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Tandis que Les Ingénieurs du bout du monde invitait à vivre les innovations techniques du début du xxe siècle à travers les aventures d'Oscar et de Lauritz, Les Dandys de Manningham se situe dans le monde des beaux-arts à l'époque du Bloomsbury Group. À l'issue de ses études en génie civil à Dresde, Sverre, le troisième fils du pêcheur norvégien, s'enfuit à Londres avec son jeune amant, Albert. Ce dernier vient d'hériter du titre de comte de Manningham à la suite du décès de son père, et doit désormais s'acquitter de son devoir familial et veiller au bon fonctionnement de son grand domaine dans le Wiltshire. Au lendemain des poursuites à l'encontre d'Oscar Wilde, l'heure n'est pas encore à l'acceptation de l'homosexualité et les deux amoureux sont contraints de tromper les apparences au sein de l'aristocratie anglaise. C'est parmi les artistes libertins du Bloomsbury Group que le couple découvre la joie de pouvoir donner libre cours à son amour et à sa vie intellectuelle.
Dans ce monde à part, les conventions de la bienséance sont balayées d'un revers de main au profit de la stimulation artistique et culturelle. Là, le talent de Sverre pour la peinture s'épanouit enfin.
Et personne ne semble deviner que les menaçants nuages de la Grande Guerre obscurcissent déjà l'horizon.
Des trois frères Lauritzen, seul Lauritz est retourné en Norvège pour honorer le contrat moral passé avec la Bonne espérance et construire la ligne de chemin de fer Bergen-Kristiana. Oscar est parti tenter sa chance en Afrique et Sverre a tout quitté pour suivre son amant Albie en Angleterre. Installés à Manningham, le domaine dont Albie a hérité en même temps que de son titre de comte, les deux hommes délaissent très vite l'ingénierie pour se consacrer à l'art, Sverre en tant que peintre et Albie en mécène. Partageant leur temps entre la campagne anglaise et Londres où ils fréquentent le Bloomsbury Club, ils coulent des jours heureux dans l'opulence financière, artistique et intellectuelle. Cette harmonie, à peine troublée par les infidélités d'Albie, se teinte des plus grandes inquiétudes quand le pays nourrit soudain des velléités guerrières contre l'Allemagne. Et quand la guerre éclate, les homosexuels sont montrés du doigt, traités de pervers, de lâches et de traîtres à la patrie.
Après un excellent premier tome consacré à Oscar et Lauritz, Jan Guillou continue sa saga avec un tome centré sur Sverre, le troisième frère. Et il faut bien avouer que cet opus est un poil décevant. Alors qu'il excellait à raconter les progrès techniques et l'euphorie du siècle nouveau, l'auteur est un peu moins inspiré quand il s'agit d'évoquer les milieux artistiques et homosexuels londoniens. Il y a quelque chose de factice dans sa façon d'évoquer les amours de l'ingénieur norvégiens et de son lord anglais. On trouvera peut-être un peu d'intérêt à voir comment le milieu artistique britannique dédaigne les œuvres de Cézanne, Van Gogh ou Picasso, mais ce n'est pas une révélation. Ou alors quand le décor change et que l'on suit les deux amants au Kenya où se marie une des sœurs d'Albie. Mais là encore, les blancs qui colonisent, qui chassent, qui croient en leur devoir de civilisation des peuples autochtones, ne sont pas non plus une découverte.
Bref, ce deuxième tome manque de puissance et s'avère plutôt ennuyeux. On a hâte de retrouver les frères Lauritzen dans la suite de leurs aventures, que l'on espère plus palpitantes.
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