"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
De janvier à juillet 1919, après « la guerre qui devait mettre fin à toutes les guerres » des hommes et des femmes venus de tous les coins du monde convergèrent vers Paris pour la Conférence de la Paix. Le rôle central revint aux chefs des trois grandes puissances -Woodrow Wilson, Lloyd George et Clemenceau mais de nombreux rois et chefs d'états se mêlèrent aux journalistes et aux porte-parole de cent causes différentes, de l'indépendance arménienne à l'émancipation des femmes. Pendant six mois extraordinaires, Paris fut le centre du monde tandis que les négociateurs liquidaient des empires et créaient de nouveaux pays. Ce livre fait revivre les personnalités - T.E.Lawrence, la reine Marie de Roumanie, John Maynard Keynes, Ho-Chi-Minh - les idéaux et les préjugés des hommes qui firent les choix décisifs. Ils poussèrent la Russie à l'écart, s'aliénèrent la Chine, congédièrent les Arabes, se débattirent avec les problèmes du Kosovo, des Kurdes, d'un foyer national pour les Juifs. On a beaucoup dit que les négociateurs avaient échoué. C'est faire bon marché des responsabilités de leurs successeurs. Mais leurs objectifs - faire payer les pays vaincus sans les détruire, satisfaire d'impossibles aspirations nationalistes, empêcher la diffusion du bolchevisme et créer un ordre mondial fondé sur la démocratie et la raison - aucune diplomatie ne pouvait les réaliser.
Traduit de l'anglais par André Zavriew
Pour les passionnés d’histoire, un livre qui a reçu de nombreux prix et qui se lit comme un roman. L’auteure canadienne nous offre un regard distancié et révélateur sur Clemenceau, Wilson et Lloyd George, des hommes politiques, qui, malgré leurs défauts et leur égocentrisme nationaliste, ont, il faut bien le reconnaître, une tout autre carrure que ceux d’aujourd’hui !
Mais ce qui est le plus captivant dans ce récit, ce ne sont pas les détails d’un armistice qui a accablé l’Allemagne et a eu les conséquences funestes que l’on sait, mais la désinvolture et le cynisme avec lesquels Anglais et Français se sont partagés le monde sans tenir aucun compte des contingences humaines. Ce partage, souvent bâclé (en particulier pour le Moyen-Orient), opéré avec la conviction d’apporter la civilisation, alimente encore de manière frappante tous les conflits et la géopolitique d’aujourd’hui. Le Liban en est un exemple parmi tant d’autres, état multiconfessionnel totalement artificiel, passé de main en main, nation née d’un colonialisme qui laisse encore bien des plaies ouvertes.
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