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Quand le maréchal Pétain, le 17 juin 1940, fit "don de sa personne à la France pour atténuer son malheur", il eut l'appui immédiat de l'Eglise et des catholiques brûlant de reconstituer une France chrétienne.
Un demi-siècle plus tard, les évêques de France ont cru devoir regretter les "erreurs et défaillances" du clergé de l'époque. Diversement appréciée, cette "repentance" valait d'être passée au crible de la recherche historique. C'est ce qu'a fait Michèle Cointet. Ouvrir le dossier de l'Eglise de France sous l'occupation et à la Libération, c'est traiter ses rapports avec l'Etat. Le gouvernement de Vichy fut bienveillant et exigeant.
Il écrasa l'Eglise des bienfaits qu'elle réclamait: subventions à l'école libre, statut des congrégations, avantages fiscaux, emprise sur la jeunesse, participation aux institutions sociales. A la Libération, le général de Gaulle, respectueux de l'appréciation de Pie XII sur l'Eglise de France, se résigna à une épuration ecclésiastique décevante pour les résistants politisés, mais insupportable pour une Eglise qui ne se sentait pas coupable.
La recherche entreprise par Michèle Cointet ne se limite pas au cléricalisme, mais traite à fond les rapports de l'Eglise et des juifs, et envisage toute la vie du peuple catholique. Les évêques ont soutenu le maréchal Pétain mais les premiers résistants sont des chrétiens. Si la législation antisémite de l'Etat français a des inspirateurs et serviteurs catholiques, ce sont plusieurs évêques qui élevèrent les premières protestations contre les rafles de Juifs.
Proportionnellement au corps social, les prêtres et les religieux ont été les plus nombreux dans les camps de concentration. Autre surprise, Michèle Cointet montre que la Seconde Guerre mondiale a été une grande période de foi. Les prêtres-ouvriers sont nés de la Mission de France et de l'aumônerie des Français travaillant en Allemagne et découvrant un christianisme dépouillé. L'Eglise y voit le moyen de conquérir la classe ouvrière et de triompher du communisme.
En historienne soucieuse de replacer les faits et les personnages dans leur temps, d'éviter ainsi les anachronismes, Michèle Cointet nous donne un ouvrage très neuf et très complet, dépourvu de tout manichéisme, d'où il ressort que l'attitude de l'Eglise sous l'Occupation ne se prête pas aux jugements simplistes et réducteurs en vigueur aujourd'hui.
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