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Demba Dia est le directeur général adjoint d'une banque d'État. Puissant, craint et respecté, il est intransigeant aussi bien dans son travail que dans sa vie. Mais, du jour au lendemain, tout change. À la suite d'une cabale politicienne, il est éjecté sans ménagement de la banque. Il se retrouve seul devant sa famille qu'il avait presque sacrifiée sur l'autel de ses ambitions. La solitude, l'amertume, la maladie s'invitent. Ce roman est avant tout une critique sévère de la société sénégalaise, voire de toutes les sociétés africaines d'après-indépendance.
En nous contant la vie de Demba Dia, directeur général adjoint de la banque d’Investissement et de Crédit (BIC), Ibrahima Hane nous offre un roman puissant, au cœur du Sénégal et de ses valeurs : L’écume du temps.
Quand il a débuté, avec des fonctions modestes, tous les postes à responsabilité étaient entre les mains de l’assistance technique française. Bien que surdiplômé, il a adopté un profil bas et n’a pas ménagé sa peine, se montrant très disponible. Au départ de ces derniers, il est donc le premier Sénégalais à occuper les fonctions de directeur de Département.
Très investi dans son travail, le temps a filé et il se retrouve confronté à une froideur et un quasi isolement familial. Son épouse Dieynaba Ndoye s’est mise à dépenser des sommes folles pour des futilités et outre son goût immodéré du faste, voilà qu’elle tombe dans une soudaine religiosité et voudrait s’instaurer en directrice de conscience. C’est là qu’elle lui annonce qu’elle quitte le domicile conjugal ! Son malheur, il en est convaincu provient de son mariage exogamique, ils sont issus de deux ethnies différentes.
Quant à ses enfants, deux filles Coumba et Marième et deux fils Mamadou et Mactar, il les a presque sacrifiés sur l’autel de ses ambitions, intransigeant dans son travail comme dans sa vie, et du coup, la communication avec eux s’avère très difficile.
À la suite d’une cabale politicienne, il est éjecté sans ménagement de la banque et se trouve de plus confronté à la maladie.
Banquier à la retraite, lui-même, Ibrahima Hane connaît son sujet et cela participe à la réussite du roman.
C’est non seulement la vie de cet homme qu’il nous est donné de suivre, mais aussi celle de sa femme et de ses enfants, chacun ayant une vie riche aussi bien familiale que professionnelle.
L’écume du temps est une saga familiale hautement enrichissante écrite avec beaucoup de psychologie qui m’a permis de découvrir la réalité socio-politique du Sénégal postindépendance.
Jamais ennuyeux, ce pavé de plus de 500 pages est avant tout une critique assez sévère de la société sénégalaise avec la corruption omniprésente, la concussion, les abus d’autorité et détournements de fonds publics qui sont monnaie courante. Ibrahima Hane n’hésite pas à écrire : « La corruption ou, dans le pire des cas, la prévarication : voilà la seule alternative qui se présente devant un haut fonctionnaire . »
L’auteur n’omet pas de rapporter non plus le comportement souvent révoltant de l’assistance technique française.
Néanmoins et fort heureusement, restent des femmes et des hommes intègres, honnêtes qui résistent à ces chants de sirène.
Les personnages, avec chacun une personnalité très marquée, nous entraînent au cœur de cette haute bourgeoisie sénégalaise, nous faisant vivre et ressentir au plus près leurs sentiments et leur adaptation à cette modernité nouvelle sans toutefois bannir les coutumes ancestrales. Les vêtements, la nourriture, les lieux de vie, les différentes ethnies, les marabouts, les griots nous emmènent avec grand plaisir dans un mode de vie très dépaysant pour nous Français.
J’ai particulièrement apprécié les portraits de ces femmes fortes comme Marième qui se battent jusqu’au bout, refusant de se soumettre « dans une société presque moyenâgeuse où la résistance d’une femme au diktat masculin est considérée comme un blasphème, voire un acte contre-nature ». À savoir que la polygamie est autorisée au Sénégal.
J’ai été touchée également par le parcours de cet homme intègre Demba Dia, notamment par « son retour aux sources ».
Finaliste de la 3ème édition du Prix Orange du Livre en Afrique, L’écume du temps, est un roman puissant, hautement instructif et d’une lecture particulièrement attrayante.
Je remercie sincèrement Lecteurs.com pour cette belle découverte.
Chronique illustrée à retrouver sur : https://notre-jardin-des-livres.over-blog.com/
J’ai reçu ce roman par tirage au sort. Lecteurs.com avait lancé une opération par tirage au sort j’ai tenté.
Bien m’en a pris de tenter ma chance et je remercie grandement lecteurs.com. L’écume du temps est un roman comme je les aime : une tranche de vie. Ibrahima Hane nous entraîne dans les arcannes des pouvoirs, politique et financier, au Sénégal. Intrigues, coups bas, traitrises, corruptions sont de mises. Demba Dia travaille dans le monde bancaire depuis bien longtemps, alors quand tout change, tout est remis en question et s’ensuit une introspection qui nous emmène au sein de sa famille. On y découvre alors au travers de chacun des membres les aspects de la vie politique, économique et sociale de son pays. On peut y voir une critique (sévère) de la société sénégalaise dans son ensemble. Et bien sûr au travers des difficultés rencontrées par l’un ou l’autre l’impossible affranchissement des pays colonisés.
Les personnages sont criants de vérité et il y a un éternel questionnement (sur le re-mariage, la capacité à réaliser un projet, à tenir un poste…). On y aborde aussi la relation hommes/femmes dans une société polygame où la réussite féminine est difficile. Grâce à sa connaissance du milieu bancaire Ibrahima Hane entraine le lecteur dans une saga intense et pleine de suspense. Je comparerais Ibrahima Hane à Douglas Kennedy, un auteur ne reniant pas son passé, fier de ce qu’il est, et qui a conscience du monde qui l’entoure. Il y voit autant les réussites, que les ratés, les bonheurs que les malheurs.
Un seul (petit) bémol la fin, rapide par rapport au rythme global du roman, donne l’impression d’une perte de puissance. Mais ce n’est qu’un détail qui ne gâche pas le plaisir de la lecture. Je vous invite ardemment à découvrir ce magnifique roman envoutant et puissant.
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