"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Avec L'Age d'homme, publié en 1939, Michel Leiris expérimente une démarche littéraire inédite. Écrire lui permet de se découvrir - s'explorer, s'exposer - et de s'inventer - se construire soi-même par le biais d'anecdotes qui prélèvent des moments d'enfance privilégiés et de mythes qui sollicitent les zones liminaires de la psyché. Quelle qu'en soit la teneur thanatique, le récit autobiographique ne recouvre pas alors un geste de détachement, face à une vie tenue pour passée, mais un acte d'accompagnement existentiel. Échappant au seul ordre des lettres, rejoignant les pulsations du monde physique, la pratique littéraire entend agir sur l'objet qu'elle articule - une vie en cours - et le sujet qui la conçoit - une identité profilée entre le désordre des faits, l'ordre des mots, les contre-ordres de l'imaginaire. Les auteurs des articles rassemblés dans ce volume sont des universitaires spécialistes de littérature française contemporaine et, pour plusieurs d'entre-eux, de l'oeuvre de Michel Leiris. La préface situe l'écrivain à l'intérieur de son siècle en insistant sur la "modernité anticipée" de L'Âge d'homme. Francis Marmande, commentant la figure tauromachique dans l'oeuvre de 1939 et sa préface de 1945, identifie d'emblée les grandes postulations du projet de Michel Leiris. De l'essence d'un art à la genèse d'un projet, trois articles étudient ensuite les origines textuelles (Catherine Maubon), intertextuelles (Pierre Vilar) et philosophiques (Jean-Claude Larrat) du livre. Annie Pibarot, Michèle Touret et Lucien Victor en analysent les déterminations génériques (rapport à l'autobiographie), esthétiques (liens avec la dramaturgie), stylistiques (parti pris d'écriture). Plusieurs articles cernent alors les relations instaurées entre structures littéraires et composantes psychiques. Jacques Poirier s'intéresse aux figures de Judith et Lucrèce, Guy Poitry au phénomène scriptural et mental de la bipolarisation ; Asako Taniguchi et Cécile Narjoux reviennent sur les dynamiques subliminaires de l'oeuvre, en s'attachant au fonctionnement associatif de la mémoire et aux nombreux récits de rêve qui scandent le livre. En guise de conclusion, Simon Harel part de L'Âge d'homme et pointe les échanges institués entre littérature et psychanalyse au XXe siècle, convaincant ainsi de son caractère novateur.
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