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Dans la famille de Marie Demers, l’écrivain, c’est la mère, qui est auteure jeunesse. Dans cette famille règne une certaine violence physique où gifles et fessées sont habituelles. A ces coups reçus dans l’enfance, l’auteure devenue adulte oppose une violence verbale.
« J’ai appris à me battre avec les mots les plus rudes, les phrases les plus dévastatrices. »
Dans un récit sans tabou, elle revient sur cette enfance si particulière.
Benjamine avec deux grands frères, Marie est la préférée de sa mère qui se comporte comme la copine de sa fille. Lorsqu’elle a quinze ans, ses parents se séparent. Sa mère prend ses distances, n’assurant que de loin son rôle de mère. Adolescente seule et responsable, Marie doit se débrouiller. La relation entre mère et fille est houleuse.
Le récit, scindé en 6 parties, aborde de nombreux thèmes. Outre celui de la fratrie et de la mère, l’autrice évoque ses histoires d’amour et les ruptures qui lui laissent une sensation de vide. Elle se raconte sans fard, parle de sa dépression, ses envies d’en finir avec la vie et ses échanges avec sa psy. L’écriture de son autofiction est un sujet brûlant, elle voit son processus d’écriture comme une « maternité saine. »
Elle tente d’expliquer sa démarcher d’écriture. On n’écrit pas une autofiction comme un roman. Elle décortique sa vie pour tenter de comprendre.
Elle parle aussi de ses rapports avec son éditrice qui attend son manuscrit. Il est aussi question de ses débuts en tant qu’éditrice avec toutes les difficultés relationnelles qu’elle rencontre avec une jeune fille qu’elle veut publier et qui va la diffamer.
Elle dénonce aussi une relation professionnelle qui devient toxique.
On s’amuse des expressions québécoises dans les échanges très vifs
« — C’est fini ! T’as dépassé les bornes, ostie de folle ! Tu câlisses ton camp, je veux plus rien savoir de toi ! »
On a l’impression qu’elle a tout jeté dans ce récit, le bon grain comme l’ivraie, sans vouloir faire un choix et l’on a une impression brouillonne.
« Mon roman ressemblait à ma vie. Je rejouais l’un et l’autre ensemble, pariais en double et misais également sur chacun. »
Le style est libre et direct. Marie Demers écrit sans filtre, son écriture dérange parfois avec son côté « poil à gratter »
Colère et souffrance s’expriment librement.
Si cette spontanéité, cette sincérité, peuvent toucher le lecteur et provoquer curiosité et /ou apitoiement, on finit par se lasser de cette façon impudique de se livrer jusque dans les moindres détails.
Il faut pourtant un certain courage pour une mise à nu rude et sans pitié, mais mon intérêt pour cette autofiction s’est vite émoussé au fil des pages jusqu’à trouver indigeste cette bouillie narcissique.
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