Si je ferme les yeux, je peux sentir la fumée et le jasmin, le feu et la rose ; je peux voir les murs de mon palais adoré. C'est là que tout a commencé, à la chute de Grenade.
Et donc ce soir, je vais témoigner du passé. Je vais coucher sur le papier tout ce que j'ai vu et vécu, tout ce que j'ai fait, tous les secrets que j'ai gardés. Je vais me souvenir, parce qu'une reine ne peut jamais oublier.
Une trahison qui a changé le cours de l'Histoire...
Fille d'Isabel de Castille et de Ferdinand d'Aragon, Juana est une femme gouvernée par ses passions. Son mariage arrangé avec Philippe le Beau commence comme un véritable conte de fées ; ils tombent amoureux au premier regard. Mais lorsque sa propre famille est tragiquement décimée, elle se retrouve, à l'âge de vingt-cinq ans, héritière du trône d'Espagne. Dès lors, Juana est au coeur d'une lutte d'ambitions sans pitié et sera même déclarée folle par les deux hommes de sa vie. Peu importe le prix à payer, Juana est prête à tout pour assurer l'avenir de l'Espagne et sa liberté.
Les Larmes d'une reine est le récit captivant et émouvant de celle qu'on surnomma Jeanne la Folle, une femme en avance sur son temps, qui se battit farouchement pour le royaume qui lui revenait de droit, en dépit d'une trahison inimaginable. Un des secrets les plus sombres de l'Histoire, évoqué de façon saisissante par ce roman exaltant.
De Jeanne de Castille, je ne connaissais rien. Aussi, ce roman qui retrace son destin m'a fortement intéressée. Je l'ai emprunté un peu par hasard à la médiathèque et j'ai profité de mon aller-retour en train ce week-end pour le découvrir.
Il s'ouvre sur une confession de Jeanne au crépuscule de son existence. Une structure assez classique dans le genre du roman historique et qui permet à un personnage de revenir sur les faits marquants de son parcours et de livrer son point de vue.
Ce parti pris se révèle d'autant plus intéressant qu'il n'existe pas vraiment de témoignages de Jeanne. Seuls des écrits rédigés par des hommes viennent attester de sa personnalité, de ses décisions ou de son éventuelle folie. On observe également une évolution dans la manière dont elle est perçue par ses contemporains masculins. On passe de l'admiration face à sa beauté et son érudition aux critiques qui commencent à émerger autour de sa jalousie et de son immense chagrin.
L'immense tort de Jeanne réside surtout dans son héritage et dans la menace qu'elle représentait face à la domination masculine. La décrédibiliser légitimait d'autant plus ses rivaux pour l'accession au trône.
Dans son oeuvre, l'auteur C.W Gortner prend clairement fait et cause pour la Reine restée dans les mémoires sous le surnom de Jeanne la Folle. Il retrace les étapes de son destin : de sa jeunesse à l'ombre d'une Reine toute puissante, de ses voyages dans l'Espagne au gré des décisions ou des combats maternels, de son mariage arrangé avec Philippe de Flandres à son retour en Espagne, de sa séparation avec ses enfants dont le futur Charles Quint à son emprisonnement.
Le contexte historique est très fouillé. Une postface permet également d'en apprendre plus sur les choix opérés par l'auteur pour servir le déroulé de son intrigue.
Il s'agissait du premier titre que je lisais de lui et j'ai apprécié sa manière de camper des décors, de décrire le quotidien et d'introduire ses protagonistes.
Son écriture et sa manière de séquencer son récit se révèlent également très efficaces. Les pages se tournent toutes seules et j'ai quitté à regret cette Reine dans son palais.
Finalement, mon seul bémol tient aux scènes un peu imposées dans ce type de romans historiques à la Philippa Gregory. J'ai trouvé que la romance était parfois un peu trop présente, même si l'amour fou de Jeanne de Castille pour son époux est avéré.
Bref, vous l'aurez compris : un titre que je vous conseille si vous aimez comme moi en apprendre plus sur l'histoire par le prisme de la fiction.
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