Quels sont vos conseils de lecture de ce début d'année ?
Un roman qui vous attrape et ne vous lâche pas. L'histoire d'un adolescent, blessé dans une descente de CRS sur la ZAD où il militait. Il est dans le coma, va-t-il se réveiller? La déflagration sur la famille et les activistes est racontée avec la virtuosité d'un Nicolas Mathieu.
C'est un môme. Yohann Bellanger. Un gamin de dix-sept ans qui, par un mélange de provocation et de révolte, s'est engagé dans une ZAD.
Un soir, les CRS débarquent, lacrymos, grenades, blindés. Côté militants, branchages, caillasses, adrénaline. Lorsque les ombres des combattants se retrouvent entre les fumigènes, Yohann manque à l'appel. Il est resté à terre, le corps disloqué. Sortira-t-il ou non du coma ? Et dans quel état ?
Pour ses parents, la vie s'est arrêtée. Il faut attendre. Répondre aux questions de la petite soeur qui cherche son grand frère sans comprendre. Découvrir la vie des activistes qui entouraient Yohann, leurs convictions, leur humanité. Jusqu'à ce que tout s'embrase. Une histoire qui prend aux tripes, car ce destin familial où se mêlent la fureur, l'espoir et la fièvre raconte la France d'aujourd'hui.
Quels sont vos conseils de lecture de ce début d'année ?
Yohann, fils d'une famille paisible rejoint les militants de la ZAD installée à proximité de chez lui. Lors d'un affrontement avec les forces de l'ordre, Yohann est retrouvé inanimé. Le combat se poursuit mais pour survivre. La famille se déchire.
Une psychologie des personnages fouillée, leur questionnement, leur descente aux enfers, le rapport à la violence de notre société de plus en plus répressive, tout m’a séduit dans ce roman.
On y voit la vie d’une famille modeste, basculer dans l’horreur, l’incompréhensible, suite au coma dans lequel leur fils est tombé. Conséquence d’un combat aux côtés de la ZAD de Nantes. Un combat qui n’est pas le leur et dont ils ne comprennent pas la finalité.
Un jeune qui se bat pour ses idéaux.
Une famille brisée.
Et une société qui ne l’entend pas de cette oreille.
L’amour du père et de la mère pour cet enfant qui s’était pourtant éloigné d’eux. Mais l’amour des parents pour leur enfant, ça ne s’explique pas. C’est là, au fond de nous, c’est tout.
Un très beau roman empli d’amour, de tendresse et de sensibilité.
Merci à l’auteur.
Yohann, 17 ans, a trouvé son combat: celui de l'urgence climatique que mènent les militants de la Zad pas loin du pavillon de ses parents. Il y va tous les jours et s'éloigne peu à peu de sa famille, trop soumise au système à son goût. Lors d'un affrontement avec les forces de l'ordre, une grenade explose près de l'adolescent qui se retrouve dans le coma.
Un livre touchant et profond à la fois sur les combats écologistes et sociaux mais aussi sur le délitement de toute une famille entre tristesse et incompréhension lorsqu'un drame survient. Très fort.
Ce roman d’une grande justesse nous convie à une véritable immersion au cœur d’une ZAD, à la rencontre de militants qui s’opposent à la construction d’un pont. Ils occupent des terres de manière illégale, se heurtent à l’incompréhension d’une partie de la population, aux élus locaux et sont surveillés en permanence.
C’est là que Yohann, un adolescent de 17 ans, se rend depuis quelque temps. Petit à petit, il y a trouvé sa place, s’est lié à celles et ceux qui y vivent et s’est éloigné du cocon familial. Lors d’un affrontement violent entre zadistes et forces de l’ordre, probablement touché par une grenade, il est gravement blessé, hospitalisé et plongé dans le coma.
Anne Boquel analyse avec beaucoup d’acuité la manière dont cet événement va affecter la famille de Yohann, du coup de téléphone fatidique qui annonce le drame à la famille jusqu’au point de bascule, ce moment particulier où plus rien ne sera jamais comme avant.
Elle dessine le portrait d’une famille ordinaire, Laurence et Loïc, les parents, Yohann et Emilie, sa petite sœur. Laurence est secrétaire médicale, Loïc, chauffeur routier, ils vivent dans un petit pavillon, se tiennent à l’écart de cette ZAD pourtant si proche. Ils mènent une vie simple, le quotidien est parfois un peu monotone. Cet événement va mettre leur couple à rude épreuve.
Anne Boquel s’attache à la psychologie complexe de ses personnages qui se retrouvent confrontés à la violence. Elle dit leurs émotions, leurs souffrances, la descente aux enfers qu’ils vont vivre.
Laurence est anéantie, elle fait défiler ses souvenirs à la recherche de signaux qui auraient pu l’alerter, lui dire ce qu’elle n’a pas vu venir. Elle veut comprendre, découvrir cet univers qui lui est étranger pour atteindre l’âme de son fils, inerte sur son lit d’hôpital, communiquer par la pensée avec lui. C’est sa sensibilité qui s’exprime. Le père en exprime une autre, ne décolère pas contre les zadistes qu’il juge responsables et met sa vie en arrêt pour s’occuper de son fils, soigner ce corps qui ne répond plus et pour veiller sur Émilie qui se sent perdue. Deux chemins différents pour dire l'amour immense qu'ils ont l'un et l'autre pour leur fils dont la vie est en suspens.
☆
Anne Boquel aborde des problématiques contemporaines : problèmes environnementaux, urgence écologique, enjeux politiques. Le récit est minutieusement documenté sur l’organisation au sein de la ZAD, son fonctionnement, ses revendications, la sociologie des militants qu’elle décrit à travers des portraits très réalistes.
L’écriture est vive, énergique pour dire la rage qui anime les personnages, l’urgence. En analysant avec beaucoup de sensibilité des réalités sociales, humaines, la tragédie qui démantèle une famille, en plaçant la parentalité dans une dimension sociale et culturelle, elle nous interpelle, nous questionne.
L’enfant de la rage est un roman tout en nuances sur la violence du monde actuel, l’engagement, l’urgence écologique, l’amour parental, sur une femme qui se libère d’une vie faite de prudence et de frustrations, puise sa force auprès de son fils et réinvente son rapport au monde.
Captivant et très émouvant !
La ZAD est là, tout près de la zone pavillonnaire où Laurence et Loïc vivent un quotidien ordinaire, rêvant d’un avenir meilleur pour leurs enfants. Mais leur aîné Yohann s’est peu à peu intéressé à ce qui se passait dans cette communauté qui revendique des idées qui le séduisent, bien loin des idéaux désuets de son père, qui voit là une simple provocation. Jusqu’ au drame, qui fait basculer l’histoire familiale dans le malheur. Au chevet du fils, les consciences s’éveillent, les parcours s’éloignent.
On se souvient du roman de François d’Epenoux, Le Roi nu-pieds, qui au coeur d’un décor identique, retraçait les aléas d’une relation entre un père et son fils. Anne Boquel élargit le propos aux deux parents, et met bien en évidence le point de rupture qui marque l’évolution d’un couple qui déjà s’était éloigné, résistant par le ciment de l’ éducation de leurs enfants. Avec le drame, la fin est annoncée.
Laurence et Loïc nous confient l’un après l’autre leur vision politique de notre société, à l’aune de leurs expériences respectives. Sans privilégier l’un ou l’autre.
Plus de questions que de réponses dans ce roman émouvant, aux multiples pistes de réflexions, la parentalité, l’avenir de la planète, l’éducation…L’écriture, sans fioritures ni effets de manche, exprime avec simplicité et sincérité les ressentis de chacun, et les dialogues sont très bien retranscrits.
Un très bon moment de lecture
288 pages Robert Laffont 11 janvier 2024
Yohann est un adolescent, qui par désœuvrement, au départ, s’est rapproché d’une communauté dans la Zad voisine du pavillon de ses parents. Lors d’une intervention de la police, il est blessé et tombe dans le coma.
Ce roman est la photographie de cette famille, du père qui voit sa vie basculer, de la petite sœur qui se sent délaissée, et surtout de la mère qui cherche à comprendre ce qui a pu les mener à ce point de non-retour, sans jugement.
J’ai adoré ce portrait de femme, prise entre sa vie de famille, son rôle de mère, sa charge mentale quotidienne, et cet enfant qu’elle ne reconnaît plus, qui n’est plus qu’un corps immobile.
Anne Boquel décrit avec précision la lente métamorphose de cette femme, sa soif de compréhension, sa quête de vérité. Elle va s’oublier , comme elle l’a toujours fait, comme tant de femmes le font, elle va s’effacer devant ce fils qu’elle aime tant.
J’ai aussi beaucoup aimé le personnage du père, figure emblématique de la stabilikté, prêt à tout pour tenir sa famille à bout de bras, pour la sauver.
Avec son écriture pleine d’empathie et de poésie, Anne Boquel a su capturer l’instant où la poésie rencontre la violence, quand l’amour et plus fort que la raison, quand l’autre est plus important que soi.
C’est un excellent roman, sur l’envol d’une femme qui devient papillon.
Une pépite parmi mes lectures de janvier
Au début du roman, Yohann, jeune militant zadiste de 17 ans, se retrouve plongé dans le coma, suite à une opération impliquant zadistes et CRS qui a mal tourné.
Chacun de ses proches - Ses parents, sa sœur, ses amis zadistes – vont réagir très différemment à cette situation : inquiétude, envie de révolte, preuves d’amour se font face et suivent l’évolution de l’état de santé de Yohann.
Evitant soigneusement de plonger le lecteur dans une vision manichéenne du sujet d’actualité des « zones à défendre », Anne Boquel concentre toute son attention sur les émotions, les sentiments des personnages. La complexité des caractères est décrite avec une telle finesse qu’on est pris d’attachement pour chacun d’entre eux, malgré le fait que tout les oppose.
Tout au long du roman, Yohann est le fil conducteur qui divise. Les personnages évoluent au rythme de l’évolution de son état. Quand le père, Loïc, contient sa rage en scrutant le moindre geste de l’adolescent qui serait un signe d’amélioration, sa mère Laurence cherche à comprendre les choix de son fils et les raisons qui l’ont poussé à se rapprocher des militants de la ZAD. A l’image du corps et de l’esprit de Yohann qui sont séparés, les parents s’éloignent, tentent des rapprochements, cherchent à renouer contact sans plus vraiment y arriver.
J’ai été très touchée par ce roman. Particulièrement, le questionnement permanent de la maman de Yohann m’a beaucoup émue. Jusqu’où laisser son enfant faire ses propres choix, jusqu’où le laisser s’éloigner des valeurs qu’on lui a inculquées, au nom de l’amour qu’on lui porte ?
Le style est très contemporain et fluide, ce qui colle parfaitement avec l’actualité du sujet. C’est pour moi une très belle découverte de cette rentrée littéraire.
Un coup de fil nocturne fait voler en éclat la sérénité d’une famille tranquille et sans histoire. Yohan , le fils de 17ans est dans le coma. Une échauffourée a éclaté avec des CRS dans la ZAD voisine et il a été touché par une balle perdue. Pour Laurence et Loïc, ses parents, c'est la sidération. Bien sûr il passait de plus en plus de temps chez ces encombrants voisins. Bien sur ils l'ont bien vu changer au cours des derniers mois, mais pour eux, ce n'était pas un activiste. Ils ont accueilli avec scepticisme d'abord, puis avec agacement sa révolte contre la société de consommation et ses élans écologistes un peu radicaux. Mais ils préfère mettre en cause l’influence néfastes de ces jeunes extrémistes ou l'inévitable crise d'adolescence, plus qu'un engagement sincère et profond. Et puis comment comprendre ce rejet du confort pour lequel ils ont trimé, mettant de coté chaque euro pour payer les traites du pavillon et s'offrir enfin des vacances. Un confort vu comme un aboutissement devenu source de conflit.
Mais voilà, face au corps inerte de leur fils, face aux questions de sa petite sœur, ils vont prendre des voies opposées. Loïc se consacrera tout entier à ranimer le corps de son ainé, à le veiller nuit et jour comme pour rattraper le temps perdu et reduire la distance qui s'était imposée entre eux. Laurence, elle, aura le plus grand mal à reconnaître son enfant dans ce gisant sans réaction, et elle aura à cœur de « faire un retour vers lui » en interrogeant sans relache ceux de la ZAD, Rox, Sylvain ou Louise Michel, ces inconnus qui avaient pris tant de place dans la vie de son fils et qui semblaient le connaître plus qu'elle.
Des cheminements opposés qui mettront en péril le fragile équilibre de cette famille ordinaire.
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Connait-on vraiment ses enfants ? Est-on prêt à les voir remettre en cause les valeurs, les fondements sur lesquels on a construit leur vie ? Est-on capable de questionner nos certitutes pour leur bonheur ? Et comment tenir bon quand ils vacillent, quand leur vie ne tient plus qu'à un fil ?
Quel parent ne s'est pas un jour posé la question, et à travers cette histoire dramatique, Anne Boquel y répond avec délicatesse et virtuosité.
Ce roman m'a bousculé, m’a remuée. En tant que mère, les questions qu'il pose m'ont profondément émue.
Aux côtés de ces deux parents perdus, j'ai oscillé entre tristesse et colère, entre espoir et regrets. Parce que la grande réussite de ce roman c'est surtout d'être tout en nuance. En le lisant, impossible de prendre partie pour Loïc ou pour Laurence, impossible d'en vouloir à Yohan ou de remettre en cause les engagements des membres de la zad. Avec une égale attention, elle nous donne à voir leurs points de vue, leur points d'achoppement et leur principal point commun à tous qui est finalement la quête d'un idéal, qu'il soit sociétal, personnel ou familial. Avec beaucoup de douceur, elle nous aide à nous construire notre propre avis, et c'est une réussite. Dernier point sur l'écriture de l'auteur que je découvre avec ce titre. Très sobre et très précise, très belle, elle a su me séduire, avec une mention particulière pour les dialogues, très réussis.
Un roman très actuel pour les points de contexte abordés, notamment l’urgence écologique dont s’empare la jeune génération, mais intemporel aussi dans les thématiques qu’il explore autour de la parentalité. Je vous le conseille sans réserve
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