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En Russie, depuis deux cents ans, chaque écrivain, chaque courant, chaque époque peut se retrouver dans Pouchkine, car celui-ci est un miroir, le lieu de la reconnaissance de toute personne de langue maternelle russe.
André Markowicz propose dans cet ouvrage de découvrir en quoi la conversation que Pouchkine a établie par textes interposés avec les poètes de sa génération a durablement marqué la littérature et la pensée russes jusqu'à nos jours. Cet ouvrage remarquable par son ambition vient rendre hommage à la génération brisée par le 14 décembre 1825, jour du coup d'Etat manqué contre le tsar Nicolas ier, coup d'Etat qui avait été organisé par de jeunes aristocrates, pour la plupart officiers des guerres napoléoniennes, indignés par le servage et l'absolutisme.
La répression qui s'ensuivit fut d'une ampleur inégalée, et le règne de Nicolas ier devint celui de la censure, de la délation et des arrestations. Des poètes et écrivains qui faisaient partie de ce que l'on appellera les décembristes, la plupart mourront avant d'avoir passé la cinquantaine, victimes de la violence du régime. Mais ils n'ont cessé, tout au long de leur vie, de se fréquenter, d'échanger, de s'écrire et d'écrire en réponse les uns aux autres, entretenant une conversation destinée à devenir le fondement de la culture russe.
C'est de cette conversation - qui n'a pas d'équivalent dans la littérature occidentale puisqu'elle s'est poursuivie, au-delà de la mort, à travers les textes et la mémoire, avec tous les écrivains russes qui ont suivi - que Le Soleil d'Alexandre voudrait donner un aperçu, en plaçant au centre celui qui n'a jamais quitté cette place depuis son apparition, à quinze-seize ans, dans les cercles littéraires : Alexandre Pouchkine.
Depuis deux cents ans en effet, Pouchkine a toujours été au centre de tous les débats intellectuels, de toutes les interrogations et affirmations identitaires en Russie - de son vivant et, bien plus encore, après sa mort. Pas un seul écrivain (à part Tolstoï et Tchekhov) qui ne lui ait consacré un texte - de Gogol à Dostoïevski, de Blok à Maïakovski, des futuristes les plus radicaux à Anna Akhmatova, de Mikhaïl Boulgakov à Marina Tsvetaïéva, de Soljenitsyne à Siniavski. Quant à Tolstoï et Tchekhov : qui peut lire Anna Karénine sans penser aux lettres de Tolstoï affirmant qu'il s'est lancé dans la composition de ce roman après avoir relu toute la prose de Pouchkine ? Et qui peut lire Les Trois Soeurs sans voir le rôle qu'y joue le prologue de Rouslan et Lioudmila ? En décembre 1917, Mandelstam écrivait dans les strophes de «Cassandre», avec d'autres poèmes de révolte et de combat, devant l'avènement de la dictature bolchévique et l'écroulement de l'ancien monde qu'elle portait en germe : Malade, silencieuse Cassandre, je n'en peux plus, pourquoi, Luisait le soleil d'Alexandre, Voici cent ans, luisait pour tous ? Le soleil d'Alexandre, c'est celui d'Alexandre Pouchkine.
Les illusions perdues
Je vais être honnête, lorsque j’ai commandé ce livre, il y a déjà pas mal de temps, je pensais lire une biographie de l’auteur chéri de la Russie. Lorsque le livre est arrivé, j’ai vu qu’en fait il s’agissait de poèmes de Pouchkine et de ses amis et je l’ai laissé prendre la poussière sur mes étagères.
À la faveur de ma nouvelle passion pour la poésie, j’ai sorti cet ouvrage de ma PAL et lui ait, enfin,donné sa chance.
Résultat des courses ? Un immense coup de cœur
Ce livre est tout simplement magnifique.
André Markowicz, que l’on ne présente plus, traducteur génial notamment de Dostoïevski, décide de mettre en avant une génération. Celle de poètes de génie, dont le plus connu d’entre eux, Pouchkine.
L’ouvrage se découpe en neuf parties chronologiques. Au début de chacune d’entre elles, l’auteur nous donne une petite présentation de la vie des poètes, puis s’en suit une série de poèmes écrits à la période concernée.
L’on suit des jeunes hommes unis par une solide amitié. Tous, déjà, sous l’influence de la Muse. Certains écrivent sur la nature, l’amour et d’autres rêvent d’une liberté politique bien chimérique dans cette Russie du dix-neuvième siècle.
C’est ainsi que plusieurs des membres du groupe seront impliqués dans le fameux coup d’état raté des décembristes du 14 décembre 1825. Certains seront exécutés, d’autres emprisonnés ou exilés.
Pour les survivants, la surveillance du pouvoir et l’intransigeance de la censure seront accrues.
Les poètes ne sont plus réunis par une fraternité réconfortante, ils sont séparés pour affronter les vicissitudes du destin, les dettes qui empêchent de se consacrer à la vie poétique, le succès incertain. Les poèmes se font plus sombres…
Et c’est la grande force de ce livre car certes il s’agit de textes écrits dans un contexte particulier mais il est universel, il raconte les idéaux de la jeunesse qui se brisent face aux réalités du monde.
J’ai été émerveillée par ce livre, j’ai découvert une foule de poèmes et de poètes qui m’accompagneront pour longtemps.
Alors, n’hésitez pas et laissez-vous tenter !
vite vite
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