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parce qu'il a été témoin d'un violent accrochage entre deux automobilistes, jackson brodie, dont nous avons fait connaissance dans " la souris bleue ", va se trouver propulsé dans une série d'aventures incroyables.
" les choses s'arrangent... " est un thriller, une comédie noire et une satire de la vie contemporaine britannique. kate atkinson y brocarde, entre autres, le théâtre d'avant-garde, une certaine littérature populaire, les promoteurs immobiliers, les nouveaux riches, etc., avec l'humour corrosif qu'on lui connaît.
En plein festival d’Edimbourg, Jackson Brodie, ancien policier devenu rentier grâce à un coquet héritage, est témoin d’un banal accrochage entre deux automobilistes. L’incident prend cependant une tournure violente lorsque l’un des conducteurs frappe l’autre avec une batte de base-ball avant de prendre la fuite. Cette agression, qui semble fortuite, est peut-être cependant au coeur d’un enchevêtrement de situations à la fois rocambolesques et dramatiques qui ne doivent rien au hasard…
Au début, il faut accepter de se sentir un peu perdu, tant les différents personnages et leurs histoires semblent n’avoir aucun lien entre eux, mais évidemment on se doute que tout est lié. D’ailleurs, on réalise rapidement que la construction est parfaitement maîtrisée, et les pièces du puzzle s’emboîtent peu à peu pour laisser apparaître la vue d’ensemble.
Et ce panorama de la société britannique n’est d’ailleurs pas joli-joli : pouvoir de l’argent, arrogance des riches, corruption, projets immobiliers pourris, réseau d’exploitation de jeunes femmes d’Europe de l’Est,… Comme si cela ne suffisait pas, Kate Atkinson charge encore la barque en brocardant les relations familiales (couple, parents-enfants), le théâtre d’avant-garde, une certaine littérature policière désuète, le monde de l’édition et de la promotion littéraires.
Si le trait est la plupart du temps drôle voire féroce, l’auteure fait preuve aussi d’empathie envers ceux de ses personnages empêtrés dans leur solitude et leurs difficultés à créer un lien social ou amoureux.
Avec sa savoureuse galerie de portraits, son ton incisif et ses péripéties incessantes, « Les choses s’arrangent… » est un roman plus profond qu’il n’y paraît, à la fois polar et comédie satirique, qui garantit une lecture jubilatoire.
Passionnant et jubilatoire!
« C’est ce qui s’appelle un imbroglio policier, hein ? dit joyeusement Clare à Martin. C’est paru dans les journaux, vous savez. Votre mort. »
On peut prétendre qu’il s’agit d’une enquête policière. A mon avis, c’est beaucoup plus que ça. L’enquête, si enquête il y a n’est qu’un prétexte, d’ailleurs on y suit beaucoup plus les témoins de « l’incident » que ses enquêteurs. C’est plutôt une formidable galerie de portraits, de sentiments et de situations qui s’enchaînent, sans liens apparents au début, pour, au final, constituer un récit parfaitement cohérent.
« L’écrivain avait des poupées gigognes, des matriochkas…alignées sur le rebord de la fenêtre, elle les époussetait chaque semaine. Parfois elle les rangeait les unes dans les autres, jouait avec comme lorsqu’elle était gamine. » C’est bien ça, une brillantissime histoire de poupées russes avec des prénoms russes : Tatiana, Sophia, Irina et d’autres qui ne le sont pas : Gloria, Julia ou Louise.
Une comédienne qui ne joue pas beaucoup tout en se la jouant quand même beaucoup, un homme d’affaires louches qui fait un arrêt cardiaque pendant une séance avec une call-girl, sa future veuve déjà sereine, un comique qui ne fait plus rire, une brute qui fracasse tout sur son passage, un adolescent rebelle qui fait le désespoir de sa mère, des théâtreux confidentiels qui se prennent au sérieux, un écrivain à succès mais mal aimé et introverti, une policière dont la vie n’a rien d’un long fleuve tranquille entre l’adolescent évoqué plus haut, un chat aveugle et arthritique ainsi que l’urne funéraire de sa mère et, pour finir, un ancien flic qui vit de ses rentes et avec la susdite comédienne tout en n’aimant pas le théâtre d’avant-garde . Ajoutons une entreprise de nettoyage dont le nom (« Faveurs »), le slogan (« Nous Faisons Tout ce que Vous Voulez ») et la caractéristique de ses techniciennes de surface (un peu trop jeunes, un peu trop jolies, un peu trop étrangères) pourraient laisser à penser qu’elle n’est pas tout à fait ce qu’elle prétend être.
N’omettons pas le cadre. Edimbourg, ses lotissements huppés ou bon marché et son château, Edimbourg, ses pubs et son Royal Mile. Edimbourg pendant le Festival où la comédienne a, pour une fois, décroché un rôle :
« La pièce intitulée "A la recherche de l'équateur au Groenland" était tchèque (ou peut-être slovaque, Jackson n'avait pas vraiment prêté attention), un truc existentialiste, abstrait, impénétrable qui ne concernait ni l'équateur ni le Groenland (ni d'ailleurs la moindre recherche). »
Ce qui ravit, bien sûr, Jackson, son compagnon :
« Tout ce qu'il savait du Festival d'Edimbourg remontait à la fois où il était tombé par hasard sur une émission de télé tardive, où un tas de branleurs bobos débattaient d'un spectacle d'avant-garde prétentieux. »
Prétendre que le théâtre d’avant-garde se tire à son avantage de ce roman serait assez peu conforme à la vérité. Néanmoins, en étant très positif, on pourrait considérer qu’il ne s’en sort pas beaucoup plus mal que la promotion immobilière ou que l’édition. On retrouve aussi un des thèmes favoris de l’auteure : famille je vous hais, dans les relations habituelles les plus conflictuelles : couples, mère-fille, mère-fils. On passe du drame à la plus folle comédie, on apprécie l’ironie distanciée ou l’humour féroce dont personnages et microcosmes font les frais. De coïncidences en quiproquos, de sourires en francs éclats de rire, le plaisir nous guide jusqu’à la fin de cette mécanique parfaite qui laisse son lecteur époustouflé, ravi et déçu de n’avoir plus rien à lire que la page des remerciements.
Des personnages haut en couleur et loufoques. Une écriture et un humour ultra "british". Il est facile de se plonger dans ce roman décapant. Une excellente lecture.
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