"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Le « jeune-de-banlieue », c'est l'ogre des temps modernes. Arabe mal rasé de 15- 35 ans vêtu d'un survêtement à capuche, il se promène avec un cocktail Molotov dans une main et une kalachnikov dans l'autre. Il fume du shit dans les cages d'ascenseur, il brûle des voitures ; il gagne sa vie grâce à des trafi cs de toutes sortes et en fraudant les allocations sociales. Sa sexualité consiste à violer les fi lles en bande dans des caves ; sa spiritualité, à écouter les prêches djihadistes de l'« islam- des-banlieues », dans des caves également. Il hait la France, l'ordre, le drapeau, et bien sûr, il déteste les Français (comprendre : « les Blancs »). Il aime le jihad et l'islamisme. Son rêve : partir en Syrie se battre aux côtés d'Al Qaïda, pour ensuite revenir en France commettre des attentats. Il ne serait donc pas étonnant que bientôt les parents disent à leurs enfants : « Si tu n'es pas sage, le jeune-debanlieue viendra te chercher. » La réalité est moins spectaculaire que le fantasme. L'ascenseur social étant en panne, seule une minorité de jeunes de banlieue, quantitativement marginale, arrive à s'en sortir : elle change de classe sociale et souvent, elle déménage de la banlieue pauvre. Le cocktail de cette réussite mélange la détermination, le talent, beaucoup de travail, et parfois la chance d'un « piston ». Symétriquement, seule une minorité, encore plus marginale, vit de trafi cs divers et de contrebande ;
Une minorité plus marginale encore bascule, elle, dans l'adhésion au totalitarisme wahhabite ou salafi ste. Mais pour l'écrasante majorité, la réalité, c'est une galère de jeune pauvre urbain qui vivote et ne sortira pas du ghetto : 6 sur 10 avec un job mal payé et précaire ; 4 sur 10 au chômage.
La banlieue je connais et dans diverses départements (75, 78, 94) et je sais aussi que ce n'est pas ce qu'en disent les politiques avides de voix pour les élections, ni la banlieue fantasmée de certains pseudo penseurs qui n'y ont pour la plupart jamais mis les pieds et ne font que relayer un monceau de préjugés et de ouïe dire. Je sais aussi qu'il y a beaucoup de talent, d'entraide et même du respect. Petite anecdote personnelle, à chaque fois que je dis où je vis on me regarde soit avec un regard compatissant, soit on me demande carrément si c'est pas trop dur. C'est dire si les préjugés ont la peau dure, et bien sans populisme aucun et sans idéaliser la banlieue (ce qui serait ridicule et mensonger, il y a évidemment des problèmes en banlieue mais pas plus que dans certaines grandes villes) je n'ai jamais eu de problème, ni agression physique, ni verbale et quand je passe les jeunes me saluent, me tiennent les portes, les commerçants sont sympas et je ne me sens pas en danger à tout les coins de rue. J'ai eu beaucoup plus de manque de respect dans les quartiers chics et certains quartiers de Paris que dans les banlieues. Je n'ai pas aimé habiter dans le coté bon chic bon genre du 78 avec toutes ses personnes méprisantes et qui pensent que tout leur est dû.
Un essai qui est nécessaire et bien ficelé , j'aime l'agencement des chapitres, les citations et le fait qu'il y ait beaucoup de chiffres, de sources, d'études, des témoignages, des sondages. Les intervenants sont divers , des jeunes de banlieue bien sûr mais aussi des policiers, des politiques, des stars, des policiers, des éducateurs. Les sujets abordés sont la sexualité, le phénomène de bande, la pauvreté, les familles mono-parentale, la religion, l'immigration, le rap... Il est aussi très intéressant que tout ces sujets soient traités à travers les arts, que ce soit le cinéma, la musique, l'art urbain.
Ce qui est louable aussi c'est que l'auteur ne prend pas parti, il énonce des faits, prends des exemples, des chiffres et laisse au lecteur le soin de se forger sa propre opinion et tirer lui-même ses conclusions. Il utilise le terme de balianophobie , terme que je n'avais jamais entendu jusque là, pour désigner les personnes qui stigmatisent les habitants des banlieues avec tout les idées préconçues qui vont avec. j'aime la manière intelligente que l'auteur a de déconstruire les mythes et les inventions autour de la banlieue et de ses habitants.
A la lecture de cet essai sociologique, le lecteur y voit plus clair et est plus à même de ne pas tomber dans le piège et les manigances médiatiques. Les idées se remettent en place et on prends conscience de la bêtise de certains préjugés. Tout est accessible et il y a des notes en bas de page pour ce qui nécessite des précisions. Ce que j'ai aimé c'est que là c'est du concret. Une lecture constructive et instructive.
VERDICT
A offrir à tout les balianophobes et à lire pour mieux connaître le sujet et pouvoir se forger un avis sur des faits et non des fantasmes. Je le recommande
https://revezlivres.wordpress.com/2016/06/18/les-jeunes-de-banlieues-mangent-ils-les-enfants-thomas-guenole-auteur-emmanuel-todd-preface/
Il n'y a pas encore de discussion sur ce livre
Soyez le premier à en lancer une !
"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
L'auteur se glisse en reporter discret au sein de sa propre famille pour en dresser un portrait d'une humanité forte et fragile
Au Rwanda, l'itinéraire d'une femme entre rêve d'idéal et souvenirs destructeurs
Participez et tentez votre chance pour gagner des livres !