"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Margot fait une rencontre fortuite en pleine rue avec sa voisine sexagénaire un soir où plus rien ne semblait tourner rond.
L'histoire d'une amitié éclatante et intergénérationnelle. Mathilde lui laisse pour héritage un carton de lettres numérotées dont on ne sait pas exactement par qui elle ont été rédigées. Une histoire d'amour
[ Parallèles: Se dit de lignes, de surfaces qui ne se rencontrent pas ]
Se lever un dimanche, choisir un livre dans une immense pile et instinctivement en saisir un.
Pourquoi « les amants parallèles » d’Adeline Délie-Platteaux aujourd’hui, alors qu’il m’attend depuis déjà pas mal de temps? Je l’avais presque oublié.
J’aime me dire que nos choix de lecture sont mystérieux, qu’il n’y a pas d’explication rationnelle mais qu’une force supérieure sait quel est le bon moment pour tel livre et pas un autre.
Dès les premières lignes, j’ai su. J’ai su que je ne le lâcherai plus, j’ai su que ce livre allait me saisir. Une histoire d’amour, une histoire d’amitié. Rien de rare me direz vous. Et pourtant. Les premières phrases ont résonné immédiatement dans mon cœur, la justesse des mots m’a renvoyé à des sensations vécues, les émotions ont commencé à s’empiler, la construction efficace m’empêchant de reposer le livre... je n’en ai fait qu’une bouchée, je l’ai terminé à regret et les personnages sont encore dans ma tête.
Un premier roman parfaitement maîtrisé. Très vite quelque chose m’a fait penser aux films de Claude Sautet et quand à la page 83 l’auteur fait allusion à César et Rosalie je n’ai pu m’empêcher de sourire.
Bravo à la maison d’édition qui a su voir que ces mots et cette histoire méritaient de ne pas rester sans lecteurs.
J’espère que ce premier roman sera suivi de beaucoup d’autres.
Un court roman pour raconter l’amitié entre Margot et Mathilde, totalement maîtrisé, chose rare pour un premier roman.
Margot a 23 ans, elle rentre chez elle, effondrée par les petits aléas de la vie, de l’amour, ceux qui prennent plus d’importance qu’ils ne le devraient, une main se tend vers elle. C’est Mathilde, sexagénaire de l’immeuble d’en face, une femme rayonnante. Une amitié se noue, belle, solide, de celle qui laisse des traces indélébiles pour les deux protagonistes, car il s’agit d’un échange perpétuel, dans le respect et la sincérité.
Une habitude s’instaure, le rendez-vous du jeudi soir. Mais il y a d’autres moments partagés entre ces deux femmes, comme des friandises semées sur leur chemin.
Margot est étudiante dans une école d’Art, qu’elle paye elle-même en travaillant à côté, Mathilde, elle, a été photographe mais sans reportage à l’étranger pour ne pas quitter ses trois filles, son rôle de mère lui tenant à cœur.
Margot est fascinée par la personnalité de Mathilde, l’élégance et l’originalité de son appartement, sa façon d’assumer pleinement sa vie. Peu à peu elle va découvrir que Mathilde a eu une grande passion, Paul. Homme qui ne partagea pas son quotidien mais qui a envahi sa vie.
Mathilde va laisser ses archives à Margot, parmi celles-ci un carton débordant de presque 300 lettres, échangées avec Paul. Et elles ne sont pas toutes là, elles sont numérotées.
A l’heure où meurt Mathilde, Margot va essayer d’arrêter le temps en le remontant.
Par un procédé de retour en arrière, parsemé de lettres que le lecteur découvrira dans le désordre, apparaît un superbe portrait de femme.
Dix ans d’amitié partagée, si Margot pensait « Je n’ai aucune imagination et rien à raconter. Rien vécu, rien à dire, rien pensé, rien à défendre. Je suis une coquille vide. » elle apprendra, que certaines rencontres sont des flambeaux qui éclairent votre route.
Mathilde préférait faire des photos en noir et blanc, pourtant elle avait une palette de nuances extraordinaire.
Savoir regarder, écouter, vivre simplement sans se renier.
Dans son dernier souffle Mathilde murmure : « On est souvent trompé en amour, souvent blessé et souvent malheureux mais on aime, et quand on est au bord de sa tombe, on se retourne pour regarder en arrière et on se dit : j’ai souffert souvent, je me suis trompé quelques fois mais j’ai aimé. C’est moi qui ai vécu et non pas un être factice crée par mon orgueil et mon ennui. »
Entre les moments partagés et les lettres mises au jour dans le désordre se dessine, comme une eau-forte, une vie.
Un premier roman, à la plume aussi élégante que délicate qui se termine en apothéose.
Le lecteur peut entendre la chanson de Vincent Delerm :
« Parallèles
Pas les mêmes
Nous sommes les amants parallèles. »
©Chantal Lafon-Litteratum Amor 4 février 2019.
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