"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Dans un monde où l'interdit mène à un questionnement moral, la raison est une maladie. La perception pure, l'obligation de la maintenir, enfièvre celui qui redoute la possibilité d'un autre monde et l'intrusion malicieuse de ses « créatures ». Chez Georges Bataille, les femmes incarnent cette dimension insidieuse, elles qui jouissent, prédatrices comme des louves, la fente velue comme des bêtes. Simone, Dirty et Hélène reprennent le langage corporel des désaxés pour mettre en péril la conscience et la vie. Si cette férocité se manifeste de manière moins drastique chez Anne Hébert, toujours est-il que les héroïnes y sont possédées par l'angoisse. L'outrance - sous les manifestations de la frustration et des pulsions sexuelles - fait de ces femmes des étrangères auxquelles on assigne les noms de diable, de folle, de sorcière. Ainsi ponctuent-elles le récit, orientant le scandale vers la lumière pour mieux révéler la désagrégation de leur existence. On les croirait alors venues d'un ailleurs où le corps malade - en voie de se débarrasser des idéologies - est par lui-même un « envers du monde » laissant soudainement transparaître sa phénoménalité.
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