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Lola est une femme comme les autres. Que veut dire être une femme comme une autre ?
Qui pourrait se douter en regardant Lola qu'un feu violent couve au fond de ses tripes ?
Lola si douce, si compréhensive. C'est pourtant une rage ancestrale qui sort de Lola.
Elle est une. Elle est deux. Rouge et Bleue.
Les deux Lola enfermées dans un même corps.
Qui est-elle ? Celle qui se laisse bander les yeux, ou celle qui aime dormir dans des draps en coton ? Où est celle qui réunissait les deux ?
Ce que la tête de Lola interdit par morale, son corps l'exige par bravoure.
À travers la vie de Lola, la fille coupée en deux, l'héroïne partagée, tiraillée, Julie Gouazé nous offre un long chant du désir et du corps et, à l'image de sa belle Lola, transforme le glauque en poésie.
Lola est une femme complexe, multiple. Elle aime éperdument son conjoint et est prête à tout pour lui. Elle est une femme douce, tendre, compréhensive. C’est la Lola bleue. Mais elle est aussi une femme pleine de désir et d’envie. C’est la Lola rouge. Parfois, la Lola bleue enferme la Lola rouge pour quelques temps et d’autres fois, la Lola rouge a de l’emprise sur la Lola bleue.
Dans la vie de tous les jours, Lola a l’air d’un ange, c’est une femme banale qui passe presque inaperçu. Mais lorsqu’elle le souhaite, elle sait se faire belle, se maquiller et s’habiller pour se faire désirer. Elle a une vie sexuelle très libérée. Julie Gouazé arrive à raconter la complexité de Lola en posant des mots sur les gestes et le quotidien de cette femme. Grâce à la poésie qu’elle prête à ces gestes, l’écrivaine balaie toute la sordidité de certaines situations vécues par Lola.
J’ai dû m’y prendre à deux fois pour apprécier ce texte, dont la valeur ne m’était pas apparue lors de ma première lecture (où j’avais rapidement abandonné le livre). A tête reposée, j’ai été touchée par la poésie qui s’en dégage malgré la crudité de certaines scènes. Julie Gouazé peint à merveille la complexité d’une femme et tous les doutes, désirs, pensées qui l’assaillent. Ce court roman est tout simplement magnifique, il fait partie de mes coups de coeur de la rentrée littéraire.
Elle est une. Elle est deux. Elle est trois. Les deux Lola enfermées dans un même corps. Se disputant la place. Chacune tentant d’étouffer l’autre, avec Lola pour seul arbitre.
Lola Rouge aime la dentelle immaculée et le noir profond, dépasser les limites « Ce qui fait triper Lola Rouge, c’est le franchissement de la ligne. C’est toucher d doigt l’interdit »
Lola Bleue est réservée, veut rester en arrière, inconnue parmi les inconnus, prend une douche et sort « cette infâme culotte en coton grossier qu’elle met les jours où elle n’ose pas dire qu’elle n’a pas envie de faire l’amour ».
« Lola rouge transforme le glauque en poésie. Elle évolue, légère, sur le fil. »
Lola doit se débrouiller toute seule avec la Rouge et la Bleue. Mais qui est Lola ? Une femme tiraillée entre la pudeur et l’impudeur, entre le sexy et le sage, entre le glauque et le franc, le chaud et le frais. Sans mauvais jeu de mots, elle fait le grand écart entre la Rouge et la Bleue, sa tête et son sexe.
La soumise n’est peut-être pas celle que l’on croit. Lola rouge qui se veut libre, ouvrant les cuisses, recueillant le sperme des hommes est soumise à un homme, son homme, celui avec qui elle vit, celui qui l’emmène dans des parties fines. L’homme lui propose de faire l’amour avec une femme et… elle accepte. Ce petit côté femelle obéissante et soumise me gêne quelque peu.
Lola connait la diminution du désir, de la passion avec désarroi. Pourtant, elle aimerait tant que la passion se termine pour laisser éclore l’amour « L’amour, c’est quand enfin on se donne le droit d’être soi… »
En lisant ce livre je me suis posée une question. Lola Rouge est-elle le fantasme de Lola Bleue ou, simplement de Lola ? « Lola bleue rêve de corps aimants, en sueur, affamée. Elle mange, elle boit, elle baise. Elle aime. Elle coule. Elle lèche et suce…. Lola bleue se réveille, le poing crispé sous l’oreiller, l’autre main immobile entre ses cuisses, les genoux serrés.»
La frontière est ténue.
Lola est enceinte et « Elle aime cette sollicitude dénuée d’arrière-pensée. Enfin, enfin, Lola est autre chose que son cul. Elle porte la vie. Et elle emmerde le monde. Elle est la plus forte. Elle a vaincu tous les machos et tous les obsédés. »
Lola Mauve pointe le bout de son nez. Réconciliation du corps et de l’esprit, mélange des couleurs avec peut-être à la clé le bonheur et la sérénité.
Un livre cru de temps à autre, mais bon, il y a pire, ne soyons pas bégueule, savourons le style nerveux, incisif, pas vulgaire pour un sou, les phrases rythmées de Julie Gouazé que j’avais aimées dans « Louise » !
Réflexion sur la sexualité, le désir féminin conditionné par le regard du mâle, sur ce qu’une femme doit, avant tout, paraître alors qu’il suffit à l’homme d’être.
Une lecture sans faux-semblant que j’ai beaucoup appréciée. Un livre sur le désir et les pulsions féminines qui est à rapprocher de celui de Leïla Slimani « Dans le jardin de l’ogre »
"L’amour, c’est quand on arrête de faire semblant d’être une autre…"
"Les corps de Lola" est un roman sur le désir féminin et ses contradictions. Lola Rouge est sulfureuse et flamboyante, elle accompagne et vit les désirs libertins de son homme. Lola Bleue est sage, est un ange qui se love dans le coton. Ce roman court et condensé, au langage parfois très cru, nous propose un rythme haletant, tout autant que la vie de son personnage.
« Elle est là, Lola Rouge. Lola tente de la brider. Elle appuie sur son corps pour ne pas la laisser s’échapper. Elle est fluide, elle est liquide, elle s’insinue partout. Lorsqu’elle a décidé de sortir, rien ne peut l’en empêcher. Elle est son calvaire et sa délivrance. Elle lui fait gagner la paix. Pour un instant. Jusqu’à revenir. »
Ici, la femme est une et multiple. Son corps supporte deux âmes et devient le terrain de discorde entre la sagesse et l’ardeur, entre le froid et le chaud. Lola bascule tantôt vers l’un tantôt vers l’autre. Lola est soumise et cherche l’admiration de son homme, mais Lola est aussi sa complice et la femme bonbon dont se délectent les hommes et les femmes. Lola est objet mais Lola cherche l’amour. Lola est pétrie de désir, mais elle le perd.
« Porter le bonheur de l’autre sur ses épaules, c’est un peu oublier le sien. C’est préférer son sourire à son bien-être. »
C’est la difficulté de la vie de femme qui est mis ici en exergue : la sexualité, l’amour, la maternité, la recherche de soi… Lola est tiraillée entre les deux couleurs qui la possèdent, mais finiront-elles par se mélanger ? Et si une troisième couleur venait former une nouvelle Lola, la vraie Lola ? Se sentirait-elle mieux ?
Julie Gouazé aborde de façon originale les contradictions de nos corps et de notre esprit. Les chapitres courts et rythmés ne dévoilent ni l’âge de Lola ni aucun détail de son quotidien, mis à part son intimité. Lola est universelle. L’écriture hachée peut décontenancer. L’auteure va à l’essentiel et ne s’embarrasse pas de fioritures, elle aborde en 120 pages le désir féminin, celui de Lola seule. Les partenaires défilent, les mains de son homme la caresse et la claque, mais l’on ne sait rien d’eux. Nous sommes dans la tête de Lola quand ses corps se débattent en elle. Nous sommes immergés dans cette spirale de couleurs qui nous laisse en proie au doute. Sans juger, sans parler de Bien ou de Mal, l’auteur expose uniquement les tourments d’une femme, de la femme, celle qui se bat pour trouver la bonne couleur.
Ma chronique sur mon blog ici : https://ducalmelucette.wordpress.com/2016/09/28/lecture-les-corps-de-lola-de-julie-gouaze-rentree-litteraire-2016/
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