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Changer la vie.
Trois mots pour s'inventer un destin. Trois mots que Françoise, fraîchement divorcée, a décidé de faire siens, elle qui, pour la première fois, a voté à gauche le 10 mai 1981.
Au 26, rue de Naples, un appartement ouvert aux quatre vents, Françoise tente de changer la vie - sa vie. Elle métamorphosera surtout celle de ses enfants en les plongeant dans un tourbillon aussi fantasque que brutal. Tandis que son fils Laurent crée un groupe de rock dans les caves parisiennes, Françoise recueille chez elle des gamins du quartier, fracassés par la drogue, les mauvais coups et l'exil. Mais à trop s'occuper des enfants des autres, ne risque-t-elle pas d'en oublier les siens ? Laurent est là, qui se tient au bord de l'abîme, hypnotisé par Victor - le plus beau, le plus brillant de la bande.
Dans ce roman où Paris se fait personnage, Jérôme Chantreau nous offre un portrait sans complaisance de la France mitterrandienne, aux accents violents et poétiques.
Françoise divorce après des années, cantonnée à son rôle de mère de famille.
elle vote pour la première fois à gauche, consciente qu'une nouvelle vie s'offre à elle.
Plus libre, elle s'entiche d'hommes plus jeunes qu'elle, avec qui elle laisse libre cours à ses passions, laissant ses deux enfants , livrés à eux-mêmes le temps d'un week-end.
En même temps, généreuse, Françoise ouvre la porte de son domicile d'abord à Edurne, jeune ado perdue, puis à Reza, arrivé d'Iran et à tous ceux, qui ont besoin d'un toit pour une nuit.
Attentive à tous et toutes, elle ne voit pas que Laurent, son fils, créateur d'un groupe de rock, sombre dans la drogue avec Victor, son copain d'enfance. Le Sida fait son arrivée en France, un des leurs disparait, cette mort signe la fin du groupe.
Laurent réagit: il passe son bac, le réussit de justesse, décide de s'inscrire à la fac, et de prendre un peu de distance avec Victor et la drogue. La rencontre avec Cécile lui apporte un autre regard sur la vie puisqu'il s'installe avec elle.
En parallèle, sa mère se lance dans la peinture et entame une carrière de peintre avec les portraits de ses enfants.
Serait-ce le début d'une nouvelle vie pour la mère comme pour le fils?
Un livre déroutant, qui dresse le portrait d'une mère assez inconsciente: capable de recueillir des enfants en souffrance, dans la rue, mais d'oublier de remplir le frigo avant de partir en weekend pour les siens!
J'ai trouvé la description de l'époque mitterrandienne pertinente et réaliste: les changements, espérés par la population, liés à cette élection. L'espoir véhiculé par cette élection est bien rendu.
La description de Paris est juste dans ses bons comme ses mauvais aspects ; les quartiers chics au début du livre, les squares pour l'achat de la drogue, les toits de Paris accessibles par les chambres de bonne, le café qui sert de quartier général : tout cela est très réaliste.
Ce roman est bien écrit, le style est agréable, fluide , j'ai vraiment pris plaisir à le lire de par la qualité de l'écriture.
10 mai 1981 – Je pense que ceux qui l’ont vécu se souviennent où ils étaient et ce qu’ils faisaient à ce moment là.
Pour Françoise, c’est le jour qu’a choisi son mari pour la quitter, lui laisser l’appartement bourgeois, une pension alimentaire et les deux enfants à élever.
De femme au foyer sous la coupe et les pensées d’un mari, elle se retrouve femme libre. Elle voit le slogan politique « Changer la vie » comme s’appliquant à elle et attend que sa vie change jusqu’à ce qu’elle comprenne que c’est à elle de changer sa vie.
Elle va s’éveiller à la liberté, liberté d’idées lors de ses dîners du samedi soir, liberté sexuelle en prenant des amants et abandonnant souvent ses enfants le week-end. Elle recueille aussi des enfants perdus qu’elle loge dans la chambre de bonne.
Elle vit, pense ses enfants raisonnables, mais en fait ne les voit pas vraiment . Si Nathalie a la tête sur les épaules et mène seule sa vie, ce n’est pas le cas de Laurent. Sa mère qui passe son temps à vouloir aider les autres, ne voit pas son mal être ni ses problèmes de drogue.
Ce roman se lit très facilement, il décrit toute une époque, les années 80, avec les attentes et les désillusions.
Le style est fluide, les personnages bien décrits.
Une lecture agréable qui je pense s’estompera au fil du temps.,
Deux septennats…c’est précisément le temps que dure ce roman, dans la France des années 80 où l’on pince encore le nez sur les couples qui se séparent et « les enfants du divorce », où les femmes se découvrent des aptitudes insoupçonnées à l’indépendance, où quand les filles ne s’appellent pas Isabelle ou Véronique c’est pour mieux s’appeler Nathalie. Un cycle de 14 ans de réflexion, juste le temps pour François Mitterrand de laisser espérer à ses concitoyens qu’il va vraiment « Changer la vie », juste le temps pour Françoise, Nathalie, Laurent, Victor et les autres de tracer leur route aux contours sinueux et à la destination improbable, entre illusions du grand soir et gueule de bois du petit matin, entre enfance inconsciente et adolescence désabusée, entre appel du vide et désir d’absolu.
Pour peu que l’on ait, comme Laurent et Nathalie, vu le jour sur les ruines encore fumantes des barricades soixante-huitardes, pour peu que l’on se soit, comme Françoise, découvert une conscience politique en pleine « génération Mitterrand », pour peu que l’on ait grandi dans une maison aux portes grand ouvertes, à la cafetière toujours pleine et à la cave accueillante, on s’offre, en lisant « Les enfants de ma mère », un véritable shoot d’émotions et de souvenirs.
On hésite à entrer dans ce roman à l’écriture dense, à la parole drue, foisonnante de détails pas nécessairement indispensables comme les histoires que racontent certains enfants inquiets d’oublier quelque chose. On hésite aussi, peut-être, à se laisser happer par ce retour vertigineux vers cette terre de l’intime qu’est l’adolescence, vers cette sensation profondément enfouie et douloureuse d’une marche en équilibre au bord du vide, mais la plume assurée de Jérôme Chantreau sait se faire belle et caressante. Elle sait nous conduire à l’addiction, nous empêcher de décrocher, nous entraîner vers des trips dont la descente ne se fera pas sans mal…ni avant longtemps !
https://ffloladilettante.wordpress.com/2018/12/11/les-enfants-de-ma-mere-de-jerome-chantreau/
Ce roman d'une époque, le temps des deux septennats de Françoise Mitterrand, est très parisien et certainement inspiré du quotidien de l'auteur. Il y a du vécu dans l'histoire de Laurent et sa mère Françoise. Et c'est ce qui rend le récit émouvant.
Avec l'arrivée de la gauche au pouvoir les adultes pensaient que tout allait changer. Françoise qui, 13 ans plus tôt, avait raté par indifférence mai 68 pensait avec son divorce tout frais profiter d'un nouveau vent de liberté. Sa générosité en fait la mère de tous les paumés qui croisent son chemin mais elle ne voit pas que son fils à l'adolescence sans repère, aux amitiés toxiques, sombre dans la drogue. Toutes les mères n'ont-elles pas des œillères quand il s'agit de leurs enfants? Elle voulait changer sa vie, la vie, pas facile.....
Le roman est truffé de références littéraires et musicales dont ma préférée: «Un groupe de rock, au début, c'est toujours Montaigne et La Boétie» (p.196).
Années 80. Ce roman retrace l'histoire d'une famille bourgeoise qui finit par exploser avec le départ du père, mais c'est surtout le parcours de la femme que l'on va suivre. Femme, qui va devoir sortir de sa bulle de femme au foyer protégée, afin de reprendre en main sa vie et s'occuper au mieux de ses deux enfants Nathalie et Laurent.
Loin d'être une mauvaise mère, cette femme plutôt dans son monde, gère son quotidien d'une manière floue, quelque peu anarchique et sans se rendre compte que ses enfants sont un peu borderline.
Mais ayant eu le même âge que Laurent a l'époque de l'histoire décrite je replonge un peu dans mon adolescence avec ces moments de félicité comme ceux de délire qui auraient pu déraper.
Mais ce roman ne sera pas un coup de cœur car il manque un peu d'épaisseur et a trop de longueurs. Cependant la découverte d'un monde que cette mère ne connaissait pas est touchant malgré une prise de conscience trop tardive pour captiver le lecteur.
Publié en cette rentrée littéraire 2018 aux éditions Les Escales, " Les enfants de ma mère ", est le nouveau roman de Jérôme Chantreau, un témoignage de l'ère mitterrandienne, dans une famille dont les idéaux et les certitudes vont volés en éclats !
p. 33 : " - Il est vingt heures. François Mitterrand est élu président de la République. "
Françoise avait tout pour être heureuse : un mari qui gagne confortablement sa vie, deux beaux enfants - Nathalie et Laurent - et un bel appartement dans Paris. Elle s'est mariée très jeune, et a dû pour cela sacrifier ses études au profit du bien-être familial, comme il était souvent de rigueur à cette époque pour les femmes. Mais cette aisance financière et matérielle va s'envoler le jour où son mari l'invite au restaurant pour lui annoncer son intention de divorcer.
p. 59 : " Pendant l'année de son divorce, elle fuma beaucoup de Stuyvesant au menthol et réfléchit à son avenir."
Alors que sa fille Nathalie excelle dans sa scolarité, Laurent suscite bien plus de préoccupations chez Françoise. Plus timide et introverti, il passe le plus clair de son temps enfermé dans sa chambre. C'est finalement au collège qu'il va établir des liens avec d'autres garçons, abîmés par la vie.
D'une âme charitable, Françoise décide de prendre sous son aile une amie de Nathalie, en rupture familiale et scolaire, quelque peu marginalisée : Édurne. Mais toute sa bonne volonté ne pourra suffire à sauver cette adolescente, entraînant dans sa chute sa propre fille.
p. 131 : " Qu'est-ce qui lui avait pris de s'occuper du destin de cette fille ? Françoise se rappela les bouffées de satisfaction quand, les premiers jours, elle avait accueilli ce petit oiseau, quand elle avait senti qu'elle était en train de changer le destin de quelqu'un. "
Changer la vie, ce n'est semble-t-il pas une option accordée à tout un chacun...
p. 440 : " Elle avait cru, pendant dix ans, que changer la vie était possible. Elle s'apercevait que c'était la vie qui la changeait, la façonnait comme les falaises par l'érosion, et que les grandes illusions ne servent qu'à nourrir les grands regrets. "
Le zoom narratif se concentre au fil de la lecture sur le personnage de Laurent. A la fois attachant mais influençable, il a certainement hérité cette faiblesse de sa mère. Victor intègre la bande de copains. Empreint du désir de se mettre en danger, il va leur insuffler ce goût de plus en plus prononcé pour l'interdit.
p. 180 : " La compagnie de Victor donnait aux choses le goût métallique du danger [...] A partir de cet instant, chaque acte allait engendrer des conséquences, et aucune mère, aucun prof, aucun surveillant samouraï ne pourrait s'interposer entre eux et ce qu'ils allaient faire naître. "
Françoise ne peut concéder à voir la réalité, et malgré la mise en danger de son fils Laurent, continue d'ouvrir grandes les portes du 26 rue de Naples.
p. 151 : " L'envie était grande d'accueillir encore tous les gamins perdus. "
Très sensible et bien conscient de son entrée dans la vie d'adulte et de sa périlleuse descente aux enfers, Laurent se confie à Édurne, écorchée de la vie elle aussi.
p. 342 : " - J'ai peur de sauter du train. Ça accélère tous les jours. Je n'ai plus un instant de bonheur. Plus rien de fluide. Avant, je savais exactement ce que je voulais, ce que j'aimais. Aujourd'hui, j'en ai plus aucune idée. "
A travers ces protagonistes, c'est également le reflet d'une société en mal d'espoir et d'ambition, prise dans une série de mouvements de protestation.
p. 251 : " La vie laborieuse érodait les gens comme une rouille. Elle abaissait les têtes et les espérances. "
Plus Laurent s'enfonce dans la noirceur de sa vie, plus Françoise se déleste aveuglément de ses responsabilités, avide de liberté.
Dans un Paris amputé de toute prétention et sous haute tension, le lecteur est le témoin de cette période politique et sociale délicate, dans laquelle les personnages évoluent au gré des épreuves. L'écriture est à la fois tragique et poétique. L'auteur nous embarque sur plusieurs décennies, sans perdre en intensité.
"L'ennui, c'est parfois tout près du bonheur"... Quand vous croisez cette phrase, dans les toutes premières pages, il y a comme une petite voix qui murmure que ça commence bien. Que ce livre a des allures de pull préféré dont on éprouve déjà toute la douceur et la chaleur qu'il va rapidement procurer. Rien à voir avec un feel good pourtant... mais il s'en dégage une ambiance de douce nostalgie qui enveloppe en beauté le portrait d'une femme dont les multiples facettes attendrissent, agacent, surprennent mais n'ennuient jamais.
Françoise est le pur produit des années d'après-guerre, une jeune femme convaincue de trouver dans le mariage et l'entretien de son foyer l'accomplissement vanté par la société de l'époque. Mariée juste avant les événements de 1968, elle se voit signifier sa répudiation par son mari le soir de l'élection de François Mitterrand un soir de mai 1981. Elle qui vient justement de voter pour le nouveau président en cachette de sa famille y voit comme un présage, les débuts d'une nouvelle vie, portée en cela par le contexte politique et les espoirs de "changer la vie" véhiculés par l'arrivée de la gauche au pouvoir. Mais "Pour refaire sa vie, il faut savoir se mentir un peu"...
Jérôme Chantreau nous offre, sur quinze ans, le temps de deux septennats, une chronique qui passe de l'espoir à la désillusion. Le portrait d'une femme qui se laisse porter et tarde à prendre le contrôle, cernée par des siècles d'obéissance à la gent masculine. Un brin bohème, naïve, légère, fantasque voire irresponsable. Ses enfants s'élèvent quasiment seuls, surtout Laurent, son fils qui trouve refuge auprès d'amis tout aussi à la marge que lui car privés de pères pour différentes raisons. Dans l'appartement de la rue de Naples défilent toutes sortes d'artistes et de marginaux, parfois aussi des gamins recueillis un temps par Françoise, comme Edurne dont la personnalité et la singularité marqueront Laurent à jamais. Laurent tangue, ses années d'adolescence et d'apprentissage sont sous influence, pas toujours très saine. Pendant que Françoise cherche toujours sa voie à travers différents engagements politiques ou militants...
J'aime ce roman pour son atmosphère (pourtant tellement différente de celle du précédent !), la petite musique qui s'en dégage, son portrait d'une vie de quartier à une époque (pas si lointaine pourtant) où cela existait encore à Paris, sa photographie d'un moment d'espoir dont même l'air était imprégné. Quelques années pendant lesquelles il a enfin été possible de se libérer de bon nombre de carcans, avec les comportements extrêmes que cela a pu générer mais... la liberté est à ce prix. La sagesse aussi peut-être.
"Elle avait cru pendant dix ans que changer la vie était possible. Elle s'apercevait que c'était la vie qui la changeait, la façonnait comme les falaises par l'érosion, et que les grandes illusions ne servent qu'à nourrir les grands regrets".
Deux septennats…c’est précisément le temps que dure ce roman, dans la France des années 80 où l’on pince encore le nez sur les couples qui se séparent et « les enfants du divorce », où les femmes se découvrent des aptitudes insoupçonnées à l’indépendance, où quand les filles ne s’appellent pas Isabelle ou Véronique c’est pour mieux s’appeler Nathalie. Un cycle de 14 ans de réflexion, juste le temps pour François Mitterrand de laisser espérer à ses concitoyens qu’il va vraiment « Changer la vie », juste le temps pour Françoise, Nathalie, Laurent, Victor et les autres de tracer leur route aux contours sinueux et à la destination improbable, entre illusions du grand soir et gueule de bois du petit matin, entre enfance inconsciente et adolescence désabusée, entre appel du vide et désir d’absolu.
Pour peu que l’on ait, comme Laurent et Nathalie, vu le jour sur les ruines encore fumantes des barricades soixante-huitardes, pour peu que l’on se soit, comme Françoise, découvert une conscience politique en pleine « génération Mitterrand », pour peu que l’on ait grandi dans une maison aux portes grand ouvertes, à la cafetière toujours pleine et à la cave accueillante, on s’offre, en lisant « Les enfants de ma mère », un véritable shoot d’émotions et de souvenirs.
On hésite à entrer dans ce roman à l’écriture dense, à la parole drue, foisonnante de détails pas nécessairement indispensables comme les histoires que racontent certains enfants inquiets d’oublier quelque chose. On hésite aussi, peut-être, à se laisser happer par ce retour vertigineux vers cette terre de l’intime qu’est l’adolescence, vers cette sensation profondément enfouie et douloureuse d’une marche en équilibre au bord du vide, mais la plume assurée de Jérôme Chantreau sait se faire belle et caressante. Elle sait nous conduire à l’addiction, nous empêcher de décrocher, nous entraîner vers des trips dont la descente ne se fera pas sans mal…ni avant longtemps !
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