"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Il y a la petite, 22 ans, fragile et ravissante, qui se protège du monde dans le cocon de sa chambre de bonne. La grande, 24 ans, s'agite dans la ville. Nymphomane, tyrannique et machiavélique, elle tient sa cadette sous emprise et se nourrit de la dépendance affective qu'elle lui impose. Liées par un terrible passé, les deux soeurs se démènent pour tenter d'exister, chacune à sa façon. Si le sort semblait avoir scellé leur destin, les rencontres parfois peuvent rebattre les cartes... Le Soleil à mes pieds est avant tout l'histoire d'une résurrection.Delphine Bertholon, toujours experte dans l'art d'exposer les dysfonctionnements relationnels. Un vrai talent. Marie France.
Il y a la grande et la petite.
Deux sœurs à la dérive, chacune à leur manière.
Elles ont 22 et 24 ans.
La grande, fantasque, exubérante, nymphomane, morbide, un peu fêlée.
La petite, discrète, secrète, effacée
Un drame dans leur enfance les a laissées soudées, la petite sous la coupe de la grande.
C'est un roman à l'ambiance lourde, pessimiste, oppressante.
Mais qu'est-ce qu'il est bien écrit.
Le style est très beau, envoûtant.
Un style qui fait passer les émotions et vivre les personnages.
C'est l'histoire de l'influence des rapports toxiques entre deux êtres.
Et si tout est sombre et morbide, l'écriture de Delphine Bertholon réussit à nous entraîner avec tendresse dans l'univers de ces deux sœurs.
« Le soleil à mes pieds », c’est l’histoire de deux immenses souffrances : celle de la Grande qui a bousculé dans la folie au décès de sa mère et qui, depuis, est obsédée, happée par le morbide. Pour s’en sortir, elle martyrise et manipule sa sœur, la Petite, qui ne se donne pas le droit d’exister.
C’est l’histoire d’une immense violence contre soi, contre l’autre que l’on aime ou hait, qu’importe…
C’est l’histoire d’une lente renaissance, contre l’autre, mais pour mieux le retrouver.
C’est une histoire superbement écrite. Le style est vif, les phrases courtes accompagnent la pensée de la narratrice. Des images étincelantes pour mettre en valeur la violence des sentiments.
Une narration parfaitement construite que j’ai dégusté petit à petit, avec délectation, sans pouvoir lâcher le livre.
Comme les autres romans de Delphine Bertholon, ce livre est une pépite que j’ai aimé pour le plaisir de l’histoire, que je relirai pour le plaisir des mots.
Delphine Betholon est une découverte récente (merci à la sélection du Prix Orange du livre) et ce second livre est sensible, surprenant et prenant. L'histoire est celle de 2 soeurs, qui ont vécu un traumatisme majeur dans leur enfance et qui sont en déséquilibre. La "petite" fuit tout contact et est pleine de TOCs et la "grande" s'invente des vies, accumule objets et hommes, et terrorise sa soeur. Pour éviter tout pathos, l'auteur garde une certaine distance mais nous amène au plus près de la folie et de la douleur des soeurs. A lire !
Deux sœurs. La petite a 22 ans, elle est fragile et ravissante ; elle se protège comme elle peut du monde extérieur en se réfugiant dans sa chambre de bonne qu’elle brique jusqu’à l’épuisement. La grande a 24 ans et virevolte dans la ville. Nymphomane, tyrannique, morbide, elle tient la cadette sous sa coupe. La petite ne travaille pas, ou peu, sauf quand sa sœur lui trouve des petits boulots, dont elle s’efforce de se faire virer le plus rapidement possible. La grande s’est inventé un travail de « soignante » parce qu’elle préfère voir les personnes « cassées » qu’en bonne santé. Deux sœurs qui ont grandi avec un terrible secret et qui, dix-huit ans après, tentent d’exister chacune à sa manière. La grande en gâchant la vie de la petite cette dernière en obéissant et en résistant à la fois. La grande et la petite n’auront pas de prénom jusqu’à la fin du roman, comme si l’accomplissement de leur destin était nécessaire pour leur redonner une identité.
Je ressors profondément émue et perturbée de cette lecture. Les phrases de Delphine Bertholon m’ont happée dans une spirale douloureuse. J’y ai ressenti des émotions et des peurs d’enfant, des peurs de mon enfance que croyais enfouies à jamais.
Un bon roman, je l’ai déjà dit dans une autre critique doit pouvoir faire passer des émotions, même si elles sont douloureuses et réveillent de vieux démons.
C’est aussi cela, à mon sens, la bonne littérature.
Un roman qui mélange malaise et fascination, qui juxtapose les névroses de deux sœurs que tout oppose, fait se côtoyer instinct de mort et de survie, ombre et lumière.
Une drôle d'histoire de famille liée par un drame, deux gamines fragiles (la petite est asociale, maniaque à l'extrême, anorexique, et la grande semble forte, dominatrice, cruelle) dont le destin et l'isolement semblent établis pour toujours, et pourtant tout bascule à cause d'un garçon, d'un sourire, d'une paire de sandales et d'un rat en cage.
L'auteur n'a décidément pas son pareil pour décrire les sentiments humains, elle excelle à dépeindre les angoisses et les failles de ses personnages et je me suis une fois de plus régalée à la lire !
Deux sœurs totalement opposées : le grande, exubérante, nymphomane fascinée par la mort et les cadavres, qui travaille au SAMU parisien et qui dirige la vie de sa sœur, qui la tyrannise, elle, la petite, renfermée, timide et qui s'exclut des relations sociales. Orphelines depuis toutes petites. Depuis 18 ans.
Un peu déçu de ce roman qui ne parvient pas à m'émouvoir : je suis les deux sœurs sans vraiment ressentir quoi que ce soit pour l'une et pour l'autre. Je ne sais si c'est dû à des personnages ou des situations déjà vus ou lus. Sans doute. Ou à une écriture volontairement déstructurée, parfois hachée qui n'apporte pas d'intensité au texte ni d'émotion. Probablement. Ou encore à l'absence de détails tels les prénoms des jeunes femmes, qui sont nommées la grande et la petite. Plausible. Sûrement ces trois raisons simultanément qui font que jamais je n'ai pu m'intéresser vraiment à cette histoire et que, très franchement, je m'y suis ennuyé.
Deux sœurs. Deux sœurs que tout oppose, la Grande et la Petite, unies seulement par leur lourd passé, marqué par un événement sordide et fondateur, et par leur lien de parenté, un lien complexe, douloureux, parfois pervers.
La Grande est bavarde, bruyante, envahissante, dominatrice, mythomane, elle est sale et désordonnée, elle se complait dans le vice et la cruauté, pratique le sexe à la façon d'une mante religieuse, se délecte de la mort.
La Petite est timide, renfermée, silencieuse, agoraphobe, obsédée par la propreté et l'ordre, fragile, frêle, incapable de garder un travail tant elle semble inadaptée au monde qui l'entoure et l'agresse. Alors elle reste cloîtrée chez elle, autant que possible, ne sortant guère que pour descendre les poubelles et aller boire un café. Elle préserve maniaquement son petit univers aseptisé et vide, ne mange presque rien, dans l'espoir peut-être de finir par s'effacer, petit à petit, jusqu'à disparaître.
"Quand on a une sœur, on n'est plus jamais seule", leur répétait leur mère, et pour la Petite, c'est bien ça le problème. Car la Grande a une emprise absolue, brutale, malsaine, sur la Petite qui ne parvient pas à s'en libérer et la subit, entre résignation et détestation.
Ce roman est une histoire de luttes : la lutte entre les deux sœurs ; et la lutte entre leur présent et leur passé, ce passé si pesant, si plombant, si tyrannique tant il les a marquées, chacune à sa façon, au plus profond et durablement, un passé qui nous est dévoilé au fil des pages, comme un puzzle lentement reconstitué.
La temporalité est bousculée de façon à suivre les zigzags psychologiques de la Petite, puisque c'est à travers son regard et ses sensations que nous est présenté le récit. Il y a donc des flash-backs, mais habilement distillés de telle sorte qu'ils s'intègrent à la narration présente, le lecteur s'égare en suivant les méandres de l'esprit du personnage principal.
Le style est en parfaite adéquation avec l'histoire et les personnages : phrases courtes, maladroites, décousues, déconstruites parfois expriment avec justesse les traumatismes, les égarements, et les incohérences des héroïnes.
Sans aucune complaisance pour elles, Delphine Bertholon dissèque leurs rapports complexes et paradoxaux. Tout les oppose – la Petite n'a qu'une ambition: être "l'inverse de la Grande" – et pourtant, on a le sentiment qu'elles ne peuvent se détacher l'une de l'autre. Aucune des deux ne parvient réellement à s'intégrer à la société, chacune un peu marginale à sa manière, l'une, vraie tornade, dévastant le monde, l'autre, petit oiseau blessé faisant tout pour s'en extraire...
Chacune tente de vivre malgré la détresse, malgré le choc qui a bouleversé leur vie à jamais et qui nous est révélé tardivement, après de multiples indices semés tout au long du récit, de petites touches qui mènent à découvrir "l'événement" qui a tout changé.
Les prénoms même des deux sœurs ne sont que donnés que vers la fin du roman, elles ne sont jusque là désignées que par les expressions "la Grande" ou "la Petite", sorte de personnages anonymes, pour souligner qu'elles sont à la recherche de leur identité profonde. Le narrateur, omniscient, adopte le point de vue de la Petite, tant qu'elle ne parvient pas à s'exprimer elle-même. Il faudra longtemps pour qu'elle puisse dire "je"...
L'écriture est ciselée, les mots justes, l'expression percutante, et malgré le sujet difficile, malgré le chaos psychologique qui semble régner, malgré l'atmosphère parfois oppressante, Delphine Bertholon parvient joliment à disséminer quelques petites notes de lumière et d'espoir, une image heureuse, une rencontre, des sandales dorées pour enfin "avoir le soleil à (s)es pieds"... De toute façon, la Petite en est sûre, elle se le répète comme un mantra : "un jour j'aurai de la chance un jour j'aurai de la chance un jour j'aurai de la chance", parce que même si "elle ne croit pas en Dieu, c'est juste de la logique : ça ne peut pas toujours tomber sur les mêmes".
Après "Twist", "L'effet Larsen" et "Grâce", Delphine Bertholon offre à ses lecteurs un roman intime, profond, où les sentiments affleurent subtilement, un roman grave et douloureux mais qui est "avant tout, l'histoire d'une résurrection".
Avec Le soleil à mes pieds Delphine Bertholon poursuit son exploration minutieuse des rapports familiaux et de leurs secrets, et c'est avec bonheur que l'on retrouve ce style rythmé, saccadé, cette façon de partir du trouble, du sombre pour lentement aller vers -si ce n'est de la légèreté- une situation plus claire et plus limpide, cette façon d'écrire, d'appréhender le monde est une véritable "signature vocale".
Si l'on n'ira pas jusqu'à qualifier ce roman de conceptuel, il n'en relève pas moins un véritable pari stylistique. Delphine de Bertholon est en effet passée maître dans l'art de jouer avec les mots, chaque terme est pesé, aucun d'eux n'est superflu. Tout dans l'écriture n'est que nécessité. Une écriture métaphorique qui envoute le lecteur, le prend par la main et l'accompagne dans cette lente descente vers le trouble, l'indicible.
L'auteur prend en effet son temps pour donner à comprendre au lecteur cette relation forte, presque mortifère qui lie ces deux soeurs : la Grande et la Petite. Dès les premiers paragraphes, l'on sent rôder la folie, pourtant rien n'est dit, tout est suggéré, et c'est bien là, la force de Delphine Bertholon.
Sans qu'il s'en aperçoive le lecteur est pris dans les filets de l'auteur et il se laisse asphyxier volontairement par des mots forts, des juxtapositions qui lèvent doucement le voile sur l'histoire de cette jeune fille dépressive de vingt-deux ans que son ainée devenue quasi folle suite à un traumatisme de l'enfance, violente parfois physiquement, vide de toute sa moelle, phagocyte. La petite survit plus qu'elle ne vit, vider par son obsession de la propreté, se lavant constamment pour se débarrasser de l'odeur de la mort, pour ne plus être, pour disparaître. La vie l'ennuie, elle considère le monde comme froid, sale, hypocrite, indigne d'intérêt, tandis que la grande s'agite, se remplit, gueule...
Jusqu'au moment où tout bascule où, la Petite pour la première fois émet un désir, désire "être", oh certes de manière subreptice, elle ne le sait pas encore, mais elle veut ressentir, éprouver la vie. Et c'est là que tout ce roman à la trame sombre, presque barrée commence à basculer. La vie va peu à peu reprendre ses droits, et dès lors le lecteur ne peut que se demander de ce qu'il adviendra de la Grande celle qui se repait, qui se nourrit du désespoir et de la Petite.
Le soleil à mes pieds est un roman singulier, envoutant qui brille par son écriture, et par son climat particulier, s'il ne fallait lui trouver qu'un seul défaut, ce serait de ne pas être descendu encore davantage dans la noirceur de l'âme, mais peut-être alors le climat aurait-il été trop lourd.
Je ne peux que vous conseiller de découvrir ce roman qui détonne vraiment parmi tous les livres qui paraissent en ces temps de rentrée littéraire. Le soleil à mes pieds se révèle en effet un roman atypique, non formaté, dénué de tout stéréotype, une véritable bouffée d'oxygène...
Il n'y a pas encore de discussion sur ce livre
Soyez le premier à en lancer une !
"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
L'auteur se glisse en reporter discret au sein de sa propre famille pour en dresser un portrait d'une humanité forte et fragile
Au Rwanda, l'itinéraire d'une femme entre rêve d'idéal et souvenirs destructeurs
Participez et tentez votre chance pour gagner des livres !