"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Notre famille est l'émerveillement de ma vie et mon plus grand succès de conversation. Nous n'avons rien en commun avec personne, nous nous sommes bâtis avec notre propre souffle, nous sommes essentiels à nous-mêmes, uniques et dissonants, les seuls de notre espèce. Les petites vies qui ont papillonné autour s'y sont brûlé les ailes. Pas méchants, mais nous montrons les dents. Ca détalait quand une bande de Cardinal décidait de faire sa place.
Mais combien étiez-vous donc ? La question appelle le prodige et je ne sais pas si j'arrive à dissimuler ma fierté quand je les vois répéter en choeur, ahuris et stupides : Vingt et un ? Vingt et un enfants ? Les autres questions arrivent aussitôt, toujours les mêmes, ou à peu près : comment nous faisions pour les repas, comment nous parvenions à nous loger, comment c'était à Noël, à la rentrée des classes, à l'arrivée d'un nouveau bébé, et votre mère, elle n'était pas épuisée par tous ces bébés ? Alors je raconte...
Eux, c'est la tribu Cardinal. Ils n'ont peur de rien ni de personne. Ils ont l'étoffe des héros... Et leur fragilité.
Cette histoire de famille très nombreuse nous est racontée, dans un premier temps, par celui surnommé LeFion par sa fratrie, le dernier de vingt et un enfants. Ils ont tous des surnoms : les Titis, LesJumelles, Tintin, ElToro, LeGrandJaune, Zorro, Mustang, LaPucelle, Geronimo, Tootsie, Wapiti...
Le chapitre suivant, c'est l'aînée des filles, LaPucelle, qui raconte la famille, et ainsi de suite.
Tant d'enfants c'est l'image d'un joyeux bordel, d'une anarchie réjouissante autant que d'un pandémonium. C'est aussi une mère évanescente, tellement omniprésente mais exténuée qu'elle en devient invisible, faisant partie du décor. D'ailleurs je n'ai pas pu m'empêcher de penser à elle avec une angoisse dès le début, car vingt grossesses et autant d'accouchements, dont une fois des jumelles, ça ressemble à un Everest, quelque chose de quasiment inatteignable, ni même souhaitable.
Ce roman choral nous raconte donc la famille Cardinal, cette tribu ébouriffante, belle, tragique et infernale, l'enfance rigolote et intenable de cette fratrie pleine de vie qui s'est éparpillée dans le monde, se perdant de vue à l'âge adulte. Plusieurs décennies plus tard ils se retrouvent lors d'un congrès où leurs parents se trouvent car LePère doit recevoir la médaille de prospecteur émérite. Ils partagent un secret douloureux que LaMère ne doit absolument jamais découvrir. Comment faire ? Car c'est lorsqu'ils sont tous ensemble que l'indicible apparaît. Nous aussi, lecteurs, allons apprendre peu à peu, au fil de la narration de quelques frères et soeurs, quel est ce secret et allons comprendre que la famille peut être un enfer. Tout ce récit va dans une direction précise, nous faire découvrir de quoi cette hiérarchie d'enfants turbulents et anarchiques s'est rendue coupable.
Cette histoire, c'est comme une escapade en terre inconnue. Déjà parce que vingt et un enfants quand-même !!! Ça paraît inconcevable, qu'une femme puisse porter autant d'enfants, qu'un couple puisse élever autant d'enfants, qu'une maison abrite autant d'enfants d'une même famille, que des enfants aient autant de frères et soeurs avec tout ce que ça implique de bonnes comme de mauvaises choses : de l'amour qui ne se dit pas, de la complicité, des jalousies, des moqueries, des jeux, des luttes de pouvoir, des rivalités, de l'émulation dans les bassesses, de la cruauté. Et ne jamais être seul, ce qui selon les cas est un avantage où un inconvénient.
Les familles nombreuses me font penser à des galaxies, et dans le cas de la famille Cardinal, la mère, à une géante gazeuse, tellement elle a quelque chose d'éthéré, mais qu'en même temps elle est l'être suprême.
Il y a des moments d'une intense beauté métaphysique dans ces lignes, notamment quand LaTommy parle à Angèle, sa soeur jumelle, son alter ego. Ça distille tant d'amour. J'ai été transportée, j'ai tellement aimé.
La mine de Norco, cathédrale de schiste et de quartz, est un des personnages de tout premier plan.
Une très belle histoire, avec des zones d'ombre, servie par une écriture absolument sublime. Énorme coup de coeur que ce roman.
Cependant, j'ai détesté le sort réservé aux chats par cette tribu de sauvageons.
C'est l'histoire d'une famille de 21 enfants de Norco, ville minière du Canada, qui grandissent à la "va comme je te pousse" entre un père obnubilé par la prospection de mines et une mère occupée soit à cuisiner soit à déambuler à travers les chambres de ses enfants la nuit pour cause d'insomnie et qui sont plus ou moins élevés par leur grand soeur dite "la pucelle".
Ces enfants cachent un lourd secret dans le but protéger leur mère au point d'en perdre la joie de vivre et ce n'est que lors qu'un remise de prix pour le père que la vérité éclate soulageant ainsi la principale intéressée, vérité par ailleurs depuis longtemps connue de la mère.
Très beau livre sur la famille et sur le rapport à la mère et au père mais aussi sur les non dit et les secrets qui initialement sont crées pour protéger mais sont en fin de compte porteurs de souffrance que seule la vérité soulage.
Un roman exceptionnel sur un drame familial. Secrets, incompréhension et amour se chevauchent au sein de cette immense famille qui souffre de non-dits. Formidable!
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