ce qu’il y souhaite.
Je le conseille pour la réflexion presque sociologique qu’il apporte, pour les jeux de mots et l’écriture pressante qu’on y découvre. Ce roman sera surement sujet à controverse, il m’a un peu rebuté au départ mais j’ai tout de même apprécié sa lecture.
J'ai beaucoup aimé ce roman. Il dérange nos bonnes pensées, révèle notre intolérance. Les expressions revues et corrigées à la sauce Amédée Gourd (le personnage principal) ne manquent pas de faire sourire.
Pour un premier roman, Emmanuel Brault marque les esprits. Il rue dans les brancards du politiquement correct en s’attaquant à un fléau antédiluvien, la haine de l’étranger ! Le gros mot est lâché. Pourtant, c’est sans jugement que l’auteur prête sa plume à un raciste décomplexé, un être mal dégrossi et analphabète. Pour laisser s’épanouir tous les ressorts de ce personnage, il crée une société imaginaire où vivent les blancs et les rouges, les rouges représentant l’union symbolique de tous les peuples stigmatisés par leur couleur de peau. Dans ce monde de fiction, le racisme est puni tel un assassinat. Amédée Gourd va vivre les accusations, la mise à l’index, la honte, la prison, la cure de désintoxication, l’espoir de guérison. Grâce à une narration sans filtre, sans pudeur de langage, sans autocensure, la fable parvient à toucher le lecteur avec sa musique ensorcelante qui, par un dosage équilibré, déploie la palette des nuances entre l’abjection et la compassion.
Amédée est un être ordinaire, un cariste sans histoire, se contentant de sa médiocrité. Il n’est pas bien méchant, mais il ne faut pas l’asticoter. Quand un jour, une Peau rouge enceinte le bouscule sur le trottoir, les insultes fusent, un témoin s’indigne. Alors, les ennuis s’abattent en escadrille. Il proclame son innocence au tribunal, mais revendique sa détestation des hommes à la peau rouge. À cet aveu qui lui échappe, l’incident se mue en agression volontaire à caractère racial sur une femme, de surcroît, enceinte. Amédée Gourd devient alors un objet de la haine publique. Il va connaître une descente aux enfers vertigineuse : la prison, la violence, un fort sentiment d’injustice et l’immense chagrin d’avoir dû laisser sa mémé impotente… Quand, un mois plus tard, on lui propose une cure de désintoxication pour éradiquer sa haine, il accepte. Il veut changer, il est certain qu’il peut changer. Il suffirait qu’on l’aime juste un peu. Mais voilà, peut-on aimer un ex-raciste ? Le nouvel Amédée veut y croire…
Le lecteur suit avec intérêt les tribulations de ce raciste handicapé du bonheur. C’est plus fort que lui. Contre toute attente, il est prêt à lui trouver des circonstances atténuantes, et même à croire à sa reconversion rédemptrice. L’auteur est très à l’aise avec ce thème pourtant dérangeant et peu abordé, du moins pas aussi ouvertement. Il a su créer une atmosphère à la Céline, avec une frénésie poétique dans l’écriture. Le langage est populaire, imagé et coloré ; cette impression est renforcée par le défaut de négation et le détournement d’expressions, lorsqu’Amédée se “met à rassasier les mêmes pensées” ou partage ses “ébats d’âme“. Cette limitation intellectuelle, qui l’empêche de savoir d’où lui vient son racisme, consolide la crédibilité du personnage. On peut s’en défendre tant qu’on veut, on y croit à ce raciste au cœur attendri par sa mémé. Ce roman, qui navigue entre la tragédie et le drolatique, n’a pas d’ambition moralisatrice. C’est un ovni qui a sa place dans le paysage littéraire, ne serait-ce que parce qu’il vient éclairer la part d’ombre tapie en chacun qui peut surgir à tout moment. Un roman courageux, réussi et rageusement humain.
J'aime bien les auteurs qui osent, ceux qui sont tout sauf consensuels et qui ne font pas dans la facilité. Suite à la lecture de LES PEAUX ROUGES, j'ai l'impression qu'Emmanuel BRAULT est de ceux-là et je salue d'autant plus son audace qu'il s'agit de son premier roman.
Evoquer le racisme, rien de bien original me direz-vous; sauf quand on choisit de se placer du côté du raciste, d'en faire le "héros" de son roman et de nous présenter un personnage jusqu'au-boutiste.
Oui, Amédée GOURD est raciste, il ne supporte pas les rouges, et il est où le problème, il assume, et comme on ne peut plus le dire hé bien il décide de nous l'écrire. Sauf que parfois ça déborde et qu'il le dit quand même, comme cette fois où il se cogne à une femme rouge enceinte, qu'elle tombe, s'énerve contre lui et qu'il répond en retour "fais pas chier sale rougeaude". Condamné pour des violences et des insultes à caractère raciste, Amédée part en prison.
LES PEAUX ROUGES est un livre courageux, parce qu'il s'attaque au racisme en donnant la parole au raciste et pas aux victimes, c'est à dire à un sujet toujours tangent car rarement dépassionné, en tout cas un sujet pas du tout "bankable" quand il est traité de ce point de vue-là. Qui se préoccupe du raciste?
C'est aussi un livre intelligent, subtil.
D'abord, en choisissant de faire des rouges et donc d'une population imaginaire la cible du rejet d'Amédée, Emmanuel BRAULT évite toute critique liée au fait de mettre en avant une population ou une religion plutôt qu'une autre.
Ensuite, l'auteur évite de tomber dans le cliché du raciste que vous ne pouvez que détester - j'y reviendrai - créeant un contraste entre l'ignominie du personnage, la violence avec laquelle il déteste les rouges, et le dévouement et la tendresse qui transpirent de lui lorsqu'il s'occupe de sa grand-mère et l'évoque. Emmanuel BRAULT nous parle de ce raciste du quotidien, celui qui fait profil bas la plupart du temps mais n'en pense pas moins, celui qui est raciste sans savoir pourquoi, juste parce que les rouges ne sont pas comme lui, celui dont le rejet n'est en fait que l'expression de la peur et de l'incompréhension de la différence.
Enfin, le passage sur la cure imposée à Amédée par le juge m'a beaucoup intéressée. S'il veut abréger sa peine de prison, Amédée va devoir suivre - et réussir - une cure d'antiracisme, une sorte de groupe de paroles autour du suivi psy, de la musique... et du "pourquoi c'est mal, le racisme". Personnellement, j'ai songé à la déradicalisation... et plus généralement ce passage suscite plein de questions. L'auteur instille une certaine forme de suspense, notre curiosité est titillée : pendant cette cure Amédée est-il sincère ou se conforme juste à ce que le juge attend de lui? Une fois sorti, est-ce qu'il va tenir le coup ou est-ce que la naturel va revenir au galop? Peut-on vaincre le racisme d'un individu juste avec des bons sentiments?
LES PEAUX ROUGES est également un livre dérangeant, dans le bon sens du terme, ce genre de livres qui vous bouscule dans votre confort et qui pousse vos certitudes dans leurs retranchements. Je me suis surprise à rire lors de ma lecture, à rire d'Amédée, puis avec lui, à le plaindre et même à le trouver touchant... avant de ressentir une certaine gêne à éprouver la moindre forme de complicité et de compassion envers lui. Parce que c'est un raciste, quand même, ce genre de personne ne peut - ne doit pas - susciter de ma part ni empathie ni aucune autre forme de réaction positive. Et pourtant si, ce qui démontre à mon sens toute l'intelligence et la subtilité de ce roman.
Seul bémol, la fin que je n'ai pas vraiment comprise, mais je conçois qu'il était d'avance compliqué de trouver un terme à l'histoire d'Amédée.
LES PEAUX ROUGES est assurément un roman pas comme les autres et ça n'arrive pas si souvent; je suis certaine qu'il suscitera des réactions diverses et variées et sûrement pas toujours aussi positive que la mienne; à vous de tenter cette drôle d'expérience qu'est cette rencontre avec Amédée GOURD.
http://cousineslectures.canalblog.com/archives/2017/10/04/35738145.html
En fait, ce roman, c'est son titre qui m'a intriguée. Les Peaux rouges, ça m'a rappelé les westerns de mon enfance, ces Indiens qui se peignaient le visage et le corps et que les blancs avaient ainsi dénommés. J'ai eu envie de creuser un peu le sujet et j'ai bien fait.
Amédée Gourd est raciste, il ne s'en cache pas, lui. Je vous cite les premières lignes du roman pour vous en convaincre. Amédée travaille dans une usine, il est cariste chez Vinoveritas et travaille sur les quais de train de fret. Il vit avec sa grand-mère qui l'a élevé. Sa mère était alcoolique, elle a quitté le foyer quand il n'avait que 6 ans. Aujourd'hui, c'est lui qui s'occupe de sa Mémé, il fait les courses, prépare le repas et la couche le soir. Un matin, en allant au travail, il renverse une femme sur le trottoir, une Peau rouge avec ses enfants, elle hurle, il l'insulte au moment où une femme passe et voit la scène. A partir de ce jour-là, la vie d'Amédée va basculer.
Ce roman est une satire de notre société, de celle qui a mis les violences verbales et les actes à connotation racistes au sommet de la hiérarchie des délits. Alors qu'Amédée pensait que les choses allaient en rester là, il s'est très rapidement retrouvé, à son tour, stigmatisé par ses collègues. La nouvelle s'est rapidement répandue dans l'entreprise et Amédée est devenu persona non grata. Amédée a franchi la limite, ça ne se fait pas, il paiera pour son abus de faiblesse.
Ce qui m'a intéressé dans ce roman, ça a été de me mettre dans la peau (entendez par-là la tête) d'un homme raciste et de découvrir le pourquoi des choses.
Emmanuel BRAULT dresse le portrait d'une population baignée dans l'ignorance et la peur de l'autre. Les comportements répondent à des sursauts d'angoissés.
Nous sommes dans un milieu ouvrier, masculin, faiblement rémunéré, un brin caricatural je vous l'accorde. Mais le plus intéressant finalement c'est la narration à la première personne. Amédée porte un regard sur lui, il explique lui-même pourquoi il en est arrivé là.
Amédée, enfant, a eu une vie de famille chahutée, cabossée pourrait-on dire pour rester dans le registre du roman. Il a été élevé par sa grand-mère. Elle lui a transmis ce qu'elle pouvait mais en matière de règles de vie, il faut bien dire qu'Amédée manque un peu de repères, alors c'est la société qui va lui donner.
Côté vocabulaire, là aussi, il y a quelques soucis. Amédée prend un mot pour un autre, résultats, de nombreuses expressions revues et corrigées qui prêtent à rire bien sûr.
On imagine assez bien un Amédée isolé quand il était petit garçon, du côté de ceux qui n'ont rien ou qui sont les boucs émissaires et comme l'humain a un besoin irrépressible de trouver plus faible que soi, et bien Amédée a trouvé !
Derrière ces parenthèses qui donnent un peu de légèreté à un propos grave (la situation des Peaux rouges, les Indiens cette fois, n'est toujours pas réglée, entre génocide et ethnocide, le coeur des anthropologues balance), il y a l'itinéraire d'un homme dont l'affaire va l'amener à côtoyer l'univers de la justice. Et là, c'est le choc des cultures, la lutte des classes éclabousse le visage d'Amédée. Lui se revoit petit garçon devant toutes les femmes qui vont croiser son chemin, elles, sont toutes des maîtresses d'école. Entre la juge qui va le responsabiliser pour ses faits et la psychologue qui va le contraindre à mettre des mots dessus, Amédée ne sait plus bien qui il est, il se sent étranger dans sa vie.
La tendresse transmise par la grand-mère à son petit-fils n'y suffira pas, le fossé est trop grand pour être franchi par Amédée. Le regard porté sur notre société est noir. Mais c'est avec des romans comme ceux-là qu'il est possible d'avancer, encore faut-il être prêt à l'accepter ! Les éditions Grasset, que je remercie vivement pour cet envoi, en ont pris le pari, il est ambitieux mais mérite d'être relevé à l'heure où de nombreux migrants quittent leur pays d'origine pour un eldorado plus qu'incertain. Assurément, ce roman donne à réfléchir !
http://tlivrestarts.over-blog.com/2017/09/les-peaux-rouges-de-emmanuel-brault.html
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