La philosophie pratique amène la personne à penser son rapport à ses émotions, dans son ouverture au monde, même si ce n'est a priori pas son fondement. Cette connexité détermine la possibilité de la pensée car elle confronte à la connaissance de ses limites. Par contre, la philosophie pratique ne s'inquiète pas de savoir si elle empêche d'être ému ou si, au contraire, elle provoque l'émotion car ce serait rentrer dans des considérations d'ordre plutôt psychologique, ce qui n'est plus son domaine d'action. Il y a une oscillation riche d'enjeux entre le monde imaginaire, personnel de l'émotion et la réalité qui tient souvent lieu de vérité ou de carcan. Mais comment mener une pratique plutôt objective alors qu'elle s'applique à l'âme humaine, dans toute sa subjectivité ? Il suffira d'admettre, pour ceux qui acceptent de ne pas résoudre tous les paradoxes de façon concrète, que l'homme est ainsi confronté à des oppositions sans fin et des intersections entre des perspectives qui laissent parfois sans voix. Ainsi suspendre son jugement peut être la meilleure chose à faire lorsque la pensée se met en branle, et qu'elle génère une mise en abyme de l'existence.
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