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La guerre de 14 est aussi l'affaire des femmes. Elles se mobilisent, s'affichent, suscitent des peurs. Comme l'écrit Michelle Perrot dans sa préface, les hommes, bloqués au front, "redoutent d'être trompés, usurpés, renversés par ces femmes qui, dans leur dos, pénètrent le secret de leurs affaires et de leurs métiers. Ils ont peur d'être dominés, possédés par celles qui les soignent comme des enfants".
Ce livre, l'un des premiers à avoir pensé la guerre à partir des femmes, raconte de manière saisissante ce qui changea et ce qui ne changea pas au coeur de la société française des années 1914-1918. Histoire de l'intime et des bouleversements identitaires, il permet aussi d'approcher l'expérience de nos grands-mères et de nos arrière-grands-mères et de mieux comprendre l'histoire de nos familles.
Voici un livre fort bien documenté et qui se lit comme un roman tant il fourmille de personnages différents, le personnage principal restant La femme, bien entendu.
On croit tout savoir sur cette guerre mais Françoise Thébaud nous ouvre les yeux sur la condition féminine à cette époque et nous révèle des aspects que les livres d 'histoire ont passé sous silence ou presque.
Au-delà de la veuve éplorée érigée sur les monuments aux morts, un poilu entre les bras, l'historienne nous brosse le portrait de ces femmes engagées et volontaires qui ont voulu changer leur destin.
Les femmes ont dû remplacer les hommes partis au front, elles labouraient les champs, travaillaient dans les usines, distribuaient le courrier et conduisaient les trams. Hélas ! L'armistice les a renvoyées dans leur rôle de mères, d'épouses passives et obéissantes. L'homme était de retour. On célèbre la mère, elle a dorénavant son jour de fête, tandis qu'on critique la femme émancipée.
Certaines ont subi l’opprobre, les veuves des soldats fusillés, déshonorées et privées de pension. Certaine, comme Blanche Maupas, se sont révoltées contre cette injustice. Leur combat est aussi le signe d’un changement et d’une prise de conscience de ces femmes qui n’acceptent plus que les hommes statuent sur leur destin.
Certaines veulent suivre des études, apprendre un vrai métier. Elles devront se battre pour accéder aux écoles réservées aux garçons.
La mode aussi se mêle de changement. Plus question d’être engoncé dans ses vêtements, la femme nouvelle veut plus de liberté dans ses mouvements et elle coupe ses longs cheveux.
La guerre finie, on les a renvoyées à leurs foyers, il fallait remettre de l'ordre dans les familles, dans la société. Mais le changement était en marche et une nouvelle femme, plus émancipée, prenait place dans ce début de XXe siècle.
Tout est bien argumenté, illustré d’exemples, c’est un vrai panorama de la vie sociale, familiale durant cette guerre moderne qui devait être la dernière.
C'est l'histoire de nos grand-mères, arrières grand-mères et c'est passionnant
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