"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
La guerre, Monsieur, a si bien mis tout sens dessus dessous qu'un tirailleur nègre agonisait à nos portes ! Être Noir et soldat, croyez-moi, c'est être mal vu des Français et chassé par l'occupant. Mais Addi Bâ, si fier, si poli, a fait sensation au village ? surtout auprès des femmes. Les ennuis sont venus quand il a pris le maquis. Les Boches ont alors traqué sans relâche le fameux « terroriste noir ».
La grande histoire se niche souvent dans la petite. Ici le courage d'un noir africain déraciné par la guerre et qui créera le 1er réseau de résistance dans les Vosges pendant la seconde guerre mondiale.
1940. Deuxième guerre mondiale, dans les Vosges. En lisière de la forêt, Hubert Valdenaire et son fils Etienne trouve un soldat de couleur noir. Le père, craignant une intervention des occupants allemands, décide de le laisser. Ce n’est que sur l’intervention de sa femme qu’il lui apporte de l’aide. Elle fait partie de ces « improbable conscience » qui refusent de céder à la peur.
Il était affecté dans le 12e régiment des tirailleurs sénégalais. Capturé après la bataille de la Meuse, Addi Bâ s’est évadé. Il a erré dans la forêt avant d'être accueilli dans le village de Romaincourt.
Epris de liberté et de justice, en 1942, il entre dans la résistance et crée le premier maquis vosgien baptisé "Délivrance" : il établit un camp afin d’accueillir les jeunes gens qui fuient le STO. Surnommé le terroriste noir par les Allemands, il est arrêté et exécuté le 18 décembre 1943 à Epinal
Intègre, il va forcer le respect et s’installer dans ce petit village. L'histoire nous est racontée par Germaine, une fille du village. Un seul passage est à la première personne :
« Je suis nègre, je m’en fous de ce que vous en pensez. Vous, soyez ce que vous êtes, je ne me mêlerai pas de vos ragots de poivrots et de vos histoires d’adultères. C’est la guerre, que voulez-vous ? voilà ce que le destin a décidé : nous sommes dans le même camp, même si vous ne le savez pas, forcés de trimer, de mourir ou de survivre ensemble, même si cela ne vous plaît pas. »
Ce passage reflète l’image que nous donne la narratrice.
Un personnage qui a une hauteur d’âme hors du commun, tout comme son destin.
Le seul bémol de ce roman sont les aller-retours entre le passé et le présent du récit. J’ai trouvé que ça coupait le rythme de cette histoire passionnante.
Toujours est-il que c’est un magnifique « hommage aux oubliés de l’histoire » (je reprends ici l’expression du magazine Lire, que j’ai trouvé parfaitement juste.)
Voilà une histoire qui méritait d’être racontée, celle d’Addi Bâ, jeune Guinéen qui réussit à mettre en place la Résistance dans les Vosges. Son compatriote, l’écrivain Tierno Monénembo surprend par la façon employée pour nous faire vivre une épopée rendant hommage aux Africains venus défendre notre pays et si injustement méprisés ou ignorés.
Dans le village de Romaincourt, au cœur des Vosges, on n’avait jamais vu un « Nègre » avant ce jour de 1940 où un homme blessé, en uniforme de l’armée française, est découvert près d’un bois. Les gens se disputent, hésitent mais lui portent secours et le nourrissent malgré les risques, la peur des Boches. On l’appelait « le nègre » quand il n’était pas là et on disait « Monsieur » en face de lui. C’est Germaine, une fille qui avait 17 ans à l’époque, qui raconte cette histoire tellement humaine et dramatique à la fois.
Addi Bâ était-il un héros ? Non. Il était « l’ami ou le père que tout le monde ou presque aurait voulu avoir. » Rapidement, le lecteur est surpris de rencontrer des mots inconnus qui fleurissent tout au long du récit. L’auteur semble bien maîtriser le patois vosgien et nous régale de cheûlards, de pâquis, de Mâmiche et Pâpiche, nonon, bâbette, affûtiaux, etc… Il y a aussi des expressions comme « une aouatte de chicorée », « la chaouée du matin », « il faisait le nâreux », etc… rendant bien l’ambiance du pays où les rivalités familiales sont tellement vivaces qu’elles peuvent conduire à la catastrophe.
Dans ces Vosges qui l’ont adopté, Addi Bâ recrute, organise, transmet les messages, s’appuyant sur les jeunes des Chantiers de jeunesse et surtout du STO, ce travail obligatoire au profit de l’occupant. Au fil des pages, nous découvrons aussi le rôle méconnu joué par la mosquée de Paris dans la Résistance et pour sauver de nombreux juifs. Hélas, tout n’est pas parfait car il y a les lettres de dénonciation et les jalousies inévitables. Addi Bâ bouge beaucoup et se fait une réputation de Don Juan. Les Allemands qui le recherchent activement, l’ont baptisé « Der Schwarzee Terrorist ! », le Terroriste noir.
Une phrase résume bien toute la valeur de cet homme : « Quand les Allemands l’ont fusillé, nous n’avions pas perdu un nègre des colonies tombé ici en s’échappant des bois mais un frère, un cousin, un élément essentiel du clan, un même sang que nous. »
Nous apprenons enfin comment Addi Bâ est venu en France et une phrase de cet auteur guinéen nous a bien fait sourire. À propos du destin et des hasards de la vie, il écrit : « Une pomme tombe en Ardèche et c’est le tsunami au Pérou ! »
Le terroriste noir est un livre étonnant, bien écrit par un auteur qui n’hésite pas à sortir des modes conventionnels du récit, n’oubliant pas de détailler les recherches longues et difficiles pour retrouver la famille d’Addi Bâ.
Chronique illustrée à retrouver sur : http://notre-jardin-des-livres.over-blog.com/
Jeune guinéen adopté en France à l'âge de 13 ans se retrouve dans les tirailleurs sénégalais pendant la guerre. évadé, il se retrouve en 1940 dans les Vosges. Il entre en résistance (1er homme de couleur et le seul qui a créé un réseau de résistance). il fut nommé par les allemands "le terroriste noir". il sera trahi et dénoncé, fusillé à la fin de la guerre. Histoire intéressante car peu connu ce qui m'a donné envie de faire des recherches sur cette histoire. j'ai trouvé l'écriture cependant difficile.
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