"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Alors que la monarchie lance ses derniers feux, la Musique du roi recherche l'excellence en regroupant, comme au Grand Siècle, les meilleurs artistes du royaume et recrute jusqu'au-delà des frontières. Castrats italiens, enfants de choeur et autres chanteurs aux voix puissantes composent un choeur formidable, admiré par Leopold Mozart. L'orchestre n'est pas en reste, dont les virtuoses parmi lesquels le jeune Rodolphe Kreutzer « emportent la musique à la première vue quelque difficile qu'elle soit ». Chaque jour, à la chapelle, à l'opéra ou dans les salons, la musique composée par les chefs de cet ensemble d'élite résonne dans les résidences royales. C'est à Versailles qu'habitent la plupart de ces musiciens. Ils constituent un groupe social homogène, soudé par des liens forts qui dépassent la complicité musicale : mariages heureux ou non, parrainages, amitiés s'y épanouissent en une sociabilité qui s'étend à l'ensemble des serviteurs de la Cour et au voisinage versaillais. Ces quelque 400 hommes et femmes laissent entrevoir l'intimité de leurs logis, entrouvrent la porte de leur culture et de leurs sentiments. Acteurs du cérémonial monarchique, ils permettent aussi une approche originale de la société urbaine des dernières décennies de l'Ancien Régime.
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