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Les derniers jours de l'humanite ; version scenique (3e édition)

Couverture du livre « Les derniers jours de l'humanite ; version scenique (3e édition) » de Karl Kraus aux éditions Agone
  • Date de parution :
  • Editeur : Agone
  • EAN : 9782748900095
  • Série : (-)
  • Support : Papier
Résumé:

" Au secours, les tués ! Assistez-moi, que je ne sois pas obligé de vivre parmi des hommes qui par ambition démesurée ou instinct de survie ont ordonné que des coeurs cessent de battre, que des mères aient des cheveux blancs ! Revenez ! Demandez-leur ce qu'ils ont fait de vous ! Ce qu'ils ont... Voir plus

" Au secours, les tués ! Assistez-moi, que je ne sois pas obligé de vivre parmi des hommes qui par ambition démesurée ou instinct de survie ont ordonné que des coeurs cessent de battre, que des mères aient des cheveux blancs ! Revenez ! Demandez-leur ce qu'ils ont fait de vous ! Ce qu'ils ont fait quand vous souffriez par leur faute avant de mourir par leur faute ! Quel beau tableau de la persévérance ! Cadavres en armes, protagonistes de la vie mort-née des Habsbourg, formez les rangs et hantez leur sommeil. Arrachez-vous à cette pétrification ! Avancez ! Avance, cher partisan de l'esprit, et réclame-leur ta chère tête ! Avance pour leur dire où tu es et comment c'est là-bas, dis-leur que tu ne voulais plus jamais te laisser utiliser pour ça ! Et toi là-bas, avec ce visage défiguré à ton dernier instant, lorsque sur ordre, la bête sauvage, l'écume aux lèvres, jadis peut-être un homme comme toi, se précipita sur toi dans ta tranchée - avance ! Ce n'est pas votre mort - c'est votre vie que je veux venger sur ceux qui vous l'ont infligée ! J'ai dessiné les ombres qu'ils sont et qu'ils voulaient par esprit de mensonge transformer en apparence ! Je les ai dépecés de leur chair ! Mais les pensées nées de leur bêtise, les sentiments nés de leur malignité, l'effroyable rythme de leur inexistence, je les ai affublés de corps et je les laisse se mouvoir ! Si l'on avait conservé les voix de cette époque dans un phonographe la vérité extérieure aurait démenti la vérité intérieure, et l'oreille n'aurait reconnu ni l'une ni l'autre. Ainsi donc, le temps rend la substance méconnaissable et il pourrait accorder l'amnistie au plus grand crime jamais commis sous le soleil, sous les étoiles. J'ai sauvegardé la substance, et mon oreille a découvert la résonance des actes, mon oeil le geste des discours, et ma voix, chaque fois qu'elle citait, a retenu la note fondamentale, jusqu'à la fin des jours. "

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