La nuit, sur une plage, ELLE et LUI font connaissance, mais ne se voient pas. Aveugles invisibles, la nuit les réduit à l'essentiel : une oreille, une voix.
Délivrés du regard d'autrui qui, le jour, les cuirasse et les paralyse, ils desserrent les verrous, laissent échapper leurs secrets, - de lourds secrets.
Reléguant le paraître, l'être déploie ses ailes, prend toute sa dimension. Leurs dires dessinent leurs traits, révélant leurs attraits. Si bien que, en quelques heures de parfaites ténèbres, ils vivent une vie de couple, totalement, avec ses extases, ses scènes de ménage, ses retrouvailles, - jusqu'au bondissement de la lune, à minuit, dans son dernier quartier, provoquant leur fuite éperdue.
Au cours de sa parade sexuelle, LUI, le « non-inscrit à l'état-civil des agrégats humains », s'avoue qu'il n'a jamais été aussi existant.
ELLE, l'infirmière étrangleuse de bébé, en a profité pour jeter sa vieille peau. « J'arrache cette seconde à l'éternité. À chaque baiser que je te vole, l'éternité perd une seconde ».
Avec des grains de sable et une poignée d'eau de mer, il lui a donné son nom de baptême : REINA.
« Pour qu'il m'habille de chic, je garderai ce prénom pour toi, jusqu'au lever de lune, - instant fatidique où le chalumeau d'argent fera fondre les habits neufs de la reine ».
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