"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Berlin, début 1945. Au coeur d'une ville dévastée, Richard Oppenheimer, juif et ancien commissaire, vit dans la peur de faire partie des tout derniers déportés. Aidé par son amie Hilde, fervente opposante au régime, il mène une existence dans l'ombre. La situation s'aggrave brusquement lorsque Hilde est accusée d'avoir tué son ex-mari, membre des SS impliqué dans les atroces expériences humaines menées à Auschwitz. Avec une broche portant un sigle runique comme seul indice, Oppenheimer se lance dans une enquête risquée pour démasquer le vrai coupable. Ses recherches le mènent à un mystérieux culte germanique qui n'a qu'un seul objectif : assurer la suprématie de la race aryenne.
Berlin, janvier 1945, le Reich « qui devait durer mille ans » est à l’agonie. Les bombardements alliés sont quasi quotidiens et terriblement destructeurs, les troupes russes avancent et rien ne semble être en capacité de les arrêter. Devinant une fin désormais inéluctable, le pouvoir hitlérien semble vouloir emporter le peuple allemand avec lui dans le néant, ses tribunaux condamnent à mort à tour de bras, pour un petit délit de rien, pour une simple parole. C’est pour la mort de son mari qu’Hilde, la grande amie d’Oppenheimer, est incarcérée et va être jugée et sûrement condamnée puis exécutée. Son mari, un médecin SS, avait préparé sa fuite vers l’Ouest et emportant les résultats macabres des expériences innommables qu’il a conduit en camp de concentration. Hilde le détestait, mais elle ne l’a pas tué. Oppenheimer, qui a changé de nom et vit plus ou moins clandestinement, va tout mettre en œuvre pour prouver l’innocence de son amie. Mais cela suffirait-il à la sauver face à une justice aux ordres du parti nazi ?
Deuxième volet des aventures de Richard Oppenheimer, « Les Fils d’Odin » prend la suite quasi immédiate de « Germania ». Même s’il n’est pas absolument indispensable d’avoir lu le premier tome pour s’attaquer à ce roman, c’est quand même préférable car sinon comment comprendre qui est Oppenheimer, pourquoi vit-il sous un nom d’emprunt et séparé de son épouse Lisa, pourquoi est-il si attaché à son amie Hilde et pourquoi connaît-il personnellement la pègre berlinoise ? Cette seconde enquête est bien plus personnelle pour Oppenheimer puisqu’il s’agit de trouver la preuve qu’Hilde n’a pas assassiné son mari. Et c’est un compte à rebours qui s’est enclenchée car la justice du Reich est désormais aussi expéditive qu’elle a toujours été exclusivement à charge. Hauser, le mari d’Hilde, était un médecin SS qui officiait en camps de concentration, pas besoin d’en dire davantage sur les exactions qu’il a commis. Nazi mais néanmoins déserteur, il fuit l’avancée des Russes ses précieux résultats sous le bras. Voilà par Harald Guilbert l’occasion de jeter une lumière crue sur deux aspects de l’Allemagne nazie, une très connue et une beaucoup moins. La première notion est celle du dévoiement de la médecine par des médecins nazis criminels, coupable d’expériences innommables dans les camps de concentration (Hauser symbolisant dans le roman tous les petits Mengele passés sous le radar de la dénazification). Sur ce point, rien de nouveau, ce genre de crimes étant aujourd’hui bien connu et documenté. En revanche, on connaît moins l’attrait des nazis pour l’occultisme et les cultes païens, et notamment pour des cultes scandinaves dont l’idéologie est parfaitement adaptée au nazisme et qui existent encore de nos jours, voire même qui ont encore pignon sur rue dans certains pays nordiques. Voilà qui éclaire d’un jour nouveau l’attitude d’une partie de la population scandinave pendant la Guerre. Le roman met en scène une secte, « Les Fils d’Odin », dont les préceptes vont presque au-delà du nazisme, ça laisse songeur… L’intrigue est bien menée, le rebondissement final m’a surprise, et la fin en forme de point d’interrogation (le roman se termine sans que toute l’intrigue ne soit dénouée) donne furieusement envie de continue la saga. Et puis il y a le contexte historique, au-delà même de l’intrigue : Berlin de janvier à mars 1945, Berlin terrassé par les bombes, Berlin dans laquelle les nazi(e)s dissertent sur les meilleures manières d’en finir, Berlin bruissant de rumeur affolées sur les combattants russes (dont bon nombres s’avéreront justifiées), Berlin qui agonise lentement être les deux fronts qui se rapprochent et le pouvoir aux abois qui veut emporter toute la population dans sa chute. En lisant ce roman, on voudrait compatir aux malheurs du peuple allemand, mais on a un peu de mal : les exactions, le tapis de bombes, ces allemands-là semblent les découvrir et aucun d’eux ne mentionne jamais le passé récent : l’examen de conscience n’est pas encore d’actualité. C’est le drame du peuple allemand : avoir amené Hitler au pouvoir démocratiquement, c’est être condamné à être assimilé à lui, et qu’importe si Oppenheimer et bon ombre des protagonistes du roman sont anti-nazis. Très bon deuxième tome, passionnant d’un point de vue historique et à l’intrigue bien charpenté « Les Fils d’Odin » est un polar historique fort recommandable.
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